« Prescrire », la seule revue médicale indépendante

A lire absolument sur Rue89, un excellent article de Nolwenn Le Blevennec sur la revue médicale Prescrire, la seule en France à être totalement indépendante des labos pharmaceutiques.

En voici l’essentiel.

Prescrire BrunoToussaint.jpgLa revue est dirigée par Bruno Toussaint, un ancien médecin généraliste qui la qualifie de « Canard enchaîné de la presse médicale ».

Son succès le plus récent est l’interdiction du Mediator des laboratoires Servier. C’est en lisant Prescrire qu’Irène Frachon, le médecin qui a fait éclater le scandale Mediator s’est rendue compte de la dangerosité du médicament : « Puis, nous l’avons aidé à se documenter », dit Bruno Toussaint.

Le premier article de Prescrire mettant en garde contre le Mediator date de 1997. Il dénonçait déjà les effets secondaires qui ont conduit à son interdiction. La revue en a reparlé à plusieurs reprises pendant des années et a même reçu un courrier du directeur général de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), qui s’indignait de la gravité de ses « imputations ».

« Ce genre de lettre, c’est très exceptionnel », dit Bruno Toussaint. A cette époque, l’indépendance de Prescrire agace de plus en plus. Trente ans plus tard, ça n’a fait que se confirmer.

prescrire1.jpg« Rien à acheter, ni à vendre » dans Prescrire

Prescrire a été créé par un groupe de pharmaciens et de médecins qui veulent dénoncer un point majeur qui ne semble déranger personne à l’époque : l’information sur les médicaments est fournie par les seuls laboratoires.

Au départ, la revue bénéficie de subventions du ministère de la Santé. Mais très vite, elle s’organise pour devenir indépendante.

« Nous avions conscience que nous allions écrire des choses désagréables et que les subventions ne tiendraient pas longtemps. »

Au début des années 90, Prescrire devient autonome grâce aux cotisations de ses abonnés (29 000 personnes, 270 euros par an).

« Ni subvention, ni sponsor, ni publicité. Ici, il n’y a rien à acheter, ni à vendre. Les autres revues sont financées par la publicité et les cahiers spéciaux fabriqués par les firmes. »

L’idée du mensuel est d’aider les professionnels à prescrire à bon escient. L’association, qui regroupe une centaine de salariés, n’est ni pour, ni contre les médicaments. Ils passent à la moulinette toutes les molécules du marché.

prescrire3.jpgCharte du « Non, merci… »

Chaque article suit un parcours impitoyable, de neuf à douze mois sauf actualité brûlante. Il fait l’objet d’une recherche documentaire exhaustive.

Les rédacteurs signent une charte du « Non, merci… » pour garantir l’absence de conflits d’intérêts. Un panel extérieur de 10 à 35 personnes est également chargé de relire et critiquer chaque texte.

C’est ainsi que Prescrire s’attaque au Di-Antalvic dès 2005 : « La balance bénéfices-risques est défavorable, et on ne manque pas d’alternatives. »

En octobre 2009, alors que la ministre de la Santé Roselyne Bachelot commandait 94 millions de doses de vaccin pour la grippe H1N1 pour 732 millions d’euros, Prescrire recommandait de ne pas s’affoler : « C’était à peine plus grave qu’une grippe saisonnière. »

L’article original : Prescrire, la revue médicale qui dit « non, merci » aux labos (Rue89)
Le site de la revue : Prescrire

13 Replies to “« Prescrire », la seule revue médicale indépendante”

  1. monilet Post author

    J’ai entendu tout à l(heure dans le journal de la santé de la 5 que l’Afssaps, l’autorité qui délivre les autorisations de mise sur le marché des médicaments était financée à 84 % par les labos (je croyais que c’était 80 %) mais surtout que l’an prochain ce serait à 100 % car l’état retire ses subsides. Vous avez dit conflit d’intérêt ?
    Perso, étant victime d’effets secondaires sévères d’un médicament, j’entreprends une action contre le labo avec un avocat.
    Peu de chances d’aboutir mais c’est pour le principe.

  2. sapotille Post author

    début des années 90, Prescrire devient autonome grâce aux cotisations de ses abonnés (29 000 personnes, 270 euros par an).

    donc environ 29.000 informés réellement
    ….Pour environ 208.0000 médecins (sources:ordre des médeciens en 2007)

    …les autres ils lisent les rubriques nécrologiques?

  3. anti Post author

    un ancien médecin généraliste qui la qualifie de « Canard enchaîné de la presse médicale ».
    J’aime.

    Cette histoire du Mediator m’a effrayée. Vraiment, la cupidité ne connaît aucune limites.

    « Peu de chances d’aboutir mais c’est pour le principe. »
    Je compatis Moni. Courage !

    « …les autres ils lisent les rubriques nécrologiques ? »
    Excellente remarque ma Caille.

    Merci pour cette note, je ne connaissais pas du tout et c’est bigrement intéressant en plus d’être une bonne nouvelle (que des personnes veillent).

    anti

  4. monilet Post author

    [« Peu de chances d’aboutir mais c’est pour le principe. »
    Je compatis Moni. Courage !]

    L’avocat voulait que j’assigne aussi le médecin, estimant que les perspectives de succès de l’action étaient bien meilleures. Là c’était un pb de conscience. Bien qu’il y ait eu faute (absence de mise en garde), j’ai refusé car je peux à l’extrême rigueur comprendre, vu les circonstances.
    Dans le cas contraire, les médecins finiraient par nous faire signer une décharge à chaque fois qu’ils prescriraient de l’aspirine. Et puis une indemnité ne réparera jamais les dégâts physiques peut-être irrémédiables (j’en suis à un an et demi de galère, sans progrès ou si peu et j’ai entendu parler de cas où ça dure depuis plus de 5 ans.., la spécialiste a lâché ça à regret, sans vouloir en dire plus, ; je crois d’ailleurs qu’ils ne savent pas.)

    Je ne voulais pas parler de mon cas par trop mais juste dire : faites gaffe, les médicaments ne sont pas toujours anodins

  5. monilet Post author

    Pour vous dire presque tout, dans mon cas il s’agit d’un antibiotique de la classe des quinolones et plus particulièrement celle des fluoroquinolones. la notice : pb entre un cas sur 1000 et un sur 10 000. Certaines associations de victimes : plutôt de l’ordre de 1 sur 30 (non vérifié par moi). Personne ne m’avait prévenu.

    Prudence avec ces substances donc !

  6. anti Post author

    « Je ne voulais pas parler de mon cas par trop mais juste dire : faites gaffe, les médicaments ne sont pas toujours anodins »

    Le papa d’Anna (médecin) nous le disais encore dernièrement « Prendre un médicaments n’est JAMAIS anodin ». On a tendance à l’oublier, mais ça reste vrai, toujours.

    Personne n’est à l’abri d’un effet secondaire.

    anti

  7. sapotille Post author

    Moni, je pense qu’au contraire il faut parler de ton, de ces cas. directement. On sous estime souvent l’impact du rapport direct avec les personnes… qui le rediront. etc. et la vérité des propos se sent dans le ton de celui qui le dit, et se propage. Elle ne peut se transmettre aussi fortement dans l’écrit… même si c’est un « matraquage ».
    La pub cherche d’ailleurs à recréer artificiellment cet impac humain.ils y réussissent en mille fois moins d’efficacité. En essayant d’utiliser les leviers les plus simples et réflexes . Ils se comptent sur le nombre…

  8. vidal Post author

    bonjour
    je voudrai savoir comment me procurer la revue prescrire qui parle des effet secondaire des mèdicaments cette revue qui fait parler d elle dans beaucoup d èmission tèlèvisee ou de radio merci

  9. Anna Galore Post author

    Toutes les informations sont sur le site de Prescrire.

    http://www.prescrire.org/

    Comme indiqué dans un commentaire un peu plus haut, la revue n’est disponible que sur abonnement (aucune diffusion en kiosque) et les abonnés paient environ 270 euros par an (à vérifier sur le site de Prescrire) afin de couvrir tous les coûts et de permettre à la revue d’être autonome sans aucun recours à la publicité.

  10. Garcia René Pierre Post author

    Courant 2010 une employée de (ma) pharmacie me propose d’adhérer à un organisme soi-disant indépendant au travers duquel toutes les ordonnances de mon épouse et moi-même seront filtrées et ainsi controlées. Ceci dans le but parait-il d’éviter les antagonismes, les contradictions entre les médicaments prescrits. Par méfiance en face de ces organismes soi-disant indépendants j’ai reffusé. Ai-je bien fait ? J’en ai parlé à mon médecin refférent il était pour, mais moi j’ai refusé car à mon sens ce contrôle doit se faire par les médecins. Depuis plus aucune pharmacie ne nous en a reparlé.

  11. Anna Galore Post author

    Cela m’a l’air assez surprenant, en effet. Comme vous le dîtes très bien, la responsabilité du traitement prescrit relève à 100% du médecin. Il arrive qu’il y ait parfois des erreurs (de plus en plus rares, les logiciels utilisés au moment de la saisie de l’ordonnance veillant au grain) mais si tel est le cas, le mieux me semble d’abord d’en parler au médecin et en cas de mauvaise foi de sa part, d’en changer !

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