Toqués de Bach

Les oeuvres de Jean-Sébastien Bach, à la différence de bien d’autres du répertoire classique, sont toujours prisées des groupes de rock, de jazz voire de rap, qu’elles soient reprises telles quelles ou directement inspiratrices de nombreux morceaux actuels. Pourquoi ?

Le journal « 20 minutes » propose un décryptage d’un engouement qui dépasse les siècles.

Au programme de la Folle journée de Nantes, le festival de musique classique qui a lieu jusqu’au 1er février: du Bach. Encore lui? Mais qu’a donc de si particulier ce compositeur, mort en 1750, pour être sans cesse cité? Des groupes nantais de rap et de rock amateurs ont travaillé à des retranscriptions de ses partitions. Une marque de cosmétique a déjà remixé du Bach pour son spot de pub (l’air original, joué au violon, est ici). Muse et Radiohead ont aussi repris des thèmes du compositeur allemand. Même les hard rockeurs se sont pliés à l’exercice, comme Yngwie Malmsteen. Explications.

La musique de Bach a du rythme

«De l’électro au jazz en passant par la pop, tout ce qui est lié au swing, à la pulsation, correspond à la rythmique de Bach, explique à 20minutes.fr Jean-François Zygel, pianiste et créateur de «La Boîte à musique» sur France2. Une rythmique régulière, carrée, sur laquelle il est facile de danser.»

La musique de Bach résiste à tous les instruments

«Il a créé une musique atemporelle qui reste telle quelle quelque soit l’instrument qui la joue», reprend Zygel. Un clavecin comme une guitare électrique. Facile, dans ces conditions, d’y superposer une batterie.

L’efficacité selon Bach

«Les pièces de Bach sont souvent très courtes et ses thèmes facilement identifiables, souligne le pianiste Jean-Frédéric Neuburger. Du coup, les musiciens actuels préfèrent s’en référer à Bach plutôt qu’au « Lac des cygnes »», une œuvre en quatre actes de Tchaïkovski.

La musique de Bach est signe de grandeur

Au XVIIIe siècle, Bach composait pour l’église protestante. Quel rapport avec aujourd’hui? «On a beau vivre dans une société athée, la question religieuse demeure, dit Zygel. Quand les groupes actuels ne peuvent pas tellement parler de Dieu, ils reprennent Bach, dont la musique est imbibée de religion, une façon indirecte de donner un sentiment de grandeur.» Selon Neuburger, c’est le principal point commun entre le jazz et Bach: l’expression de la religion.

La musique de Bach est incontournable

«C’est un fantôme qui hante tout le monde, sourit encore Zygel. Même au XIXe siècle, en pleine période romantique, Mendelssohn a recréé une pièce de Bach, « La Passion selon saint Matthieu », alors qu’il n’avait que 19 ans. Schumann, Liszt et Brahms lui ont aussi fait des hommages appuyés». Considéré comme un monument, citer un air de Bach est presque un passage obligé pour les musiciens, y compris pour ceux qui ne sont pas de formation classique. Un moyen de saluer l’icône.

Source: Alice Antheaume, 20minutes.fr

7 Replies to “Toqués de Bach”

  1. Anna Galore Post author

    Un truc super que j’ai lu un jour: si on prend une partition de bach et qu’on la met à l’envers, lorsqu’on la joue (donc de la fin au début et les deux portées inversées), ça « sonne » toujours Bach.

    C’est très révélateur de sa façon mathématique (géométrique, même) de composer, magnifiquement décrite dans « Gödel, Escher, Bach » de Douglas Hofstadter.

  2. ramses Post author

    Tout est beau chez Bach.

    J’aime particulièrement la musique sacrée, mais ce dont je ne me lasse pas, ce sont les Variations Goldberg par Glenn Gould. J’ai une véritable dévotion pour ce pianiste si particulier, pourtant fort souvent décrié par les puristes.

  3. Anna Galore Post author

    Ah oui alors, quelle fantastique interprétation que celle de Gould !!!!

    J’ai eu le plaisir de voir, en admiration béate, un splendide documentaire sur lui au moment où il enregistrait les Variations. Inoubliable !

  4. ramses Post author

    J’aime aussi beaucoup les Suites pour violoncelle seul enregistrées par Rostropovitch à l’Abbaye de Vézelay (lieu unique, qui vaut le voyage, près d’Auxerre).

    Serge Gainsbourg avait séjourné tout près, peu avant sa mort, à l’Espérance de Marc Menaud (autre lieur remarquable..). On raconte qu’il ne s’est jamais décidé à entrer dans l’Abbaye, près de laquelle il venait roder…

    Jules Roy a écrit un très beau roman sur Vézelay, « Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu », assez surprenant.

    Ca n’a rien à voir, mais je viens de revoir « Une si belle famille » avec Kirk et Michael Douglas. Très beau film, avec une superbe interprétation de Diana Krall « You’ll never know how much I miss you »…

    J’adore aussi Diana Krall et vous invite à écouter ce « I miss you so », extrait de « Love Scenes » :

    http://www.deezer.com/track/876962

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