Les abeilles, dont le taux de mortalité explose, sont doublement menacées : par les frelons asiatiques qui progressent et déciment les ruches et par les pesticides tueurs d’abeilles, certains étant toujours autorisés en France. Un article paru dans Vedura aujourd’hui.

Les apiculteurs sont en colère. La survie des abeilles est menacée et tout le monde est pénalisé par cette hécatombe.

Les abeilles sont indispensables pour l’homme et leur rôle de pollinisateur est essentiel pour la sauvegarde de la biodiversité et l’alimentation mondiale. Une étude de l’INRA et du CNRS a estimé la valeur mondiale de l’activité de pollinisation des insectes à 153 milliards d’euros par an sur les cultures alimentaires de l’homme.

Une assemblée générale de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) s’est réunie hier : les inquiétudes des apiculteurs sont nombreuses. La production française de miel stagne autour de 20 000 tonnes au lieu des 32 000 tonnes qui étaient produites il y a 15 ans.

Les pesticides tueurs d’abeilles autorisés en France

La mortalité des abeilles augmente sans cesse. En cause, certains insecticides considérés comme tueurs d’abeilles, dont le Cruiser. Le ministère de l’agriculture vient d’autoriser à nouveau son utilisation en France et est en passe d’homologuer le Proteus, insecticide équivalent au Cruiser de la famille des néonicotinoïdes, accusé de décimer les ruches.

Ces produits phytosanitaires sont fortement soupçonnés de s’attaquer au système nerveux des abeilles. De plus, les plantes traitées sécrètent un liquide toxique présent dans les gouttes issues du phénomène de guttation des plantes, qui tue les abeilles. « On retrouve alors nos abeilles mortes en plein champ. Mais pour les pouvoirs publics, qui ne prennent en compte que les mortalités aiguës, ça ne compte pas » s’insurge la spécialiste des pesticides à l’Union nationale des apiculteurs français (Unaf) Sophie Dugué.

« Alors que le Cruiser est classé insecticide dangereux pour l’environnement, dangereux pour les abeilles, les oiseaux et les mammifères sauvages, et très toxique pour les organismes aquatiques, le Ministère de l’Agriculture vient d’annoncer le renouvellement de son autorisation de mise sur le marché pour l’année 2010… Année internationale de la biodiversité, bienvenue ! » ironise l’UNAF, qui rappelle que l’Italie et l’Allemagne ont interdit le Cruiser dans leur pays.

Le frelon asiatique, mangeur d’abeilles

Les abeilles souffrent également d’un féroce prédateur : le frelon asiatique ou Vespa velutina, espèce invasive désormais présent dans 27 départements français et qui progresse de 100 kilomètres par an.

L’UNAF a interpellé en septembre dernier les pouvoirs publics sur les dangers du frelon asiatique, dont un seul nid peut détruire 5 ruches. « Sur dix de mes ruches en 2007, huit n’ont pas passé l’hiver et deux autres ont tout juste survécu, parce que l’hiver était court: pendant trois semaines, toutes les abeilles qui arrivaient à sortir étaient mangées » explique à l’AFP Richard Legrand, apiculteur et expert à l’UNAF.

Le frelon asiatique menace également d’autres pollinisateurs et est dangereux pour l’homme. « Vespa velutina est très probablement dangereuse pour l’homme dans trois circonstances particulières qui sont les mêmes qu’avec nos espèces autochtones : piqûres multiples ou piqûre unique avec localisation muqueuse ou encore patient allergique au venin d’hyménoptère » précise le comité de coordination de toxicovigilance.

Aucune mesure pour lutter contre le frelon asiatique n’a été mise en oeuvre pour le moment par le gouvernement.

Deuxième photo : Vespa velutina (AFP)