L’école taurine continue ses entraînements chez les gendarmes

Affaire de la gendarmerie de Nîmes accueillant une école de tauromachie

Malgré le démenti du colonel Poty
les entraînements continuent à la caserne Soler

Le 20 janvier dernier, nous révélions que la gendarmerie mobile de Nîmes prêtait gratuitement son gymnase toutes les semaines au bénéfice du Centre de la Tauromachie de Nîmes (CTN), qui y organise des séances d’entraînement pour des enfants mineurs souhaitant devenir de futurs toreros. Le CTN faisait clairement mention de cette mise à disposition sur son site web officiel.

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Suite à nos révélations, le colonel Poty démentait dans un courrier adressé au CRAC Europe le 22 janvier que la caserne Soler de Nîmes accueillait le CTN, précisant qu’un tel accès était strictement réservé aux personnels et famille de la gendarmerie du Gard membres du Club Sportif et Artistique de la Gendarmerie de Nîmes (CSAG) qui comprend une section tauromachie créée le 1er septembre 2011. Il précisait néanmoins que certains gendarmes du CSAG faisaient également partie du CTN. Il ajoutait enfin qu’il avait exigé et obtenu le retrait sur le site web du CTN de la mention selon laquelle les entraînements des enfants mineurs se tenaient dans les installations sportives de la gendarmerie, déclarant : « Le CTN ne bénéficie donc d’aucun accès particulier aux installations de la caserne Soler ».

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Dans un précédent communiqué, nous relevions que les statuts du CTN n’exigent pour leurs élèves aucune condition d’appartenance à une famille de gendarmes gardois. C’est donc en toute illégalité que ces enfants ont suivi des entraînements depuis des mois, voire des années, dans le gymnase de la gendarmerie mobile de Nîmes.

Sans mettre en cause la parole du colonel Poty, nous avons tenu à vérifier que les entraînements du CTN n’ont effectivement plus lieu dans le gymnase de la caserne Soler.

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Deux de nos représentants se sont rendus aux abords de la caserne le mercredi 29 janvier peu avant l’heure prévue de l’entraînement. Vers 17h50, trois voitures venant de l’extérieur de la caserne se sont garées devant les grilles de l’entrée principale. Trois adultes et trois enfants ont patienté jusqu’à 18h puis sont entrés. Ils se sont dirigés vers le gymnase et y ont pénétré. Toute la scène a été photographiée. Restait à vérifier que ces personnes venaient bien pour un entraînement de l’école taurine et pas pour une autre activité sans rapport avec la tauromachie.

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Pour ce faire, nous nous sommes également rendus devant les arènes de Rodilhan le samedi suivant. Vers 14h, les mêmes personnes sont arrivées sur le parking, au détail près qu’il n’y avait que deux des trois enfants. Le formateur s’est présenté quelques minutes plus tard, muni de cornes de taureau montées sur un socle. Là encore, tout a été photographié.

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Les adultes et enfants sont parfaitement identifiables, confirmant qu’il s’agit des mêmes personnes que celles qui se sont présentées à la caserne le mercredi 29 janvier.

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Il est donc établi que le CTN utilise toujours le gymnase de la gendarmerie mobile pour ses séances de formation, malgré le démenti du colonel Poty. L’identité des personnes concernées est simple à établir, le poste de garde à l’entrée de la caserne l’a forcément notée dans ses registres le mercredi 29 janvier. Nous souhaitons avoir confirmation que ces adultes et mineurs sont bien des gendarmes ou enfants de gendarmes du Gard. Dans le cas contraire, cela signifierait que le CTN continue à utiliser illégalement les installations sportives de la gendarmerie.

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Quoi qu’il en soit, nous déplorons que trois mineurs puissent être formés dans des locaux appartenant à la gendarmerie à une pratique illégale sur 90% du territoire français.

Nous notons enfin que les effectifs formés par le CTN se limitent en tout et pour tout à trois enfants, confirmant ainsi le déclin évident de l’attrait de la tauromachie dans notre région, ce dont nous nous félicitons.

Quant à la question fondamentale de la neutralité des gendarmes mobiles appelés à assurer la sécurité de spectacles taurins face aux manifestations des opposants à la corrida, elle reste fortement mise en doute puisqu’il est confirmé que la caserne des gendarmes mobiles de Nîmes accueille depuis septembre 2011 une section tauromachie parmi ses activités officielles.

Pour le CRAC Europe
Roger Lahana
Vice-président

Toutes les photos montrant des visages ont été floutées.

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7 Replies to “L’école taurine continue ses entraînements chez les gendarmes”

  1. Anna Galore Post author

    FR3 et le Midi Libre ont l’air de commencer à s’y intéresser, ils nous ont contactés. Reste à voir ce qu’ils en feront, s’ils en font quelque chose.

    En ce qui nous concerne, nous ne comptons pas lâcher cette histoire. J’ai fait parvenir ce matin le nouveau communiqué de presse au colonel Poty en lui demandant s’il pouvait confirmer ou pas l’appartenance de ces personnes à la gendarmerie de Nîmes. Parce que s’ils n’en sont pas, ça veut dire qu’ils se moquent de lui en continuant à venir illégalement à ce gymnase malgré ses instructions. Et s’ils en sont, ça veut dire que la gendarmerie contribue officiellement à la formation d’apprentis tortionnaires et aura tendance à les couvrir à nos dépens lors de futures actions d’une façon que personne ne pourra plus considérer comme neutre.

    A suivre…

  2. Alberich

    Avec ces planques et ces photos, l’enquête du CRAC a pris une dimension d’investigation qui pourrait même intéresser des médias nationaux. Effectivement, il ne faut surtout pas lâcher un sujet d’une telle gravité.

  3. aboliton

    On lâche rien
    Vous avez encore rien vu 2014 l’année du cheval de bois et selon la mythologie chinoise une année tumultueuse.
    ABOLITION
    Merci à toi Anna pour ton enquête
    Et un grand merci pour ton aide

  4. Anna Galore Post author

    Intéressant : pour le Midi Libre, aucun problème, l’école de tauromachie n’est qu’une annexe du club sportif de la gendarmerie. Circulez, y a rien à voir.
    Vraiment ? Pourtant, quand la militante du CRAC a passé le premier coup de fil au club taurin pour dire qu’elle voulait inscrire son fils de 12 ans, il ne lui a été demandé à aucun moment si elle faisait partie d’une famille de gendarmes. Or, les statuts du club de gendarmes précisent bien que seuls les gendarmes et leurs familles peuvent être membres du club de gendarmes et donc accéder aux installations sportives.
    D’ailleurs, la citation du Midi Libre est habilement tronquée : quand il est dit dans l’article que les apprentis toreros sont « affiliés au club sportif », la journaliste oublie allègrement le début de la phrase où le colonel précise que « certains membres du CTN sont affiliés au club sportif ». Donc, pas tous. Et donc, pas d’accès au gymnase pour tous, sinon c’est de la collusion.

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