Symphonie nº 5 de Mahler

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La Symphonie nº 5 en do dièse mineur de Gustav Mahler a été composée entre 1901 et 1903. Elle est contemporaine notamment de 3 des Kindertotenlieder et partage le même caractère funèbre, peut être en rapport avec de graves problèmes de santé (hémorragie intestinale début 1901). La partition fut ensuite révisée à plusieurs reprises, la dernière étant de 1911. La première eut lieu cependant à Cologne le 18 octobre 1904 avec un succès très mitigé.

Les cinq mouvements sont :

1. Trauermarsch. In gemessenem Schritt. Streng. Wie ein Kondukt
2. Stürmisch bewegt. Mit größter Vehemenz
3. Scherzo. Kräftig, nicht zu schnell
4. Adagietto. Sehr langsam
5. Rondo-Finale. Allegro — Allegro giocoso. Frisch

Histoire

Une grave hémorragie intestinale en février 1901 (presque fatale) le confronte à sa propre mort. Plus rien n’est comme avant, un changement radical dans son style, dans sa narration musicale s’impose, mettant fin à sa période « Wunderhorn » et débutant sa période « Rückert » (du nom du cycle de lieder qu’il met en musique cette même année). La marche funèbre (« Trauermarsch ») qui ouvre l’œuvre est donc sa propre marche, résignée, vers la mort. Toutefois, la structure générale de la symphonie, du sombre rythme de marche jusqu’au climax victorieux du choral dans le Rondo-Finale, montre une victoire face à la mort, un renouveau face à la fatalité. La rencontre puis le mariage avec Alma Schindler pendant la composition de la Symphonie n’y est peut-être pas étrangère: l’Adagietto serait en effet, selon une source de l’entourage du compositeur, une lettre d’amour en musique destinée à Alma (le compositeur n’a cependant laissé aucune note ou lettre permettant de valider cette hypothèse)[1].

Analyse

Elle est composée de cinq mouvements (ou en 3 parties d’après la partition, les deux premiers mouvements constituant la première et les deux derniers, la troisième)

Marche funèbre

Cette marche est à 2/2, en ut dièse mineur et dure de onze à quatorze minutes. Elle est résignée, pathétique mais pas tragique et déchirante comme celle de la Deuxième ou celle de l’ Héroïque de Beethoven. Mahler affronte calmement, avec résignation, la perspective de la mort qui a failli le frapper tantôt. De plus, on peut constater que la forme-sonate est ici peu claire ce qui explique l’absence de contrastes de ce mouvement (sauf le premier intermède).

La marche commence par une glaçante fanfare de trompette. Cette brève fanfare, qui installe la tonalité d’ut dièse mineur et le caractère résigné du mouvement, a le rôle de « pont » car elle reliera entre elles les différentes sections du mouvement. Cette fanfare a cependant un caractère quelque peu militaire et semble venir du lointain comme celle du premier mouvement de la Première symphonie. Ce n’est pas anodin car Mahler, dans son enfance, a vécu en entendant dans les rues les orchestres militaires et ce caractère est souvent présent dans ces oeuvres (1er mvt de la Troisième, première Nachtmusik de la Septième…). Bientôt l’orchestre s’amplifie et éclate sur l’accord d’ut dièse et entonne le début de la fanfare ff avant de retomber progressivement.

On remarque tout de suite que le thème principal (mais à caractère féminin) aux violons et violoncelles évoque de façon à peine voilée celui de l’allegretto de la troisième symphonie de Brahms. Cette mélodie tendre (la bémol majeur) mais implorante extraite d’un Wunderhorn Lied antérieur devient de plus en plus pathétique au fur et à mesure qu’elle s’éteint. La fanfare de la trompette revient et le tutti orchestral, où se détache la trompette, aussi et encore plus violent. Le thème principal est de nouveau exposé (avec les bois), cette fois accompagné discrêtement par les accords des cuivres qui introduisent un thème de réconfort au milieu de cette atmosphère bien sombre.

Le début de la fanfare revient mais est brutalement interrompu par le premier intermède d’une violence implacable (Si bémol mineur). Le chagrin et la révolte, difficilement contenus au début éclatent ici Leidenschaftlich, Wild (passionnément, sauvagement): Blanches martelées des instruments graves, trémolos en triolets furieux des violons, trompette hurlante, trombones puis cors en syncopes, timbales peu discrêtes… La fanfare tente de percer mais le tumulte général l’en empêche, les croches fiévreuses des cordes étouffent le contrechant des bois. Toute cette agitation bouillonne et culmine en un climax fff mais ce n’est pas fini : les violons suraigus et le solo de trompette soutenu par les cors entraînent tout le monde dans un deuxième climax et enfin le calme revient peu à peu alors que la fanfare de trompette retentit, laissant le temps à l’orchestre de revenir dans la tonalité principale.

Mort-a-Venise-grand.jpgLe rythme de marche revient comme au début mais varié et plus passionné. Après le tutti, le thème accompagné par l’élément de « réconfort » réapparait mais varié et allongé, procurant un sentiment d’apaisement mais relatif car le caractère plaintif de ce passage demeure omniprésent. Une transition étonnante (la fanfare de trompette est reprise par… la timbale seule!) mène au second intermède qui contraste avec le premier par sa douceur. Les violons et violoncelles montent et descendent alternant blanches et triolets, les seconds violons font un ostinato issu de la fanfare. Rejoints par les cors, les cordes continuent la mélodie qui se transforme, varie, tandis que les bois s’agitent et les cuivres reprennent la mélodie initiale. L’ensemble devient de plus en plus déchirant avant d’aboutir Klagend (plaintivement) à un cri de douleur désespéré qui s’éteint en decrescendo et la fanfare de trompette passe encore une fois tandis que les instruments se terrent dans le silence.

La coda est très courte : quelques accords scandés lourdement mais piano. Mahler a alors, pour suggérer l’éloignement progressif, une idée originale: sous les roulements de plus en plus lointains de la grosse caisse, La trompette de plus en plus faiblement joue la fanfare et c’est la flûte qui joue le dernier arpège ascendant. Après un dernier roulement inaudible de grosse caisse, la marche se termine sur un sombre pizzicato fortissimo des cordes graves sur la tonique… Silence.

Son quatrième mouvement, adagietto, est universellement connu par sa reprise dans le film Mort à Venise de Luchino Visconti.

anti

2 Replies to “Symphonie nº 5 de Mahler”

  1. monilet

    Je ne suis pas assez connaisseur, mais un vrai, total, m’a dit que c’était le plus bel adagio du monde (avec celui de la 12 ème symphonie pour cordes de Mendelsohn).

  2. Anna Galore

    Un thème d’une beauté poignante, immédiatement reconnaissable, surtout pour ceux qui, comme moi, ont vu Mort à Venise. Le film, très sombre, est à l’image des circonstances tragiques de la vie de Mahler qui ont présidé à l’écriture de cette symphonie.

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