Une raison de plus de sourire

1010347728.JPGDepuis la projection de Home, il flotte une ambiance particulière chez nous et donc sur ce blog. Il y a, bien sûr, le choc, énorme, traumatisant, de la catastrophe généralisée qui nous menace tous à court terme, humains, animaux et végétaux. Mais il y a aussi ce coup de génie de Yann Arthus Bertrand sur la fin de son film : indiquer des idées simples pour contribuer à sortir de ce suicide programmé.

Le côté ironique de la chose, comme il l’a révélé sur le plateau de France 2 après la projection du film, c’est que son final « optimiste », il l’a improvisée au montage parce qu’il était lui-même assommé par la noirceur du tableau qu’il dressait et qui n’a pourtant rien d’exagérée. Il s’est dit pendant le tournage : « Je suis en train de filmer la fin du monde ». Et il a voulu in extremis terminer sur des propositions à la portée de tous.

Il y a trente ans, l’écologie c’était une utopie. Manger bio ? Les boutiques étaient rares, les produits hyper chers, un truc que seuls les gens aisés pouvaient s’offrir, donc l’inverse total d’un mouvement efficace. Etre écolo, à cette époque, c’était avant tout militer pour qu’il y ait plus de panneaux solaires et d’éoliennes, moins de polluants, moins de déforestation, etc. Des objectifs tout à fait importants, certes. Mais, parmi nous, le grand public, les humains de base, qui pouvait y faire quoi que ce soit de significatif ? Personne ou presque. Sentiment de frustration, de culpabilité, d’impuissance. Certitude que l’objectif était tout simplement inaccessible et utopique.

Le génie, voulu ou instinctif, de Yann Arthus Bertrand a été de dire : oui, bien sûr que tout cela est important mais pour que nous tous, nous agissions au quotidien à rendre les choses meilleures, il suffit de faire quelques gestes simples, accessibles à tous, ne demandant aucun effort particulier, permettant de dépenser moins, consommer mieux plutôt que plus. Qui peut dire non à une proposition pareille ?

640217559.JPGJe ne sais pas comment ça s’est passé chez vous, si vous avez regardé le film. Nous, on l’a fait avec les enfants. Du coup, lorsque nous avons commencé à parler de ce que nous pouvions faire pour améliorer les choses, ils ont participé à la discussion. Après tout, c’est de leur avenir qu’il s’agit, encore plus que du nôtre. Décider de ne plus manger certains aliments, produits dans des conditions épouvantables ? Oui, sans problème – et pourtant, ils sont attachés à leurs habitudes alimentaires, mais là, l’urgence leur est devenue évidente. Faire attention à l’eau que nous consommons ? Oui, quand on sait pourquoi. Et tout est beaucoup plus simple si les enfants comprennent ce qu’il faut faire ou pas, plutôt que si c’est nous, les adultes, qui le leur imposons. Rien n’est interdit, tout est compris.

Nous ne sommes pas des bio-héros. Nous n’allons pas passer du jour au lendemain d’une nourriture « pas bio » mais facile à acheter en grande surface à une nourriture 100% bio (même si le 100% n’existe pas, comme le fait remarquer très justement Netsah). Et, pour commencer, ne nous imposons pas une pression excessive : nous assumons le fait de ne pas être parfaits et de nous autoriser des exceptions. Le piège serait de tout dramatiser et de culpabiliser sur chaque écart. La question n’est pas de changer du tout au tout immédiatement mais de réduire, petit à petit, ce qui est nocif pour la planète du fait même qu’il s’agit, principalement, de surproduction. Ce n’est pas mal de manger un steak de temps en temps. Ce qui est mal, c’est de continuer en toute conscience à soutenir la surproduction et ses conséquences.

1623503980.JPGNous avons déjà commencé à faire l’effort minimal de ne plus faire nos courses à un seul endroit pratique (la grande surface) mais à deux (la grande surface ET l’épicerie bio). Les légumes et les fruits, maintenant, c’est uniquement chez des commerçants bio. Réduire le coût carbone d’un produit ? C’est simple aussi, il suffit de favoriser des aliments provenant de la région (nous avons la chance que chez nous, ce soit facile). Et nous réduisons notre consommation en viande pour les raisons qui ont été rappelées hier.

L’idée est de remplacer le « Nous voulons tout, tout de suite » irréaliste des libertaires exaltés des années 70 par un objectif infiniment plus accessible : « Faisons un petit pas de plus dans la bonne direction ». Ca, nous pouvons tous le faire.

Il y a plein d’autres gestes simples à découvrir pour changer. Chwip les décrit très bien sur son blog sous le titre, justement, de « Changeons ».

Ici, sur ce blog, nous parlons de plus en plus souvent de tout cela. Pas parce qu’il s’agit d’un plan media ou d’une stratégie. Juste parce que ça nous concerne et que nous pensons que c’est plus qu’important, c’est vital.

Vos réactions, très positives, à nos articles sur ces sujets en sont la confirmation. Elles montrent que nous sommes en phase, vous et nous, que nous partageons la même prise de conscience, que nous parcourons un même chemin, que nous nous sentons bien de le faire et qu’en plus, fondamentalement il est FACILE d’agir en faveur de notre Terre.

Et ça, c’est une raison de plus de sourire.

Très belle journée à tous

6 Replies to “Une raison de plus de sourire”

  1. anti Post author

    La diffusion du film « Home » a été un déclencheur pour beaucoup, je mettrai tout de même un bémol.

    Tes propos sont vrais mais ne concerne que la France. Nous sommes encore très en retard par rapport à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou l’Autriche en matière d’écologie (ceux là, je les connais, il doit y en avoir d’autres, je pense aux Scandinaves ?) Là-bas, les questions d’économie d’eau, les boycotts verts (Filets dérivants, industrie chimique, etc.) sont légions, l’agriculture et les cantines bio sont développées (En France, le développement de l’agriculture biologique, longtemps contesté par le syndicat majoritaire la FNSEA, n’a pas été très soutenu par les pouvoirs publics. Seul 1,8 % des terres est cultivé sans produits chimiques, contre 8,7 % en Autriche et 3,9 % en Allemagne. Source : http://ecolesdifferentes.free.fr/CANTINEBIO.htm ), on trie le verre par couleur, les collecteurs de bouteilles plastique existent et sont nombreux, les poubelles classiques sont de 1 poubelle ramassée 1 fois tous les 15 jours (t’as intérêt de trier sinon, t’es mal ! Si t’as des enfants, ta poubelle est pleine de couches culotte, tu ne jettes rien de plus !) bref, on respecte pour de vrai la Nature ! Tanja, ma copine là-bas, nous appelait les Volkornmutter les mamans complètes (de volkornbrot, le pain complet). Bref, tout ça pour dire, qu’en France, y’a vraiment encore beaucoup à faire pour de vrai.

    C’est à nous d’agir et aux pouvoirs publics de mettre les moyens à disposition ! Il faut aussi accepter de faire des efforts. Ce qui me choque quand même dans les propos entendus de ci, de là, c’est l’expression « sans effort », il faut que ce soit facile, pas chiant, etc. mais, c’est difficile de changer, ça demande des efforts, au moins au début, avant que les automatismes changent, car ils finissent pas changer.

    Des idées, je crois qu’on a tous plus ou moins les mêmes (très chouette le lien vers Chwip) : éteindre le robinet quand on se lave ou lave quelque chose, je récupère l’eau du sèche linge pour arroser les plantes, je mets le linge à sécher dehors quand c’est possible, ampoules économiques, banissement des bouteilles plastique, récupération d’un max d’objets avant de penser à acheter du neuf, tri, vélo pour moins de 2 km à parcourir et doucement, changer les produits ménagers chimiques pour des naturels, éducation encore et toujours des enfants, etc.

    Pour en revenir à ta note Anna, elle est complètement en accord avec les propos de Maud Fontenoy qui vient de sortir un livre : « Ma maison écolo »

    A la maison, lieu de tous les enjeux, commence le développement durable.

    Une nouvelle conception de notre environnement se dessine en effet ici.

    Ce petit guide pratique nous offre donc la possibilité de passer notre foyer à la loupe et de cerner les solutions à notre portée pour vivre plus vert.

    Du jardin au salon et du grenier à la cave, cet ouvrage nous propose des solutions simples pour faire la chasse au gaspillage, économiser l’énergie, réduire les déchets et nous donne les clés d’une maison qui développe les énergies renouvelables, afin de contribuer, chacun à son niveau, à la protection de l’environnement.

    Voili, voilà.

    anti

  2. Anna Galore Post author

    « Ce qui me choque quand même dans les propos entendus de ci, de là, c’est l’expression « sans effort »,  »

    Moi, c’est ce qui me semble au contraire le plus intelligent dans le message qui a été lancé.

    Il est plus facile de convaincre une majorité de gens (et non une minorité de déjà convaincus) de faire des efforts si ces efforts sont présentés comme des choses faciles à faire. Si on dit à tout le monde « voilà ce qu’il faut faire et on vous prévient c’est hyper chiant », l’efficacité sera largement compromise. Tout le génie (j’insiste) du message final de Home, c’est justement cela : mettre en avant des idées simples pour avancer. Il n’est pas interdit d’en faire plus mais faisons déjà cela, il faut bien commencer quelque part. Le reste viendra petit à petit.

  3. anti Post author

    Ah ! Et j’oubliais le truc tout con qu’on doit aussi probablement tous faire, c’est récupérer le papier pour en faire des brouillons.

    anti

  4. Anna Galore Post author

    « C’est un argument de « vendeur » recevable, mais la réalité est autre »

    Exactement. Et ce qui compte, c’est le résultat.

  5. anti Post author

    « renoncer aux mouchoirs en papier : là je n’y arrive pas et je ne suis pas convaincue des mouchoirs en tissu »

    Mdrrr ! La bonne nouvelle, c’est qu’avec tous ces changements, tu ne seras plus enrhumée ! Donc, plus besoin de mouchoirs !

    C’est vrai qu’on fait déjà pas mal de choses et c’est bien.

    Anna, nous avons raison toutes les deux curieusement. C’est un argument de « vendeur » recevable, mais la réalité est autre.

    anti

  6. Anna Galore Post author

    Je développe un peu, sur la même ligne du réalisme et du pas-à-pas dans un autre domaine : les voitures.

    Dans un monde idéal, il faudrait interdire les voitures utilisant des moteurs à combustion. Proclamer qu’elles devraient l’être ne sert à rien, aucun constructeur de voiture n’étant prêt à se saborder pour la bonne cause (on peut le déplorer mais c’est ainsi). Par contre, faire savoir que nous favoriserons des voitures qui polluent moins quand nous aurons à en acheter une, ça fait progresser les choses dans la bonne direction pour deux raisons qui ne sont PAS écologiques :

    – la première est économique et c’est le plus puissant de tous les ressorts sur notre planète, largement adepte d’un système basé sur le profit (ça aussi on peut le déplorer mais l’ignorer serait stupide). Pourquoi économique ? Parce que si les voitures qui polluent moins se vendent mieux que les voitures qui polluent plus, les constructeurs qui proposeront des voitures qui polluent moins gagneront plus d’argent que les autres. Il y a six mois, on vantait les voitures ne rejetant « que » 140g de carbone. Aujourd’hui, on frôles les 100g. La course au plus propre est lancée et au bout, c’est nous tous qui gagnons.

    – la deuxième est technologique. Les voitures électriques seraient idéales mais sont encore très loin de s’imposer (pas assez d’autonomie, trop longue durée pour recharger). Par contre, c’est un vrai challenge pour les ingénieurs de concevoir un moteur à combustion qui pollue de moins en moins. Et là, le marché est clairement défini, c’est celui où les constructeurs sont déjà. Du coup, il ne s’agit plus d’une révolution mais d’une évolution. Ca les stimule ? Tant mieux, au bout, c’est nous tous qui gagnons.

    Ce sont exactement ces deux mêmes arguments qui ont poussé les constructeurs, depuis le premier choc pétrolier et les suivants, à concevoir et vendre des véhicules qui consomment de moins en moins. Avec succès. Là aussi, au bout, tout le monde y gagne (ça NOUS coûte moins cher en carburant et ça brûle moins de pétrole).

    A chaque fois qu’on peut trouver une raison économique de favoriser l’écologique, on progresse beaucoup plus efficacement dans la bonne direction. Installer des panneaux solaires sur les maisons, c’est génial mais ça coûte (encore) une fortune. Limiter sa consommation de viande, c’est simple et ça coûte moins cher.

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