Véronika décide de mourir

000172580.jpgJ’ai lu ce week-end « Véronika décide de mourir » de Paolo Coelho.

Véronika décide de mourir, ça raconte quoi ? Ca raconte l’histoire de Véronika, une jeune femme qui a les mêmes rêves, les mêmes désirs que tous les jeunes gens du monde. Elle a un métier raisonnable et vit dans un petit appartement en Slovénie, à Ljubljana, s’offrant ainsi le plaisir d’avoir un coin à elle.
Elle fréquente les bars, rencontre des hommes. Pourtant elle n’est pas heureuse. Quelque chose lui manque. Alors, le matin du 11 novembre 1997, elle décide de mourir mais elle se rate.

Elle arrive alors à Vilette, l’asile de fous la capitale. Commence alors une fulgurante prise de conscience pour la jeune femme qui apprend là-bas, que de toute façon, elle n’a plus que quelques jours à vivre puisqu’elle a une grave maladie du coeur.

Imagination et rêves, amour et folie. Désir et mort. Alors qu’elle s’approche de la mort, Veronika se rend compte que chaque moment de la vie constitue un choix, celui de vivre, ou d’abandonner. Veronika expérimente de nouveaux plaisirs et découvre qu’il y a toujours une sens à la vie. Mais la vie est courte.

Dès les premières pages, je me suis laissée complètement aller à l’écriture de Paolo Coehlo. J’aime beaucoup sa manière d’écrire je dois dire.

On y parle du poète Preseren, de la douceur de la vie. C’est une impression de douceur que je retiens de cette lecture en fait, malgré la rudesse des choses évoquées. On y rencontre un personnage particulièrement attachant, Eduard, un schizophrène de bonne famille. Ce personnage est en réalité complètement inspiré de la vie de Paolo Coelho qui fréquentait l’école jésuite de San Ignacio, mais présenta rapidement une âme rebelle face à l’éducation des Pères. Ses parents le voulait ingénieur, mais leur fils aimait le théâtre.

Ainsi, son père, désemparé par cet enfant difficile, le fit interner dans un hôpital psychiatrique alors qu’il n’avait que dix-sept ans…

Ah ! Être différent… C’est tout le sujet du roman, assumer et accomplir sa part d’inutile folie, apprendre à être fous pour devenir sages et surtout enfin, courir le risque d’être en vie. Paolo Coelho aborde cela en passant par nos peurs les plus universelles que sont la différence, la sexualité, nos désirs et nos fantasmes inavoués, et bien sûr, la peur de la mort, toutes ces peurs qui nous empoisonnent d’Amertume, véritable poison appelé Vitriol dans le livre. Il termine par ce qui peut tout sublimer : l’Amour.

En douceur, à sa façon, il nous montre que, bien souvent, nous perdons notre temps et notre énergie à refuser de voir, à refuser de changer, à nous défendre de tout et de rien, que nous oublions, que là-haut, notre esprit se rit bien de toutes ces difficultés.

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Un passage que j’ai aimé particulièrement raconte l’histoire d’un maître de la tradition soufie :

« Nasrudin fit savoir que la conférence se tiendrait à deux heures de l’après-midi, poursuivit l’homme, et ce fut un succès : les mille places furent aussitôt vendues, et près de sept cents personnes restèrent dehors pour suivre le débat grâce à un circuit fermé de télévision.

« A deux heures précises, un assistant de Nasrudin vint annoncer que, pour une raison de force majeure, le débat serait retardé. Certains se levèrent, indignés, demandèrent la restitution de leur argent et partirent. Néanmoins, il restait encore beaucoup de monde dans la salle et à l’extérieur.

« A partir de quatre heures de l’après-midi, le maître soufi n’étant toujours pas apparu, les gens quittèrent peu à peu la salle et réclamèrent le remboursement : la journée de travail se terminait, c’était le moment de rentrer chez soi. A six heures, les mille sept cents spectateurs du début n’étaient plus qu’une petite centaine.

« A ce moment, Nasrudin entra. Il paraissait complètement ivre, et il commença à adresser des plaisanteries galantes à une belle jeune fille assise au premier rang. La surprise passée, les assistants s’offusquèrent : comment cet homme pouvait-il se comporter ainsi après les avoir fait attendre pendant quatre heures? Des murmures de désapprobation se firent entendre, mais le maître soufi ne leur prêta aucune attention : il répéta, en hurlant, que la jeune fille était sexy, et il lui proposa de l’accompagner lors de son voyage en France. »

« Drôle de maître, pensa Veronika. Heureusement que je n’ai jamais cru à ces histoires. »

« Après avoir proféré quelques jurons à l’adresse des protestataires, Nasrudin tenta de se lever puis il s’effondra lourdement. Révoltés, les gens décidèrent de s’en aller, criant que tout cela n’était que charlatanisme et menaçant de dénoncer à la presse ce spectacle dégradant.

« Neuf personnes restèrent dans la salle. Et dès que le groupe d’auditeurs scandalisés eut quitté l’enceinte, Nasrudin se leva; il était sobre, ses yeux irradiaient la lumière, et il était entouré d’une aura de respectabilité et de sagesse.

“ Vous qui êtes ici, c’est vous qui devez m’entendre, déclara-t-il. Vous êtes passés par les deux épreuves les plus difficiles sur le chemin spirituel : la patience d’attendre le bon moment, et le courage de n’être pas déçus par ce que vous trouviez. A vous je vais donner mon enseignement. ”

« Et Nasrudin partagea avec eux quelques-unes des techniques soufies. »

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« Il faudrait parvenir à cette sagesse élémentaire de considérer les ténèbres où nous allons sans plus d’angoisse que les ténèbres d’où nous venons. Ainsi, la vie prend son vrai sens : un moment de lumière. »

Paul Guimard extrait de : « Le mauvais temps » (cité par Antiochus)

Disponible en roman gratuit version PDF sur le site de l’auteur.

Plusieurs autres livres sont disponibles gratuitement sur le blog de l’auteur : Blog Paolo Coehlo, dont « The way of the bow » qui a l’air bien tentant.

Myspace Paolo Coelho, site de Paolo Coelho.

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Les photos ont été prise au centre équestre « Le Centaure ». Sources Wiki, site et blog de l’auteur.

10 Replies to “Véronika décide de mourir”

  1. Anna Galore

    Livre remarquable, très particulier. Le fait que Coelho s’y soit mis en scène l’éclaire d’une lumière supplémentaire. Lumière, oui, car ce livre, magré son thème, est tout sauf sombre. Je l’ai lu juste après « L’Alchimiste » que je venais de découvrir après des millions d’autres.

    L’extrait sur le maître soufi est tout simplement une merveille !

  2. anti

    « C’est fragile une lecture »

    C’est très vrai. Comme une écoute d’ailleurs, bref comme toutes les perceptions en fait.

    J’aime bien relire de temps en temps « l’Alchimiste » aussi. Les notes que je prends à plusieurs années d’intervalle sont souvent complètement différentes.

    Je n’ai pas encore lu « La sorcière de Portobello » mais j’en ai très envie depuis que j’ai fait cette note.

    Vierge, Sainte, Martyre ou Folle ?
    Qui est Athéna ?

    Athéna a un don de la nature.

    Fille adoptive d’une riche famille libanaise, elle part vivre à Londres avec sa famille lorsque la guerre éclate dans leur pays, une guerre dont elle a prédit l’avènement et la gravité. A l’université, elle fait la connaissance de celui qui sera le père de son enfant. Les deux jeunes gens surmontent les difficultés et se marient contre l’avis de leurs familles respectives, mais leur mariage ne résiste pas longtemps aux vicissitudes de la vie moderne.

    Devenue mère elle-même, Athéna ne peut s’empêcher de penser à celle qui l’a mise au monde, et part à sa recherche en Roumanie – elle est gitane et s’appelle Lilian. Athéna veut comprendre comment sa mère a pu l’abandonner. Ce qu’elle va découvrir lors de ce voyage changera le cours de sa vie et de celle de son entourage.

    Ainsi est née celle qu’on appellera bientôt la sorcière de Portobello qui, au risque de provoquer sa propre perte, mettra ses pouvoirs hors du commun au service des autres.

    http://www.lasorcieredeportobello.fr/

    La citation de Paul Guimard m’a scotchée dès la première lecture ! Elle est FANTASTIQUE !

    anti

  3. ramses

    Ce que disent Miss et Anti de la fragilité de la perception est très réel. C’est vrai pour une rencontre, un concert, un musée, une excursion… Selon l’état d’esprit où on se trouve, on peut complètement passer à côté. Pour la lecture, j’essaie d’être en phase à un moment donné avec le thème du bouquin, révélé souvent par la 4ème de couverture, sinon je ne l’apprécierai pas.

    J’ignorais que Paolo Coelho publiait certains de ses romans en pdf…

    A propos, que pensez-vous du livre électronique (e-book) ? L’un d’entre vous en possède t’il un ?

  4. anti

    « Je te le passe si tu ne l’as pas déjà ! »

    Merci Miss. Pas tout de suite, tout de suite, mais à l’occasion, avec plaisir.

    Avant la rédaction de cette note, j’ignorais aussi le fait que P. C. diffusait certains de ses romans gratuitement en pdf. Ce qui est amusant (enfin, c’est ironique…), c’est qu’on les trouve payant sur d’autres sites…

    L’e-book ne me tente absolument pas. J’aime trop toucher, humer, corner un livre ! Et je ne parle pas de tout ce que je griffonne dessus !

    anti

  5. ramses

    Miss,

    « Pour lui, lire sur l’écran n’est pas lire, c’est juste une façon habituelle de fonctionner. »

    J’ai le sentiment que c’est devenu la mienne aussi, c’est pourquoi je me pose la question de l’achat d’un e-book… qui me permettrait peut-être de me détacher un peu du PC !

  6. Antiochus

    Merci Anti d’avoir cité la phrase de Paul Guimard (parfaitement illustrée par la photo) que j’aime infiniment et pour le lien aussi … Tu m’as donné envie de lire ce livre de Paulo Coehlo … mais il me faudrait trois vies pour lire tout ce que je projète de lire, à bientôt !
    Antiochus

  7. anti

    Coucou Antiochus!

    Tu sais que cette phrase m’a scotchée quand je l’ai lue sur ton blog, à un point !!! Oui, la photo me paraissait tout à fait bien adaptée. Contente que tu partages cette impression.

    « il me faudrait trois vies pour lire tout ce que je projète de lire »

    Ah ? Toi aussi 😉

    anti, le temps est illusion.

  8. Catherine

    Blonk !

    En cherchant la citation de F. Lenoir, je tombe sur celle de Paul Guimard !!!

    La journée commence décidément sous le soleil ! :-))

    Je découvre seulement maintenant cet article, comme d’autres articles de cette période ! Je n’étais pas, de toute façon dans l’état d’esprit pour recevoir cela ! Tout est bien !!!

  9. anti

    C’est toujours comme ça ! On trouve au-delà de nos espérance ce qu’on ne cherchait pas forcément 😉

    Bonjour toi ! Curieux, je vois ton nom apparaître et j’ai une soudaine envie de café…

    anti, fais pêter !

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