Les moines joyeux

P9210334.JPGP9210335.JPGAh quelle soirée, encore une fois ! Les six moines et Aimé sont arrivés vers 20h30. Nous leur avions préparé un couscous, dans une recette adaptée puisque certains d’entre eux sont végétariens.

A peine entrés dans notre séjour, ils tombent en arrêt devant notre tangka en bois de Tara la Blanche et juste après devant un autre tangka, sur tissu celui-là, qui montre une divinité courroucée surplombant la roue des réincarnations. L’un des moines nous a gratifiés d’une description de tous les éléments qui la composent. La divinité courroucée représente l’Ego, cause de toutes les souffrances, quelle que soit la forme de vie par laquelle nous passons. C’était absolument passionnant de le voir expliquer chaque détail représenté et chaque symbole exprimé.

Tout le reste de la soirée s’est passé dans les rires, confirmant ainsi la longue expérience que j’ai des lamas et moines tibétains. A l’instar de leur figure suprême le Dalaï Lama, ces gens-là rient à tout bout de champ et c’est communicatif. Même Gwlad et Dorian, qui craignaient de passer une soirée ennuyeuse, sont restés là jusqu’au bout, totalement hilares malgré la barrière de la langue.

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Déjà, les enfants ont entraîné d’emblée deux des moines dans la chambre de Dorian pour regarder un extrait de Tigres et Dragons. Quand j’ai entrouvert la porte, je les ai vus, morts de rire, assis comme ils pouvaient entre les lits superposés.

P9210343.JPGP9210337.JPGEnsuite, il y a eu cet autre moine, sérieux comme un pape (si j’ose dire), en train de jouer avec Santiago ou de tenter de faire le Rubik’s cube, longue école de sagesse s’il en est.

Et puis encore cet autre, qui voulait à tout prix essayer toutes mes percussions à commencer par le gong.

Et tous ces autres moments impossibles à retranscrire mais heureusement capturés sur quelques photos.

Et un moment empli d’émotion, quand j’ai montré aux moines mes textes tibétains datant de plus de trente ans, mon mala, mon nom initiatique écrit de la main de Pawo Rimpoché et surtout, les photos du Karmapa et celle de son oiseau dont je n’ai toujours pas raconté l’histoire ici (il faut que je le fasse, promis).

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Après le repas, j’ai passé sur l’écran de la télé l’ensemble des photos que j’ai prises d’eux ces derniers jours. Ils semblaient fascinés par leur mandala, me faisant revenir sur certaines vues. Nous leur avons aussi montré quelques photos des autres lamas, originaires du Ladakh comme eux, que nous avons rencontré en région parisienne et qu’ils connaissaient aussi. Ils en parlaient avec beaucoup d’admiration.

Et puis encore des rires et pour finir, un au revoir plein de gaité après nous avoir passé des katas blanches autour du cou en remerciement.

L’euphorie emplit encore la pièce une heure après leur départ au moment où j’écris ces lignes. Elle s’ajoute à celle ambiante qui baigne notre maison depuis que le bonheur y habite.

Très belle journée à tous

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6 Replies to “Les moines joyeux”

  1. anti Post author

    Un grand moment de bonheur et de simplicité. Les enfants conquis et hilares à plaisanter avec ces moines venus de l’autre bout du monde. Émotion aussi quand mon fiston est arrivé dans la cuisine, les yeux brillants et sourire aux lèvre : « T’as vu ?! Non mais t’as vu ?! On dirait papa ! » Et là, sur le visage de ce moine que je cotoyais depuis plusieurs jours avec une impression de déjà vu, je retrouvais effectivement les traits de feu Michel. C’était… énorme pour Dorian je pense. D’autant plus que Michel était aussi très proche de la pensée bouddhiste; c’était comme un signe de sa présence auprès des enfants.

    Comme l’expliquait bien Anna, la barrière de la langue était vraiment illusion 😉 Toutes les 11 personnes à table communiquaient sans problème. Ils ont même réussi à faire manger du yaourt nature (et sans sucre) à Dorian et mieux encore, à le toucher et à le prendre en photo avec son consentement !!! Ineucrédibeuleuh beut trou !!!

    Gwladys était sous le charme aussi. Elle les a bien fait rire aussi. C’était passionnant de voir dans son regard l’intérêt qu’elle portait à nos échanges. Elle comprenait et enregistrait tout à fait l’importance de parler anglais puisque c’est ainsi que nous parlions hier, quelques moines faisant le lien de l’anglais vers le tibétains et Anna et moi, celui vers le français. Ravie quand l’un des moines nous à dit qu’il fallait qu’on enseigne l’anglais à nos enfants, que c’était important pour leur avenir. Oui ! Oui !

    Heureuse comme une gamine aussi que j’étais quand l’un d’eux m’a donné mon premier cours de tibétain : récitation de l’alphabet et composition de « aom » écriture et sons composés, etc. Il était très touché lui aussi de voir mon intérêt pour leur culture présente jusque dans les cailloux « Om mani padme hum » que j’aime faire de temps en temps et surtout dans la volonté d’apprendre leur langue. Sa joie quand je lui ai montré les cours. Une vraie motivation à trouver le temps de m’y mettre !

    Grande émotion saine dans ce grand moment de partage. Et Tara ! Qu’ils étaient heureux de la retrouver ici !!! Tara qui aussi reçu sa kata 😉

    Soupir de bonheur…

    Quelle paix règne dans cette maison !

    anti, cui-cui, cui-cui…

  2. saporond.. vive la Bretagne Post author

    On peut dire que
    Quand les lamas entrent dans une maison, le bonheur y entre aussi…
    (même s’l y était déjà! ;-)))

    et puis tu as raison, Anti on ne cuit jamais assez.

    Pour les mexicains (si je me souviens bien) des dires du (vieux) chamane..
    (Une personne « bien cuite » est une personne, comment dire, « polie » au sens profond du terme.
    une persistance des vieux rites de « cuisson » dans les saunas rituels genre temescals ou autres?

  3. Anna Galore Post author

    Une autre anecdote racontée par Dorian : ce sont les moines eux-mêmes qui ont choisi le DVD de « Tigres et Dragons » et qui lui ont demandé à voir les scènes d’action en disant « Kung fu ! Kung fu ! ».

    Dorian m’ayant donné son autorisation, j’ai ajouté dans la note une photo où on le voit avec les deux moines en train de regarder le DVD.

  4. anti Post author

    Trop bien ! Qu’est-ce qu’il était content ce soir là ! Ah ! Et il m’a dit que ses copains y sont quand même un peu nuls, parce qu’ils se foutaient royalement de son aventure quand il leur a raconté son dîner avec les moines.

    J’ai exprimé ma surprise sur leurs œillères, complètement fermés à l’extérieur qu’ils sont ses potes. Il m’a répondu : « Mais moi aussi, j’suis assez renfermé, mais quand même ! C’est intéressant ! » C.Q.F.D.

    anti, heureuse maman.

  5. Anna Galore Post author

    Intéressant, en effet. Cela dit, les enfants pensaient eux-mêmes, avant de rencontrer les moines, qu’ils allaient passer une soirée ennuyeuse et c’est assez « normal ». Imaginez-vous dire à un collègue de boulot « Hier, j’ai passé la soirée avec des moines », il est vraisemblable que sa première pensée ne sera pas « Oh super, qu’est-ce que tu as dû te marrer ! ». En général, le mot « moine » n’est pas associé à « grosse partie de rire ».

    Le rire est très présent dans la culture bouddhiste tibétaine et je crois qu’il est lié à un précepte fortement ancré dans cette philosophie, celui de joie de vivre. En effet, selon le bouddhisme, dans le cycle des réincarnations il n’existe qu’un seul type d’êtres vivants qui peut espérer atteindre l’état d’éveil, ce sont les humains. Le fait de (re)naître dans une enveloppe humaine est donc perçu comme une chance extraordinaire, d’où l’expression bouddhiste « précieux corps humain ». Les lamas, les moines et tous ceux qui partagent leurs vues s’en réjouissent tous les jours. D’où leur joie permanente, largement exprimée par leurs sourires et leurs rires.

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