L'interdiction de penser ? Encore ?

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Je ne connaissais pas cette association « Terre du Ciel » (parrainée par Albert Jacquard entre autre, infos ici et ) mais d’une part cette information m’a été communiquée par Jean-Gabriel Foucaud en qui j’ai une grande confiance et d’autre part, nous avons déjà abordé la question des sectes sur le blog dans différents articles (Voir TAG SECTES, y compris La Miviludes est-elle sectaire ?).

Si la prudence et la vigilance sont de mises, autorisent-elle ceci :

Perquisition au Domaine de Chardenoux – Communiqué de presse

Jeudi 7 janvier à 8h45, 3 voitures déboulaient à toute allure dans la cour d’honneur du Domaine – avant de repartir vers les bureaux.

À 9h précise, une vingtaine d’hommes intimaient au personnel l’ordre de ne plus toucher à rien – ni papier, ni ordinateur, ni téléphone – tandis que 2 fourgons bleus de la gendarmerie se positionnaient devant les 2 entrées du Domaine, et qu’en descendaient des hommes armés, en treillis d’opération militaire : défense d’entrer et de sortir. C’était une perquisition.

Il y avait là des hommes et femmes de la brigade de recherche, brigade financière, Urssaf, inspection du travail – avec un spécialiste de l’informatique et – ce qu’on découvrira à la fin – un médiateur psychologue.

L’ambiance fut celle d’une véritable opération militaire qui mit tout le monde en situation d’hors-la-loi et créa une ambiance de culpabilité traumatisant l’ensemble du personnel pour plusieurs jours.

La perquisition dura de 9h à 18h sans interruption. La moindre pièce et le moindre placard furent visités et fouillés. Des cartons de dossiers furent mis sous scellés et emportés, tous les ordinateurs – (sauf un sauvé in extremis) – soit 16 appareils – furent débranchés et emportés, ainsi que le serveur central, les sauvegardes, les disques durs annexes et tous les logiciels.

Chaque membre du personnel était en permanence encadré de 3 personnes et harcelé de questions ou de remarques ironiques :

Est-ce qu’on vous oblige à porter un uniforme ?

Est-ce qu’on vous oblige à faire de la gymnastique ?

Les repas sont-ils végétariens ? Sont-ils bons ?

D’où viennent les stagiaires ?

À l’évidence, les gendarmes avaient une idée bien précise derrière la tête : nous n’étions pas une entreprise classique et il y avait un « big boss » tout puissant sur les corps et les esprits.

Quelques incidents cependant ébranlèrent leur conviction :

– dans la bibliothèque, il y avait des livres sur toutes les traditions et sur tous les sujets. Cela les étonna.

– ils trouvèrent chez le gérant 2 petites salles de méditation : « Oui, car mon mari et moi, nous ne suivons pas la même voie ».

Le gendarme resta très perplexe sur cette réponse. Cela ne cadrait pas avec le monolithisme culturel et intellectuel supposé du lieu.

Les années précédentes, nous avions déjà eu 2 contrôles fiscaux, 2 contrôles URSSAF et une visite de l’inspection du travail. C’étaient des contrôles « civilisés » où l’on se quittait sur une poignée de mains. Ce fut, cette fois, une opération militaire.

Pourquoi cette différence ? La nature des questions posées et des remarques rend la réponse très claire : les contrôles précédents concernaient une entreprise. Cette fois, il s’agissait d’une « secte », le grand satan de la société actuelle. Les gendarmes ont cherché partout de la drogue, ouvrant et reniflant tous nos flacons de pilules ayurvédiques et d’huiles essentielles, ils ont cherché des virements à l’étranger citant l’Inde à plusieurs reprises, peut-être ont-ils aussi cherché des armes ?

Je crois qu’ils ont été impressionnés par le calme et la dignité de l’ensemble du personnel. Leur psychologue, censé travailler sur ceux qui « pètent les plombs » dans une telle situation, n’a pas eu à intervenir. Tous ses collègues le blaguèrent à ce sujet à la fin de la visite.

On peut penser qu’une telle opération militaire est parfois nécessaire. L’était-elle en ce qui nous concerne ? Ce présupposé manifeste de « secte dangereuse » est-il justifié par les faits ? Pourrait-on alors comprendre l’amitié et la collaboration régulière de tant de personnalités du monde de la culture, des sciences et des arts ? Peut-on comprendre le partenariat officiel que nous accorde la NEF, fondateur de la future « banque éthique européenne » ? Peut-on comprendre l’amitié profonde qui nous lie à de si nombreux religieux de tous bords : catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, bouddhistes, hindouistes et autres ? Terre du Ciel est au contraire bien connu pour sa large ouverture, son désintéressement et son haut niveau d’exigence en terme de qualité de programmes.

L’un des hommes de la perquisition sauva peut-être l’honneur du groupe. S’adressant à Evelyne : « Je regrette, Madame, d’avoir à faire mon travail dans de telles circonstances ».

Un fait demeure : la gendarmerie a emporté tous les ordinateurs, tous les fichiers, tous les carnets d’adresses, beaucoup de dossiers en cours, et beaucoup d’argent provenant du règlement des stages et des abonnements aux revues, et en instance de partir à la banque. Nous sommes pratiquement dans l’impossibilité de continuer à travailler. Nos programmes d’été doivent être bouclés dans un mois. Si ce n’est pas fait nous frôlons la catastrophe, et aujourd’hui nous ne pouvons rien faire. Aucune date ne nous a été donnée pour la restitution du matériel : « l’enquête prime ». Une requête en restitution a été introduite auprès du procureur et nous sommes dans l’attente d’une suite. Nous avons proposé que tous les fichiers soient copiés et sommes prêts à collaborer avec la justice sur ce point.

Je pose la question : l’État français peut-il tuer légalement une entreprise et mettre au chômage 18 salariés avant que celle-ci ne soit jugée ? Est-ce cela l’État républicain, démocratique et laïque dont on nous demande d’être fier ? Est-ce cela la justice de notre pays ? Un état, qui se dit de droit, peut-il bafouer délibérément la présomption d’innocence ?

J’en appelle à l’opinion publique.

Chardenoux, le 19/01/2010
Alain Chevillat
Gérant

contact : soutien.tdc@terre-du-ciel.fr
Avocat : Maitre Hincker – Strasbourg

anti

4 Replies to “L'interdiction de penser ? Encore ?”

  1. Anna Galore

    Choquant, en effet. En faisant une recherche sur le net, je n’ai rien trouvé qui assimile cette association à une secte, à part un unique rapport qui énumère plusieurs centaines de noms, dont celui de Terre du Ciel, sans justifier en quoi que ce soit pourquoi elle se retrouve là (pas plus que les autres de la liste, d’ailleurs). Par contre, elle n’est pas mentionnée en tant que secte sur le site infos-secte.ch qui est particulièrement bien renseigné d’habitude.

    En parcourant le site de Terre du Ciel, je n’ai rien vu qui permette de penser que ces gens-là ont des pratiques sectaires de près ou de loin. En particulier, aucune tentative d’enrôler qui que ce soit ou de lui imposer une doctrine particulière. Au contraire, ils semblent particulièrement ouverts et tolérants sur toutes sortes de croyances. Sauf à penser que toute recherche spirituelle soit a priori sectaire ? Dans ce cas, il va aussi falloir perquisitionner les églises, les temples, les cours de yoga, les cercles philosophiques, etc.

  2. ramses

    Ecoeurant et inquiétant… Le temps des bûchers en place de Grève n’est plus très éloigné…

    On a encore le droit de penser, à condition que ce soit dans des limites soigneusement balisées à l’avance…

    Il fut un temps où il était de bon ton d’avoir un Evêque à sa table… Maintenant, c’est le « médiateur psychologue » que l’on retrouve partout, vous avez remarqué ? Que ce soit dans les petites catastrophes ou les pires inquisitions…

  3. anti

    Communiqué du jeudi 21 avril 2010

    La « perquisition musclée » des locaux de Terre du Ciel a eu lieu il y a plus de 100 jours et nous n’avons toujours aucune information officielle sur ce qui nous est reproché.

    Par contre des rumeurs nous parviennent sur les activités des gendarmes :

    – Plusieurs employés ont été convoqués pour entretien. Les questions semblaient concerner surtout une recherche de travail au noir.

    – Plusieurs intervenants (tous ?) viennent de recevoir un questionnaire sur leurs relations de travail avec Terre du Ciel. Sont considérés : le lien de subordination, les qualifications, les déclarations administratives.
    Nous pensons que là est le point de litige principal : l’URSSAF voudrait requalifier en salariat ce que nous considérons prestation de service sans lien de subordination. Je crois qu’il est notoire que lorsque Terre du Ciel a fait confiance à un intervenant, il le laisse entièrement libre de sa parole, de son action et de son mode de fonctionnement. Plusieurs intervenants l’exprimaient clairement dans la réunion publique du 27/02 à Louhans. Nous sommes une plateforme de soutien à des paroles libres et pas une « école de pensée » avec « ligne du parti ». Il n’y aucun enseignement « Terre du Ciel ».
    De même nous n’avons jamais demandé à voir les diplômes des intervenants – et cela risque de nous être reproché. Etant moi-même autodidacte, j’ai mes propres critères d’évaluation des compétences qui sont très « intuitifs et globaux ». La « technicité professionnelle » est pour nous secondaire, la « qualité humaine » est première.

    – Mardi matin, coup de tonnerre : le Crédit Lyonnais de Louhans nous refuse l’ouverture d’un compte ! Pourquoi ? « C’est comme cela ! » Nous n’avons jamais eu d’incident bancaire ni de découvert, et sommes l’un des plus gros comptes de cette petite agence. Alors, pourquoi ? La directrice finit par me dire qu’elle avait eu, à notre sujet, un contrôle de l’inspection financière.
    « Ont-ils trouvé des irrégularités ?
    – Non
    – Ont-ils trouvé quelque chose d’illégal ?
    – Non
    – Alors pourquoi refusez vous ?
    – Cela ne vient pas de moi, finit-elle par avouer. »

    C’est très grave. Que l’on soit sanctionné pour faute, c’est juste. Que l’on soit sanctionné sans faute, cela devient « le fait du Prince ». On n’est plus en démocratie.
    Il est probable que le contrôle – légitime – ait été diligenté par le procureur, mais ce refus d’ouverture d’un compte n’est le fait ni du fisc, di de l’URSSAF, ni de l’inspection du travail. On peut y voir clairement l’usage, par les banques, de listes noires qu’elles n’ont pas créées elles-mêmes mais dont on peut deviner facilement le pourvoyeur.

    C’est tout à fait la stratégie classique de la Miviludes envers les groupes alternatifs qu’elle a choisi de pourchasser. Elle commence par les « stigmatiser » (ancienne liste des 172 et actuel référentiel de 600 structures) et leur met des bâtons dans les roues. Le premier c’est, bien sûr, le harcèlement administratif (contrôles tatillons de toutes sortes) et l’empêchement de travailler par saisie légale de matériel (voir nos « vols » d’ordinateurs qui ont bloqué notre travail pendant un mois et ne nous ont été rendus que sous la pression – dans d’autres cas ils n’ont jamais été rendus). Puis il y a ces « recettes » que Georges Fenech a bien expliqué à tous les maires de France : refus de salles municipales, refus de permis de construire… ces 1000 petites choses qui sont du bon vouloir de l’administration et des entreprises liées au Pouvoir – refus de compte bancaire !
    On se rappellera qu’il y a quelques années les banques avaient aussi refusé l’ouverture d’un compte au Centre de Amma – qui aura sûrement un jour le prix Nobel de la Paix… !

    On ne soulignera jamais assez l’incompétence de la Miviludes, qui n’a d’égale que sa malveillance et sa malhonnêteté. Sur ce dernier point, les documents réunis par le CICNS sont édifiants en même temps que consternants. On ne peut que militer avec eux pour la suppression de cette officine, et la création d’un « Observatoire indépendant des minorités spirituelles, thérapeutiques et éducatives ».

    Mais pourquoi, malgré tous ses défauts bien visibles, la Miviludes continue-t-elle à exister ?
    Ceux qui veulent savoir savent depuis longtemps que les sectes sont un « non-problème », comme l’a exprimé Emmanuelle Mignon, alors directrice du cabinet du Président de la République. Mais son courage lui a peut être coûté son poste.
    Les « sectes » cristallisent une partie du mécontentement social en étant proposées en boucs émissaires consensuels. Même les médias ne remettent pas cela en question car tout le monde y trouve son compte. Chaque époque, chaque culture a eu ses boucs émissaires : les juifs, les communistes, les francs-maçons, …

    Georges Fenech bâtit sa carrière politique en bon serviteur de l’Etat, en chevalier blanc d’une cause imaginaire, d’un problème inventé (voir les documents du CICNS), en Don Quichotte cynique pourchasseur de moulins à vent. Ce serait risible si ce n’était pas si destructeur.
    Son dernier rapport renchérit sur le besoin de lutter contre les médecines naturelles, le nutritionnisme, le chamanisme, le reiki… Mais pour qui se prend-il ? Le laisserons-nous faire ? Le pays est en train d’être quadrillé pour séparer les bons citoyens des mauvais. Pouvons nous accepter cela ? Lui avons-nous demandé de penser pour nous ? L’avons-nous mandaté pour être notre directeur de conscience ? Tout son discours sur la protection des faibles contre les manipulations mentales est du bla-bla justificatif. Pourquoi les psychologues, sociologues et experts des religions sont ils absents de la Miviludes ? Eux seraient compétents pour en parler. Pourquoi la Miviludes ne s’en prend-elle pas à la publicité qui est experte reconnue en manipulation mentale ? La Miviludes, dans sa profonde incompétence et l’étendue de son pouvoir, est une honte pour la France.

    A voir la tournure récente des événements, chacun de nous est aujourd’hui menacé dans sa qualité de libre citoyen, et la société dans son ensemble vire à la dictature. 17 % de « créatifs culturels » en France, c’est 10 millions de français menacés. La situation devient grave.

    Lors du Forum de Pentecôte nous devrons prendre acte de cette situation et définir des lignes de conduite. Il faut faire disparaître cette ignominie du paysage français.

    A bientôt,
    Amicalement,

    Alain Chevillat

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