Cruauté envers des poules: 2 associations portent plainte

1644341450.jpgL’association de protection animale L214 démontre, images à l’appui, la violation flagrante de la loi dans un élevage situé en Bretagne. Les cages contiennent 5 à 7 poules, là où la loi en autorise seulement 3. De plus, des photos prises sur place montrent des cadavres en décomposition empêchant momentanément le convoyage des œufs vers le centre de tri (photo ci-contre).

Cet élevage a fourni entre autres deux des plus grandes marques d’œufs vendues en France : Matines ou Mas d’Auge. On retrouve également sa production dans la composition d’ovoproduits tels que la mayonnaise.

Après avoir alerté à trois reprises la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) sans aucun effet, L214 et la SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux) ont porté plainte pour cruauté envers les animaux. Finalement, le ministère vient de répondre à l’avocate de l’association qu’une inspection avait été diligentée : il confirme que les infractions ont été constatées et dit que « des contrôles seront effectués ».

1215624318.jpgCarence des services vétérinaires ou collusion avec les industriels ?

L’Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de la Commission européenne relève des défaillances récurrentes des services vétérinaires français. Au cours de sa dernière mission, l’OAV a notamment pointé l’insuffisance de la formation des agents officiels concernant le bien-être des animaux. Dans un article de la dépêche vétérinaire de mars 2009, le président du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV) a déclaré : « Cela fait dix ans que le syndicat tire la sonnette d’alarme au sujet du déficit des contrôles officiels en dénonçant la fragilisation croissante de nos effectifs et la catastrophe potentielle qui menace ».

En 2004, l’OAV avait déjà relevé l’insuffisance des effectifs, le SNISPV parlait déjà de « l’indigence » dans certains secteurs des services vétérinaires

267647699.jpgLa production des œufs en France

Plusieurs modes d’élevage cohabitent aujourd’hui en France.

– L’élevage en batterie de cages est celui qui est encore le plus largement pratiqué. Il représente plus de 80 % de la production. Très loin de l’imagerie d’Epinal de poules en liberté batifolant dans la cour d’une ferme, les animaux sont enfermés plus d’un an dans des cages au sol grillagé dénuées de tout aménagement. La surface réglementaire par individu est de 550 cm2 (l’équivalent d’une feuille A4). Les oiseaux seront envoyés à l’abattoir sans jamais avoir connu l’extérieur, la terre ferme ou l’air frais. Les oeufs issus de ce type d’élevage sont marqués par le code 3 (le marquage des oeufs est obligatoire depuis janvier 2004).

– L’élevage alternatif se partage en trois : l’élevage au sol pour 3 % (code 2), l’élevage plein air pour 12 % (code 1) et l’élevage bio pour 3 % (code 0). Seul les élevages plein air et bio permettent aux poules l’accès à l’extérieur.

Une directive européenne adoptée en 1999 prévoit qu’à partir de 2012, pour l’élevage en cages, la superficie minimale par poule fixée par la réglementation sera accrue de 50 cm2 (équivalent à la surface de 3 tickets de métro).

1939545198.jpgVers la fin de l’élevage en cages de batterie

Les circuits de distribution s’engagent de plus en plus à bannir les œufs issus des élevages en batterie de cages : Unilever (marques Amora, Maille) et McDonald’s pour toute l’Europe d’ici 2010, Carrefour Belgique (pour sa marque repère) et bien d’autres encore. D’ici un an, tous les œufs vendus dans les principaux supermarchés de Grande-Bretagne proviendront d’exploitations label « plein air ».

En France, un sondage a été effectué en janvier 2000 pour cerner la perception de l’élevage des poules pondeuses en batterie. À la question « À l’avenir, seriez-vous tout à fait favorable […] à interdire l’élevage des poules pondeuses en cage et n’autoriser que l’élevage en plein air, sachant que cette mesure entraînerait une augmentation du prix des œufs ? », 86 % des sondés ont répondu « oui ».

Pourtant, des groupements de producteurs continuent d’inciter à l’installation d’élevages en batterie de cages. Les nouvelles installations sont de plus en plus gigantesques avec des exploitations de 100 000 poules et plus alors que la production en cage a été associée à un risque d’infection par les salmonelles plus élevé que pour les autres modes de production.

Sources : L214 et Rue89
Photos : L214

12 Replies to “Cruauté envers des poules: 2 associations portent plainte”

  1. anti Post author

    C’est scandaleux ! Dégueulasse ! Pourriture ! Le site de L214 est vraiment riche en infos.

    J’avais vu un reportage sur une de ces industries, c’était…

    Je ne prends plus que des oeufs bio depuis un moment, avant j’essayais autant que faire se peut, les oeufs de poules élevées en plein air.

    Pour info, les 15 oeufs bio chez Satoriz côutent 3, 58 euros.

    anti

  2. Anna Galore Post author

    J’ai été un peu trop sympa de dire que lorsque L214 a alerté les services vétérinaires à trois reprises, cela n’a eu aucun effet. En fait, l’association s’est tout simplement faite engueulée d’avoir osé mettre son nez dans cet élevage pour faire sa propre enquête. Rue89 publie un extrait de la lettre reçue de la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) :

    « Vous ne disposez d’aucune autorité hiérarchique pour demander aux DDSV qu’ils procèdent à des inspections. Ces inspections sont réalisées par des personnes dont vous ne pouvez remettre en cause a priori la compétence. »

    Pour Caroline Lanty, l’avocate des associations, les choses sont claires :

    « On se heurte à la complicité des services vétérinaires avec les intérêts des industriels. Bien que l’infraction ne fasse pas de doute, ils ne vont pas mettre un élevage à terre pour ça. »

  3. Anna Galore Post author

    Il faut rappeler qu’une partie de notre consommation en oeufs est sous forme « cachée », dans les condiments et les produits pâtissiers par exemple.

  4. anti Post author

    C’est clair. Et, mis à part des « élevages » de particuliers tels que le tien, on en revient au bio, seul à garantir :

    « un système global de gestion agricole et de production alimentaire qui allie les meilleures pratiques environnementales, un haut degré de biodiversité, la préservation des ressources naturelles, l’application de normes élevées en matière de bien-être animal et une méthode de production respectant la préférence de certains consommateurs à l’égard de produits obtenus grâce à des substances et à des procédés naturels »

    http://www.net-iris.fr/veille-juridique/actualite/17640/actualisation-des-criteres-de-la-production-biologique-et-de-etiquetage-des-produits-a-compter-du-1er-janvier-2009.php

    anti

  5. brigitte Post author

    Merci du relais pour L214, ça fait plaisir 🙂
    Même en bio, la vie des poules n’est pas rose. Les coqs ne pondent toujours pas et sont tués à la naissance et la vie des poules se termine au bout d’un an en abattoir… Les poules sont par bandes, toutes du même âge, sans repères « maternel » au début de leur vie etc. C’est sûr que c’est moins pire en bio mais on ne peut pas dire que ce soit des conditions idylliques.

  6. Anna Galore Post author

    Et merci beaucoup pour votre passage ici ! Vous faites un boulot formidable, bravo à vous !

    Nous sommes tous conscients, je pense, du fait que l’élevage, quelles que soient les conditions, n’a rien de naturel. Certains sont moins pires que d’autres et l’homme étant majoritairement carnivore, leur disparition n’est pas pour demain. Si au moins on peut les rendre un peu plus respectueux des animaux qu’ils rassemblent, ce sera déjà un pas en avant. La route est longue, c’est clair. Alors c’est un pas après l’autre, grâce en partie à des gens comme vous qui permettent au plus grand nombre de mieux prendre conscience de la réalité.

    Encore merci.

  7. peluhet Post author

    PAUVRES POULES!Je suis fière de mon petit élevage;quelquesvolaillesqui disposent debeaucoup d’herbe et de liberté et de plus qui meurent de vieillesse.Des jours ,pas de ponte,d’autres quelquesoeufs délicieux,voilà tout le secretd’une heureuse vie animale.

  8. sylvana Post author

    OUI bravo à vous ! j’aimerai bien avoir quelques poules, mais est-ce compatible avec les chats, qui ne leur font certes pas de mal, mais qui les perturbent surement ? Et ce, même en leur faisant un enclos grillagé, j’y pense souvent. Autour de moi les avis sont très partagés et cela ne m’aide pas du tout !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *