Rome en quatre jours – 7 : Les chats de l’Aire Sacrée

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Non loin du forum, il existe en plein centre de Rome un autre site archéologique ramené à la surface dans les années 20 et qui a été nommé l’Aire Sacrée. Il s’agit d’une place carrée, située sur le Largo de la Torre Argentina (avenue de la tour argentine).

Le nom de cette voie peut prêter à confusion : elle n’a rien à voir avec l’Argentine.

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A la fin du XVe siècle vivait à Rome un prélat originaire de Strasbourg, Johannes Burckardt, qui fut le maître des cérémonies de cinq papes successifs, aux règnes plutôt brefs. Son nom fut romanisé en Burcardo. Il avait un palais, le palazetto del Burcoardo, qui comportait une tour devenue la torre Argentina… parce qu’en latin, la ville de Strasbourg se nommait Argentoratum, en référence à ses mines d’argent. De ce fait, le prélat signait ses écrits du surnom d’Argentinus.

L’Aire Sacrée, dont les fouilles ont repris depuis les années 70, est composée de quatre temples. Un soubassement qui les borde est le dernier vestige de la Curie de Pompée, là où Jules César fut assassiné, à deux pas de latrines (pas très glamour mais c’est comme ça) qui ont aussi été retrouvées.

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C’est aussi là, au Teatro Argentino, que Rossini donna la première représentation du Barbier de Séville, qui fut une catastrophe totale : l’un des chanteurs, incarnant Don Basilio, est tombé de la scène et dégoulinait de sang pendant son grand air, un chat noir a débarqué pendant le final en miaulant, complètement affolé ce qui a fait rire tout le public qui, ensuite, a hué Rossini.

Ce dernier l’a plutôt mal pris : il est monté sur scène et a insulté tout le monde. La foule furieuse l’a alors poursuivi à travers les rues de Rome et il a manqué se faire lyncher. Quand on dit que les Italiens ont le sang chaud…

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Mais ce qui fait le charme unique de l’Aire Sacrée, c’est qu’elle est devenue, très officiellement, un refuge pour les chats errants recueillis en ville. Ils déambulent en toute tranquillité dans ses ruines non accessibles au public. Ils sont tous stérilisés, soignés et nourris par des bénévoles qui y ont installé une petite maisonnette discrète dans un angle du site, avec la bénédiction des autorités.

Les habitants de la Ville Éternelle considèrent les chats comme partie intégrante de son patrimoine, au même titre que ses vestiges antiques ou ses quatre-cents églises. Rome en héberge plusieurs centaines de milliers. Depuis 1997, une loi assure « la protection des chats qui vivent en liberté ». Ceux qui seraient surpris à les maltraiter risquent une grosse amende et même de la prison.

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Les chats de l’Aire Sacrée sont environ 350. Des panneaux informent les passants de la façon dont les chats sont traités et leur demandent de ne pas les nourrir, cela risque de les attirer à l’extérieur du site qui est délimité par des rues au trafic important et donc de les mettre en danger de se faire écraser.

Les Romains contemporains ont surnommé ce lieu le Forum des Chats.

Très belle journée à vous

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Photos des affiches par Anti, les autres de moi

6 Replies to “Rome en quatre jours – 7 : Les chats de l’Aire Sacrée”

  1. anti Post author

    Ah ! Voilà une note qui va beaucoup plaire 😉 Pour plus d’information, voici l’adresse du site internet de nos homologues italiens.

    http://www.gattidiroma.com

     » vestige de la Curie de Pompée, là où Jules César fut assassiné, à deux pas de latrines (pas très glamour mais c’est comme ça) qui ont aussi été retrouvées. »

    D’après d’autres sources (Guide du routard 2012), les latrines auraient été construites sur la scène du crime afin d’empêcher les Romains d’y venir en pèlerinage.

  2. sylvana Post author

    Celles-là, je les attendais impatiemment ! A quand une telle initiative chez nous, dans notre Rome Française ? N’est-ce pas Laure ça fait rêver ! Mais dans notre Rome, on préfère donner des subventions à ceux qui tuent ! Nous, on ne fait que sauver !!!!!!!!!

  3. anti Post author

    Oui, j’ai rêvé d’une reconversion des arènes en immense refuge pour nos minous ! Qui sait ? Un jour, peut-être ?

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