Karmapa et les oiseaux, deux anecdotes par Erwan

En juillet dernier, l’un de mes mots d’accueil conduisait à nous faire connaître Erwan Temple puis à retrouver Patrick, autour de moments de vie partagés à l’époque où j’ai rencontré le Karmapa. Il y a trois jours, je vous racontais ici l’histoire de l’oiseau du Karmapa. Il se trouve qu’Erwan a connu lui aussi cet oiseau. Voici ce qu’il m’a écrit :

oiseau Karmapa.jpgLorsque le 16ème Karmapa s’est rendu au Vatican, les 23 et 24 janvier 1975, pour y rencontrer Paul VI, je faisais partie des personnes qui l’accompagnaient.

Le matin même du jour de son entrevue avec le pape, nous circulions dans les rues de Rome à trois voitures. Karmapa a émis tout d’un coup le souhait de faire stopper le petit convoi. Il est alors descendu et est parti à pied dans le dédale des ruelles, à l’étonnement de chacun, puisqu’il n’avait jamais mis les pieds dans cette ville auparavant. Tout le monde a compris que Karmapa « savait » où il allait, juste à sa façon décidée de marcher. En effet, il a atteint rapidement son but, la petite boutique d’un oiseleur. Il est rentré tout de suite dans la boutique, a choisi quelques oiseaux exotiques, deux cages et, tout sourire, est retourné aux voitures. L’un de ces oiseaux est celui qui est mort ensuite devant vous à Copenhague.

Il m’est arrivé une autre anecdote en liaison avec le Karmapa et les oiseaux. Je l’ai accompagné pendant plus d’un mois lors de son premier voyage en Europe, en France, en Italie et en Suisse. Peu de temps après, j’ai effectué, courant Avril 1975, un voyage en Ecosse jusqu’au centre de Samyeling, premier centre bouddhique tibétain crée en Europe, par Akong et Trungpa Rinpoché.

K16-0027 - copie.jpgLe lendemain de mon arrivée, je venais de sortir de la boutique du centre où j’avais admiré une série de photos représentant la lignée des Karmapas, de Dorje Chang jusqu’au 16ème Karmapa (le rosaire d’or). C’était la première fois que je voyais de telles reproductions de tangkas, de vraies merveilles. Cela m’avait profondément bouleversé. De retour dans ma chambre, j’étais à la fois heureux d’avoir pu enfin les voir et déçu de ne pouvoir acheter la série complète de photos – plus de 25 livres sterling à l’époque (40 euros), une sacrée somme que je ne possédais pas.

Dans ma chambre, j’avais posé sur une commode, en guise d’autel improvisé, quelques objets tibétains, une petite statue et quelques photos dont une de Karmapa, en appui contre le mur.

Je m’étais assis sur mon lit face à la fenêtre ouverte. Soudain, un merle noir s’est posé sans aucune frayeur sur le rebord malgré ma présence, puis est rentré dans la chambre et a virevolté plusieurs fois autour de la pièce avant de ressortir. Je me suis alors aperçu que la photo de Karmapa, soulevée par le souffle des ailes, avait glissé derrière le meuble. J’ai donc poussé le meuble pour la récupérer. Une surprise m’attendait : à coté de la photo, se trouvait une liasse de billets tenus par un gros trombone.

Je suis descendu apporter la somme trouvée au secrétariat où passait, à ce moment précis, Akong Rinpoché, le lama co-fondateur du centre. A sa demande, j’ai raconté toute mon histoire. Il a souri et m’a alors dit de garder ces billets, m’expliquant que la personne qui les avait perdus n’était plus là, n’avait fait aucune réclamation, que c’était à prendre comme un don, vu la façon dont les évènements s’étaient enchaînés. Naturellement, je suis allé tout de suite acheter la série des photos. C’était pour moi une situation trop invraisemblable, j’ai vraiment alors pensé que ce n’était plus un hasard du tout. Ah, j’ai oublié un dernier détail : la somme trouvée correspondait parfaitement au prix d’achat de ces photos.

Cet évènement a déclenché puis fortifié chez moi l’envie de mieux connaître les arts et l’iconographie bouddhique tibétains. J’ai, depuis cette date, passé ma vie à étudier la culture et les arts tibétains.

Je possède actuellement plusieurs dizaines de milliers de reproductions de xylographes et de tangkas. J’espère mettre en jour toute ma collection en ligne sous une forme informatisée. Karmapa chenno.

Erwan

Tangka du 16e Karmapa : photo Erwan Temple

4 Replies to “Karmapa et les oiseaux, deux anecdotes par Erwan”

  1. anti Post author

    2 ? 3 ? 4 ? 10 fois ? que je relis ces histoires et que je suis toujours aussi émue. Par tout. Les récits eux-mêmes, les connexions dans le temps et l’espace entre vous finalement, les retrouvailles, les liens… la magie de la Vie.

    Un grand merci à Erwan d’avoir pris le temps de mettre en mots ces expériences et surtout d’avoir choisi de les partager avec le plus grand nombre.

    anti, passe à ton voisin.

  2. anti Post author

    Bonjour LungTa ! Ça fait plaisir de te lire ici aussi ! Nous avions eu l’occasion de nous croiser sur un autre forum suite à la recherche sur le mot « Émerveillement » qui m’avait amenée chez toi 😉

    Belle journée,

    anti

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