Ce qui tue les abeilles

On soupçonne depuis déjà longtemps les pesticides de jouer un rôle majeur dans la disparition des abeilles. De nombreuses études désignent ces produits comme l’une des sources les plus vraisemblables de l’hécatombe qui les frappe.

P9120725c.JPGUne nouvelle étude publiée il y a quelques jours aux États-Unis vient d’apporter des éléments plus précis à ce sujet. Depuis 2006 se produit là-bas un phénomène particulièrement inquiétant nommé le syndrome d’effondrement des colonies ou CCD (colony collapse disorder) : les ouvrières chargées de collecter le nectar et le pollen sur les fleurs ne reviennent pas dans les ruches. Elles meurent avant.

Ce qui les tue, ce sont un virus et un champignon qui les parasitent de façon fatale. Pourquoi étaient-ils inoffensifs pendant des millénaires et sont-ils devenus mortels depuis quelques années ? Selon des chercheurs de l’INRA, cela est probablement dû au fait que les pesticides déclenchent une baisse importante d’immunité des abeilles. Il faut cependant qu’elles soient contaminées par les deux parasites à la fois. En effet, dans certaines régions d’Europe de l’ouest comme les Balkans, les abeilles vivent en présence du même champignon qui prolifère sur leurs ruches, sans en pâtir d’aucune manière.

C’est en analysant des abeilles mortes que les chercheurs ont décelé des traces de protéines appartenant aux micro-organismes qui les ont contaminées. Une fois n’est pas coutume, c’est grâce à l’armée américaine que les protéines ont pu être identifiées. Des scientifiques de l’US Army ont, en effet, mis à la disposition des chercheurs de l’université de Montana une énorme base de données regroupant les caractéristiques génétiques de milliers d’organismes différents. Ceux retrouvés sur les abeilles sont un virus de la famille des Iridoviridae et un champignon nommé Nosema cerenae. Pour le vérifier, on a injecté à des abeilles vivantes en bonne santé ces deux organismes et elles ont rapidement succombé.

Le rôle de virus et de champignons dans la létalité des abeilles avait déjà été soupçonné par des recherches antérieures menées en Californie. Il est désormais confirmé. L’armée américaine finance des recherches sur les abeilles depuis plusieurs années en raison de leur étonnante aptitude à détecter des explosifs.

Depuis 2006, 20 à 40% des abeilles ont disparu aux États-Unis. Environ 30% de notre alimentation dépend de la pollinisation naturelle de milliers d’espèces végétales, directement mise en péril par leur disparition.

Sources : PLoS One, Le Figaro, 20 Minutes

11 Replies to “Ce qui tue les abeilles”

  1. Netsah Post author

    C’est pas dans Phénomènes qui parlent des CCD ?? Peut-être c’était sur Nat Geo, mais il me semble qu’ils parlaient de ça déjà dans le film..
    En tous cas c’est alarmant..

  2. anti Post author

    C’est flippant, ça fait trop penser au SIDA…

    Il y a de nombreuses notes consacrées aux abeilles sur le blog (voir ici : http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/09/27/le-premier-miel-des-sentinelles.html )

    • Le premier miel des sentinelles
    • Douceur et douleur d’une ruche
    • Les abeilles harcelées
    • Déclin des abeilles et Economie
    • La disparition des moineaux
    • Kokopelli, un Joueur de Flûte Enchantée dans le Rêve de Gaïa
    • Le Round-Up, un poison pour vos enfants
    • Joseph Faure : happy Culture !
    • « Bal » (« Miel »)

    anti

  3. Netsah Post author

    (euh vous avez supprimé mon double-poste, sauf que le deuxième était avec la bonne orthographe :D)

  4. Meliophile Post author

    Je ne peux que me réjouir de toute avancée dans la recherche des causes de la disparition des abeilles sans qui s’effondreraient nos ressources alimentaires ! Il me semble toutefois qu’il faut savoir raison garder et ne pas céder trop hâtivement à la joie, les découvreurs des effets conjugués du champignon et du virus reconnaissant eux-mêmes qu’ils ne savent pas encore si le caractère mortel de ces deux agents est la cause première du fléau ou la conséquence d’une fragilisation des abeilles par d’autres facteurs. Si c’est le cas, il y a fort à parier que tout sera fait pour nous le cacher, trop d’intérêts économiques à courte vue sont en jeu dans tout cela (voir la confirmation aujourd’hui même, du non-lieu dans l’affaire du célèbre pesticide Régent, est-ce un hasard si cette décision de justice intervient si peu de jours après l’annonce de cette découverte que l’on dit si décisive ?)… Cela dit, aimons les abeilles, non seulement pour leur miel mais aussi en tant que coproductrices de fruits et de légumes, autant de bienfaits que nous devons à nos p’tites amies qui, décidément, nous sont tellement précieuses ! Sait-on que le miel peut se conserver pour une durée allant jusqu’à… cinq cents ans ! Et plus longtemps encore, m’a-t-on dit récemment, puisqu’il en a été retrouvé (certes réduit à l’état de sucre candy mais parfaitement consommable), datant de l’ère pharaonique, époque où il servait à l’embaumement des morts et à leur conservation. Ces insectes au corps minuscule, dont la durée de vie n’excède pas 45 jours, ont donc la capacité de fabriquer un produit moins périssable que tout ce que l’industrie agro-alimentaire humaine a pu inventer jusqu’à ce jour. Je me souviens combien nous étions fascinés, enfants, lorsque l’institutrice nous racontait l’histoire des abeilles… Il faut continuer plus que jamais à sensibiliser les enfants à l’importance de la sauvegarde de ces infatigables travailleuses de l’ombre, et leur montrer, dans le cadre des « sciences de la vie et de la terre », que leur mode de fonctionnement naturel est de ne faire que du bien, ne demandant rien d’autre à Homo Sapiens Sapiens que de les laisser butiner en paix. Pour en revenir au miel, je n’en avais pourtant connu, jusqu’à l’âge de sept ans, que le goût des bonbons qui m’étaient donnés, tantôt pour le plaisir, tantôt pour apaiser une irritation de la gorge. Mon premier contact avec la saveur naturelle du miel avait eu pour cadre une tartine dont ma petite tête enfantine avait décrété que je ne l’apprécierais pas, associant le miel à des souvenirs auxquels il n’était strictement pour rien. Aujourd’hui, c’est bien volontiers que je me régale d’une petite cuillerée de miel, ayant entendu dire de surcroît, que fondu dans une infusion trop chaude, il perdrait ses vertus. Ces digressions mises à part, permettez-moi de vous poser maintenant une question tout à fait sérieuse: avez-vous remarqué que les dictionnaires ne répertorient aucun mot pour définir les gens qui,comme nous, aiment passionnément les abeilles? L’éducation au respect des richesses de la nature passe aussi par les mots, qui sont énergie, et en trouver un digne de porter le drapeau de la passion pour la sauvegarde de nos « chères petites » comme j’aime les appeler, n’est pas chose facile. Avec une amie, Isabelle (dont le prénom a pour anagramme « abeilles », ça ne s’invente pas !), nous avons eu beau chercher partout, nous n’avons rien trouvé de beau : « abeillophile », déniché au hasard du Web, c’est facile, pas cher,et ça ne rapporte rien ni à la langue française, ni à la poésie qu’il y a dans le fait d’être amoureux de ces petits êtres si ardents au travail pour le bien d’une humanité ingrate, qui non seulement ne rend pas aux abeilles une parcelle du bienfait qu’elles lui donne, mais encore a fini par réussir à se faire croire que les abeilles avaient besoin d’elle pour ne pas disparaître! Bienvenue au royaume des pompiers pyromanes, ce monde à l’envers où Homo Sapiens Sapiens, loin de mériter le nom ronflant qu’il s’est attribué par usurpation d’identité, est devenu fou au point de scier en toute quiétude la frêle branche sur laquelle il est assis ? lui et ses enfants. Sait-on que le frelon asiatique a été introduit en Europe par le biais de l’importation des bonsaïs, que l’hybridation, encore organisée par l’homme, des abeilles européennes avec d’autres races d’abeilles, génétiquement adaptées à des latitudes plus chaudes, est au moins aussi nuisible à la biodiversité, que le sont la monoculture et l’usage de substances chimiques qui détériorent leur système nerveux et les rendent incapables de trouver leur nourriture et de communiquer entre elles convenablement ? Ce monde, doc, qui ne sait même pas comment appeler ceux qui aiment les abeilles pour de vrai ! Donc, on la dit, « abeillophile », ce n’est pas beau et ça ne marchera pas. « Apicophile », pourquoi pas, mais mon amie et moi-même avons l’intuition que ce n’est pas encore la bonne formule. Alors, la nature ayant horreur du vide, il m’est apparu que le mot magique, il fallait l’inventer. Et comme ma grande fille se prénomme Melissa, et que le substantif latin Melis signifie « petite abeille » (désignant donc l’abeille ouvrière, voilà qui ne s’invente décidément pas non plus!), eh bien, bonnes gens, désormais, un amoureux des abeilles, qu’il soit apiculteur ou seulement défenseur de leur cause, sera appelé « méliophile ». Nous avons d’ailleurs décidé (et telle est aussi la raison pour laquelle je publie ici ce message), de parrainer une ruche via le site « un toit pour les abeilles », afin entre autres, de donner une réalité concrète à notre passion pour ces chères petites travailleuses de l’ombre. Méliophiles nous sommes, méliophiles nous resteront, et chiches qu’afin de faire accepter ce mot des lexicographes de tous les horizons de la francophonie, et même des académiciens, partout où on aime les abeilles, on le fera entrer dans l’usage en le propageant comme la meilleure et la plus douce des épidémies. Vive les abeilles, et vive les… méliophiles!

  5. Anna Galore Post author

    Très joli, « méliophile » ! C’est agréable, doux à l’oreille et l’association avec « miel » est immédiate. Belle trouvaille.

    « et ne pas céder trop hâtivement à la joie »
    Là, je ne vous suis pas bien. Je ne vois rien de joyeux dans cette information, bien au contraire.

  6. Anna Galore Post author

    Nous sommes bien d’accord. Mais on pourra parler de joie seulement quand non seulement ces recherches auront livré les clés de cette hécatombe mais que les mesures appropriées auront été mises en place pour la juguler définitivement.

    Je prends un exemple : on sait depuis plusieurs années que le sous-sol des Antilles est contaminé par du chlordécone, un pesticide hautement cancérigène. Mais il ne sera pas éliminé avant plusieurs siècles. En attendant, les habitants les plus exposés de ces îles continueront à en subir les effets effroyables, même si on a très clairement identifié la cause certaine de ce qui les tue à petit feu.

    http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/06/23/chlordecone-et-cancer-aux-antilles-c-est-confirme.html

  7. Anna Galore Post author

    Du nouveau sur cette fameuse étude concluant à la seule responsabilité du virus et du champignon dans la disparition des abeilles. Elle ne mentionne à aucun moment le rôle favorisant des pesticides dans la contamination des abeilles par ces parasites. Si ma note en parle – comme le font divers journaux dont ceux que je cite – c’est parce que des chercheurs de l’INRA ont réagi à l’étude en soulignant que les pesticides n’étaient pas éliminés pour autant comme cause initiale de la surmortalité, puisque vraisemblablement ils affaiblissent le système immunitaire des abeilles.

    D’autres journalistes ont poussé l’enquête un cran plus loin et se sont demandés pourquoi Jerry Bromenshenk, le responsable de l’étude en question, n’évoquait jamais les pesticides dans la présentation de ses travaux.

    La réponse est simple. CNN vient de révéler que ses recherches ont été financées par Bayer Crop Science, autrement dit l’entreprise qui vend les pesticides.

    Jerry Bromenshenk a été pourtant jusqu’en 2003 un défenseur de la cause des abeilles. Il a témoigné à charge dans un procès de masse (class law-suit) contre Bayer jusqu’à cette date. Ensuite, il s’est retiré de la procédure et, ô miracle, il a reçu au même moment un financement significatif de Bayer pour étudier le processus de pollinisation des abeilles. Pas de surprise, donc, à ce qu’il omette de parler de pesticides dans ses nouveaux travaux. Interrogé par les journalistes sur cette « omission », il a déclaré que s’il n’en a pas parlé, c’est parce que cela ne rentrait pas dans le cadre de son étude. Ah, d’accord…

    L’article qui révèle l’info (en anglais) est ici : http://www.commondreams.org/headline/2010/10/10-1

  8. Anna Galore Post author

    Dans le cadre de la conférence internationale sur la biodiversité, qui a commencé hier à Nagoya, TéléMatin a diffusé ce matin un petit reportage qui s’ouvrait sur la disparition massive des abeilles dans le monde, en soulignant que les causes multiples étaient toutes imputables, de près ou de loin, à l’activité humaine et que la conséquence risque d’être dramatique pour la pollinisation, comme cela est souligné dans ma note.

    Une info complémentaire donnée par ce reportage concerne le coût que représenterait la disparition de cette pollinisation sur les cultures concernées (fruits et légumes principalement). Au niveau mondial, il s’élèverait à 150 milliards d’euros.

    Pour me faire une meilleure idée, j’ai cherché quel était le chiffre d’affaires mondial des pesticides. Réponse : environ 30 milliards d’euros.

    Autrement dit, pour permettre à des multinationales de vendre pour 30 milliards d’euros de substances supposées favoriser un meilleur rendement des cultures (selon elles), on va se retrouver avec une perte sèche de 150 milliards d’euros sur ces mêmes cultures.

    Quand l’économie rejoint l’écologie…

    En plus d’être criminels avec la dissémination de leurs produits cancérigènes et tératogènes, de détruire notre environnement à une vitesse effrayante et de dévoyer gravement notre alimentation présente et à venir, Monsanto, Bayer et leurs potes nous prennent vraiment pour des cons.

  9. sapotille Post author

    BRRRR…….

    Aurons-nous une chance d’enrayer cette spirale effarante de c…?

    Vous avez de la chance de vivre en ville, ici les colza il n’ya quasiment plus que çà.. c’est rentaaaable, lamentaaable. .

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