L'esprit est toujours plus fort que le score

Le foot, normalement, ça me laisse de marbre ou pas loin. Bien sûr, j’ai vibré en 98 quand les Bleus ont réussi leur exploit, mais en dehors de ce moment exceptionnel de ferveur, je ne prête quasiment aucune attention à ces mecs plus prétentieux les uns que les autres alors que leur seule gloire est de taper dans un ballon.

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Depuis les soubresauts de ce weekend autour des frasques de notre glorieuse équipe, forcément, je me dis, un peu comme tout le monde je suppose : « Oh les gros nases, ils font vraiment tout pour devenir la risée du monde entier ». Pour vous dire, hier matin, on a même parlé d’eux au boulot alors que d’habitude, les conversations sur le match du moment, c’est entre deux des mecs de ma boîte, discrètement dans leur coin.

copain foot 2.JPGLà, non. C’était la franche marrade et aussi, le franc mépris pour ces divas de pacotille aux salaires mirobolants qui non seulement ont été sélectionnés sur une tricherie filmée en gros plan (la fameuse main de Thierry Henry), non seulement font parler d’eux parce qu’ils se partagent la même prostituée (j’avais failli écrire une nouvelle sur ce thème dans J’ai treize envies il y a six mois mais je m’étais dit « non, bof, c’est trop énorme » – comme quoi…), non seulement se font laminer dès le premier tour et traiter d’imposteurs par la presse mondiale mais en plus se comportent comme des gamins de maternelle en s’engueulant devant les caméras et en faisant leur gros caprice, qui renforce encore plus leur image de débiles immatures, voués à entrer dans l’histoire du sport par la porte de la guignolisation planétaire.

copain foot 3.JPGChez les sponsors, c’est la grosse débandade. Ils retirent toutes leurs pubs les uns après les autres, entre Anelka-le-viré-pour-gros-mots qui illustrait la pub de Quick, le Crédit Agricole qui avait mis en scène plusieurs autres Bleus, Adidas qui ne sait plus quoi faire de ses centaines de milliers de maillots de sport portant les noms des ex-dieux vivants devenus les nouveaux bouffons qui font péter la honte, et cætera, et cætera…

Du coup, même moi j’ai parcouru la presse sportive d’hier. Ce qui n’était pas difficile, toute la presse parlait de foot, même si ce n’était pas forcément de sport. Et là, un peu par hasard donc, j’ai eu le regard accroché par le résultat d’un vrai match, avec de vrais joueurs, pendant la vraie coupe du monde.

Un résultat surréaliste pour un match de foot : 7-0. Il s’agissait de celui opposant le Portugal à la Corée du Nord. Pour ceux qui sont encore plus imperméables au foot que moi, je précise qu’un match normal atteint rarement quatre buts et que c’est le Portugal qui en a marqué sept.

J’ai repensé aussitôt à une photo que j’ai prise il y a quelques années à Lisbonne, dans la rue, en fin de journée – des ados jouant au foot sur une petite place pavée, avec un ballon de fortune et des limites de terrain approximatives.

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L’esprit du jeu, le vrai. L’amour du jeu, sincère, pas celui de la gloire et de l’argent. La liberté du jeu, comme ça vient, quand ça vient. L’âme du jeu, le plaisir d’être ensemble pour jouer.

C’est sûr qu’en face de certains de ces gamins devenus les meilleurs footballeurs de leur pays, les joueurs de la Corée de Nord partaient avec un sacré handicap. Chez eux, on ne doit pas jouer dans les rues quand on est gamin. On ne doit probablement pas considérer que taper dans un ballon puisse être un jeu. On ne doit même pas prendre le sport pour un plaisir mais pour un devoir politique.

L’esprit du jeu, c’est sans doute ce que nos Bleus-à-l’âme ont aussi oublié depuis longtemps, au profit (c’est le cas de le dire) du fric à flots et de la mégalomanie boursouflée comme une baudruche. Du coup, en se prenant le retour de volée qu’ils sont en train de se prendre et qu’ils n’ont pas fini de se voir balancer dans les dents, plus rien ne les maintient. Sans âme et sans esprit, il ne leur reste que le clinquant creux qui s’effondre.

Pensées affectueuses pour ces gamins, partout, qui jouent pour jouer. Eux ne peuvent que gagner. L’esprit est toujours plus fort que le score.

Très belle journée à vous

Photos : Anti (le chat footeux) et moi (Lisbonne)

2 Replies to “L'esprit est toujours plus fort que le score”

  1. Kathy Dauthuille Post author

    Je ne m’intéresse pas au foot, mais comme je regarde les informations, je suis amenée à savoir un peu ce qui se passe et j’ai trouvé le comportement des joueurs français navrant ; ils sont loin des parties du foot qui doit être un jeu, un plaisir, un partage.

    Tout à fait d’accord.

  2. valentine Post author

    …et la bonne nouvelle c’est que l’Afrique du Sud a gagné le match cet après-midi 🙂

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