Travailler moins pour vivre mieux

duduche sato.jpgIl a un petit air de ressemblance avec le grand Duduche de Cabu, qui serait devenu trentenaire ou un peu plus. Il me dépasse d’une tête, est plutôt longiligne, porte des lunettes rondes et a les cheveux coiffés comme son modèle de bande dessinée.

Il travaille un jour par semaine chez Satoriz, c’est là qu’on a fait sa connaissance. Comme on y va très souvent le samedi et que c’est son jour, on croyait jusque-là qu’il y bossait tous les jours.

La semaine dernière, au détour d’une phrase, il nous a dit que son vrai boulot, c’était graphiste et que là, il était un peu crevé parce qu’il fallait qu’il termine d’urgence une plaquette pour un cabinet d’avocats.

Et bien sûr, comme tous les graphistes, il était à la bourre. Que celui qui pense que je généralise trop lève le doigt.

Aussi, hier, en le recroisant dans les travées de Satoriz, Anti lui a demandé s’il avait terminé sa plaquette. Il a répondu qu’il avait travaillé dessus jusqu’à vendredi parce qu’il y a eu toute une flopée de corrections à apporter et même un mot dans le texte qui avait été oublié.

Anti lui a dit que, dans son boulot d’éditrice, c’était bien le genre de choses qui arrivait tout le temps. Sur le manuscrit de Tarik Yildiz, pourtant pas très long et très bien écrit, on s’y est mis à quatre pour le relire et rares ont été les fautes trouvées par les uns qui avaient aussi été repérées par les autres.

Anti a voulu savoir quelle était l’adresse de son site web.

– Je n’en ai pas. Ni site web, ni adresse mail, ni compte sur Facebook, rien. En fait, je m’en fiche.

– Mais comment font les gens pour savoir que vous êtes graphiste et pour vous contacter ?

– Je ne fais rien pour entretenir mon réseau. Ça vient comme ça vient. J’ai été pendant dix ans directeur artistique d’un hebdomadaire très connu du groupe Lagardère. Un jour, j’en ai eu marre et j’ai tout plaqué. Je suis arrivé dans la région et une fois où je faisais mes courses ici, j’ai demandé s’ils n’auraient pas besoin de quelqu’un un jour par semaine. C’est comme ça que j’ai eu mon boulot. »

Il ajoute :

– Je n’ai pas besoin de grand chose. Pour moi, l’important, c’est travailler moins pour vivre mieux.

Il parle d’une voix douce, il a toujours un petit sourire. Et il conclut en se marrant :

– C’est comme ça que je suis devenu graphiste-épicier.

Très belle journée à vous

Illustration réalisée à partir d’un dessin de Cabu et de visuels Satoriz

2 Replies to “Travailler moins pour vivre mieux”

  1. anti Post author

    « Et il conclut en se marrant :
    – C’est comme ça que je suis devenu graphiste-épicier. »

    Décidément, j’aime la « Satoriz Philosophie ». J’étais déjà fan de leur journal « Sat’info » ( voir http://www.satoriz.fr/points-de-vue/Sat-Info-presentation/article-sat-info-590-7.html ) et de cet endroit où l’on croise des destins particuliers qui ont tous en commun l’amour de la vie.

    J’aime aussi y croiser le monsieur qui vit au bout de la rue, SDF, vraiment pas propre sur lui, qui laisse dans son sillage une odeur terrible mais qui a lui aussi sa place comme client avec toutes les attentions qu’on lui doit tous. La classe.

    anti qui travaillera moins un jour aussi 😉

  2. Netsah Post author

    « Et bien sûr, comme tous les graphistes, il était à la bourre. Que celui qui pense que je généralise trop lève le doigt. »
    Ben oui on peut pas jouer aux jeux-video, mater des dvd, regarder les derniers épisodes de nos séries américaines préférées, jouer au mini-basket, tester la solidité de notre lit, apprendre le karate sur youtube, et en plus faire le taf pour nos clients !!! On n’est pas des sur-hommes ! T’as vu le nouveau jeu Flash avec le punk qui doit envoyer un geek le plus loin possible ?! Énorme !!
    Je comprends bien sa philosophie de vie. Je suis sur le point de faire d’ailleurs le même choix que lui, marrant.. un job hebdo n’importe où, en mi-temps, juste pour l’alimentaire et un revenu régulier.

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