India blues

P2030330.JPGIl s’appelle Rajiv (prénom changé). Il vient de Pondichéry, en Inde. En ce moment, il est hébergé chez Aimé à Nîmes. Aimé, c’est le président de Culture Tibétaine, dont nous avons parlé souvent ici. Hier soir, nous étions chez lui à une douzaine, pour une réunion lors de laquelle il nous a raconté son séjour au Ladakh, où il vient de passer un mois à la suite de la tournée des moines.

Pendant toute la soirée, affairé dans le coin cuisine minuscule, Rajiv préparait des mets plus délicieux les uns que les autres et nous les servait sans dire un mot. Des gourmandises et des desserts de chez lui. Grand, la trentaine, souriant, discret. Nous avions déjà tous mangé, mais impossible de résister aux délices colorés et parfumés qu’il nous poussait sous le nez.

Une fois la réunion terminée, Aimé nous a raconté l’histoire de Rajiv. Le jeune Indien est un informaticien brillant, surdiplômé. En Inde, il bossait pour IBM puis au sein d’une unité antiterroriste. Dans des circonstances pas très claires, il a rencontré une jeune fille, indienne aussi d’origine, mais qui vit en France avec toute sa famille depuis des années et dont tous les membres ont désormais la nationalité française.

P2030327.JPGRajiv a lâché son boulot en Inde pour l’épouser en France et s’installer dans sa belle-famille très aisée. Vie de rêve au début, jusqu’au jour où son épouse met au monde un petit garçon. A partir de là, toute sa vie bascule. Peu après la naissance du bébé, il est répudié et jeté à la rue. Il réalise alors qu’il a été utilisé comme simple reproducteur pour donner un descendant mâle à sa belle-famille. Oui, ce genre d’histoire arrive aussi aux hommes. Il se retrouve sans travail, sans ressources et sans contacts, à des milliers de kilomètres de chez lui.

Il y a quelques jours, sa route a croisé celle d’Aimé, qui se démène depuis pour lui retrouver un emploi au travers de divers organismes qui peuvent l’y aider, peut-être à Nîmes, sinon ailleurs en France. Avant de partir, nous avons tous laissé quelques billets sur la table. Pour remercier Rajiv des délices qu’il nous a cuisinés.

11 Replies to “India blues”

  1. patricya Post author

    C’est horrible de voir ce genre de choses arriver ici chez nous.
    Je suis révoltée par l’attitude de cette famille.Je n’ai pas d’autres adjectifs dignes d’être écrits pour dire ce que je ressens.
    J’espère que ce pauvre homme retrouvera bientôt un travail, une situation et pourra même avoir une partie de la garde de son fils, car je pense qu’il n’a pas non plus le droit de le voir.

  2. catherine Post author

    Hallucinant !!!
    Sinon, si tu as moyen d’avoir un CV, etc… Je fais passer ! On ne sait jamais !

  3. anti Post author

    Bien vu Catherine, j’ai pensé la même chose hier en entendant son histoire : qu’est-ce qu’on peut faire concrètement ? Pour l’instant, je ne vois pas trop, mais on attend des nouvelles de Aimé. Ah ! Évidemment, ce jeune homme parle très bien anglais (pour info en plus).

    L’assemblée générale de « Culture tibétaine » était très intéressante dans la mesure où nous sommes revenus sur la tournée des moines pendant un trèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèsssssssssss looooooooooooooooooong moment.

    Mdrrr quand le comptable expliquait l’opération : « Bon. On a tant dans la caisse. La tournée va coûter 6 fois plus que ce dont nous disposons… Alors ? »  » On fonce ! » lol Comme quoi ! Il faut y croire !!! Yes !!!

    anti, on y croit ! Feu ! Partez !

  4. Adele Riner Post author

    Incroyable cette histoire. J’espère que Rajiv va vite retomber sur ses pieds et faire valoir ses droits.

  5. ramses Post author

    L’histoire de Rajiv est surprenante… En France, on ne « répudie » pas son conjoint, la rupture passe par un divorce… Avec des compensations financières et un droit de visite… J’imagine qu’il n’a pas non plus obtenu la nationalité française, puisqu’il faut 4 ans de mariage (sauf quand on est l’épouse du Chef de l’Etat)… J’espère qu’il va réussir à rebondir et retrouver un autre Amour plus fiable !

  6. sapotille Post author

    Tout comme Ram’…Idem Catherine et Anti. Faites passer le CV..
    Pour l’enfant, il est quasi impossible qu’il ne puisse avoir un droit de visite, s’il était effectivement marié.

  7. Anna Galore Post author

    Je ne vous ai raconté ici que ce que nous en avons appris, les questions que vous soulevez sont pertinentes mais je n’ai pas d’éléments supplémentaires pour y répondre. Ce qui suit est donc un simple commentaire de ma part, pas une information validée.

    – Je ne sais pas quelle est sa nationalité actuelle mais il est probable qu’elle est toujours indienne, comme le fait remarquer Ramses.
    – Il a vraisemblablement un droit de visite, en effet. Reste à savoir s’il arrive à le faire respecter puisqu’il semble tout ignorer du système juridique français.
    – J’ai employé le mot « répudier » parce que c’est celui qui a été utilisé par Aimé. Ce terme n’a, bien entendu, aucun sens juridique en France. Par contre, il reflète une situation concrète : c’est que Rajiv s’est fait jeté dehors et qu’il s’est retrouvé sans rien. Il peut bien sûr faire une action en justice mais (1) il ne parle quasiment pas français et (2) il n’en a sûrement pas les moyens financiers.

  8. catherine Post author

    Pour ce qui est des moyens, il existe quelque chose qui s’appelle aide juridictionnelle et qui permet une prise en charge partielle ou totale des frais d’avocat. J’avais vu cela avec une assistante sociale de mémoire. Mais est-ce qu’une association d’aide aux victimes ne pourrait pas l’aider dans ses démarches vis à vis de ses droits ?

    C’est quand même terrible comme situation ! Je lui souhaite en tous cas beaucoup de courage dans ses démarches ! Et j’ai comme l’impression qu’il est bien entouré, maintenant, non ?

  9. sapotille Post author

    L’aide juridictionelle, il ne pourra sans doute y prétendre que dans certaines conditions..

    http://www.vos-droits.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10062&ssrubrique=10207&article=11138

    S’il n’est pas marié, et qu’il est parti du domicile conjugal sans faire une main courante par exemple, ses chances d’avoir gain de cause pour sa requête seront nulles et on ne la lui accordera pas. C’est un exemple…

    Ce qui fait réfléchir, c’est que une mentalité dans un pays ne se transforme pas aussi vite en passant les frontières… on arrive plus vite dans un autre territoire que dans une autre façon de vivre. En Inde, cet homme aurait pu sans problème passer sans conséquences des mois en dehors de son foyer et revenir sans avoir à donner d’explications. (Il n’a sans doute même pas pu imaginer une seconde l’impact de son départ que celui-ci soit « forcé » d’ailleurs ou non…) Aux Etats-Unis, avec pas mal d’argent c’est idem.
    Ici, ben heu.. si je ne m’abuse, ce … de Napoléon a fait des lois sur le mariage et l’adoption par exemple.. Qui protégeaient un minimum les femmes en cas de séparation ou mauvais traitements…Et faisaient que les hommes y réfléchissaient à deux fois avant de convoler. Voilà aussi une des raisons qui poussaient les femmes à vouloir tant se marier. Ces lois sont quasi totalement mises au rencard actuellement puisqu’on considère que les femmes sont autonomes financièrement. çà se conçoit. C’est comme çà qu’on trouvera bientôt des enfants de quelques semaines en crêche. Et que finalement, l’enfant sera élevé par le plus riche…. A mon avis çà ne va pas arranger la douceur sociale. M’enfin, ce que j’en dis.. J’espère me tromper. Quant à « Rajiv » oui, il y aura du monde avec lui… 😉

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