Corrida, enfin la fin ?

Aujourd’hui va être un jour majeur dans l’histoire du combat pour l’abolition de la corrida.

En début d’après-midi, le Conseil constitutionnel aura à examiner la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) portant sur l’alinéa qui autorise les tortures animales sur une partie de notre territoire alors que la loi les réprime partout ailleurs.

Il s’agit d’une initiative de deux associations, Droits des Animaux (DDA) et le CRAC Europe, dont nous soutenons ici les actions depuis le premier jour où nous avons croisé la route de cette association anti-corrida exemplaire par ses actions, sa détermination et sa droiture.

corrida,cracLes Sages auront à dire si oui ou non cet alinéa est compatible avec la Constitution, si oui ou non tous les Français sont égaux devant la loi, si oui ou non il est interdit de torturer des animaux dans certaines villes mais pas dans d’autres.

Cet après-midi, Maître Éric Verrièle plaidera devant le Conseil la rupture du principe d’égalité énoncé dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui est partie intégrante de notre Constitution. Ce principe fondamental clame que la loi se doit d’être la même pour tous dans une République une et indivisible.

Or, depuis avril 1951, la loi est devenue différente pour certains Français, suivant le lieu où ils vivent sur notre territoire. Deux parlementaires, Jules Ramarony et Jean Sourbet, ont ajouté à l’article 521-1 réprimant les sévices sur les animaux l’infâme, le déshonorant alinéa qui exclut les spectacles tauromachiques et les combats de coqs du champ de cet article, à condition qu’ils se déroulent dans des localités où une tradition ininterrompue peut être établie.

En janvier 2011, sous la responsabilité de Frédéric Mitterrand, la corrida a été classée à la liste de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Quelques mois plus tard, le CRAC et DDA ont déposé un recours contre ce classement.

« Comment peut-on classer au patrimoine national un acte réprimé par deux ans de prison et 30 000 euros d’amende sur 90% du territoire ? », a déclaré Jean-Pierre Garrigues, vice-président du CRAC. Cette incohérence absurde a mené tout droit au dépôt de la QPC.

Fin juin, le Conseil d’État a confirmé en examinant la requête qu’en effet la disposition d’exception autorisant la corrida « serait contraire aux droits et libertés garantis par la Constitution, et notamment au principe d’égalité devant la loi garanti par l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 », ce qui « soulève une question présentant un caractère sérieux ». La QPC a donc été transmise au Conseil constitutionnel.

Cet après-midi, nous serons nombreux à être par la pensée aux côtés du CRAC et de DDA.

Nous n’avons jamais été aussi près de l’abolition de la corrida.

corrida,crac

Photos : Wikipedia

8 Replies to “Corrida, enfin la fin ?”

  1. Anna Galore Post author

    Dans un échange de mails récent avec Jean-Pierre, il m’a fait part de tous les obstacles dressés depuis un an par les hommes politiques de droite puis de gauche pour empêcher que cette QPC arrive jusqu’au Conseil constitutionnel. Il faut croire que le goût du sang est largement partagé par les gens de pouvoir, bien au-delà de leurs préférences politiques. Rares sont ceux, parmi les députés, sénateurs et ministres (ou ex) des deux bords qui s’opposent à cette barbarie et demandent sa disparition.

    Dans le gouvernement actuel :

    – Quatre ministres ont une action contre la corrida : Cécile Duflot, Aurélie Filipetti, Marylise Lebranchu et Christiane Taubira.

    – Six sont des aficionados affirmés qui vont régulièrement assister à des corridas et autres tortures de bovins à l’arme blanche : Manuel Valls, Kader Arif, Pierre Moscovici, Marie-Arlette Carlotti, Michèle Delauney et Alain Vidalles.

    – Tous les autres ont une position non établie, ce qui veut dire qu’ils laissent au mieux persister cette barbarie sans bouger le petit doigt, et au pire confient discrètement le sale boulot de la protéger à leurs sous-fifres. A titre d’exemple, les services juridiques de Jean-Marc Ayrault ont tout fait (en vain, heureusement) pour empêcher la QPC d’arriver jusqu’au Conseil et s’ils l’ont fait, c’est que leur patron le leur a demandé, ils n’ont certainement pas pris cette initiative tous seuls.

    Il ne reste donc plus à espérer que les Sages seront sages.

  2. Anna Galore Post author

    Ce matin, sur BFMTV, Manuel Valls était interviewé par Jean-Jaccques Bourdin sur divers sujets, le dernier étant l’examen de la QPC à 15h.

    Valls a confirmé qu’il était bien sûr au courant mais ses arguments pour défendre sa passion morbide étaient d’une faiblesse rare, surtout pour quelqu’un d’aussi affûté que lui. Jugez-en par vous-mêmes :

    « C’est quelque chose que j’aime » (OK il a le droit d’avoir des pulsions sadiques), cette « tradition » « fait partie de la culture de ma famille » (bon ben si c’est familial, alors…), « C’est une culture qu’il faut préserver » (euh… pourquoi ?) « Dans un pays en crise, avec des Français qui doutent de leur identité, tout ne peut pas se ressembler » (j’en reste sans voix). Pas mieux ? Pas mieux.

  3. Anna Galore Post author

    On peut désormais ajouter officiellement Jean-Marc Ayrault dans la liste des procorridas (et non de ceux qui ne disent rien mais agissent en douce). Les services du Premier ministre ont en effet délégué un représentant du Conseil constitutionnel pour combattre la demande d’interdiction de la corrida.

    Le Conseil a mis sa décision en délibéré au 21 septembre.

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