La trilogie des Qatsi

Qatsi trilogy

Compte tenu de l’actualité mondiale, ça fait un moment déjà que j’ai envie de parler de la trilogie des Qatsis et plus encore depuis que j’ai découvert le blog de Antiochus sur lequel il parle sans cesse de Philip Glass, compositeur à qui l’on doit entre autre les musiques de la trilogie des Qatsis donc, de Kundun, Les animaux amoureux, compositeur aussi de musique de chambre, opéra, musique lyrique, pièces pour piano, etc.

A l’époque, Anna m’avait fait découvrir le premier volet de cette trilogie qui s’étale sur près de 20 ans, trilogie qui a cette particularité d’être basée sur 3 prophéties des indiens Hopis annoncées et explicitées dans la bande annonce de fin du film :

1. Si l’on extrait des choses précieuses de la terre, on invitera (engendrera) le désastre.

2. Près du Jour de Purification, il y aura des toiles d’araignées tissées d’un bout à l’autre du ciel.

3. Une urne de cendres pourrait un jour tomber du ciel et pourrait faire flamber la terre et bouillir les océans.

Koyaanisqatsi est un nom tiré de la langue Hopi (Ko-yaa-nis-qatsi) qui signifie 1. vie folle. 2. vie tumultueuse. 3. vie se désagrégeant. 4. vie déséquilibrée. 5. mode de vie non viable devant être remis en question : l’avancée de la technologie sur la nature.

A la vision de ce film, j’étais à la fois fascinée par cette histoire sans parole et j’étais prise d’une nausée sans nom. Je me sentais sale, j’avais l’impression que ma peau grouillait de vermine. Pouah ! C’est dire si le film est fort et particulièrement bien fait !

Ce qu’on peut en lire sur la wikipédia :

Le film (réalisé par Godfrey Reggio en 1983, musique de Philip Glass, images de Ron Fricke, produit par Francis Ford Coppola) ne raconte pas d’histoire, pas plus qu’il ne constitue un documentaire à proprement parler. Il propose simplement des images où l’on joue sur les échelles d’espace et de temps pour montrer au spectateur le monde où il vit sous un angle différent, et l’inviter lui-même à conclure dans le sens qu’il jugera bon. On peut considérer ce film par moments comme une description enthousiaste de la technologie, parfois au contraire comme une vive critique de celle-ci. Le réalisateur admet avoir voulu montrer ce qu’il nomme la beauté de la bête (allusion sans doute ( ? ) à celle de l’Apocalypse)

Une chose ne fait pas de doute à la vue du film : la technologie qui, il y a peu (du temps des Hopis, par exemple) n’était qu’utilitaire, est maintenant omniprésente et se développe selon sa logique propre. Une image impressionnante d’une ville vue du ciel à différentes échelles se termine par la photographie des circuits d’un microprocesseur; l’image est claire : la population humaine, quand elle est prise dans son ensemble, a à peu près autant de liberté d’action que les électrons dans un microprocesseur. Même si l’individu reste libre, son ensemble, lui, ne l’est plus totalement et n’est pas programmé pour l’être. La frénésie de l’activité urbaine (dans la très esthétique séquence The grid, tournée à l’accéléré) alterne avec une image frappante d’ennui et de vide intérieur des individus quand ils ne sont plus en train de produire (séquences passées au ralenti).

J’ai eu très vite envie de voir la suite.

1988, sort Powaqqatsi (powaq-qatsi (de « powaqa » : sorcier, et « qatsi » : vie), c’est le nom donné par les Indiens Hopi d’Amérique du Nord à une manière d’être, une entité, qui se nourrit des forces vitales des autres êtres dans le but de favoriser sa propre existence.) : Les différentes cultures, le contraste Nord/Sud, Nature/Technologie.

Le film commence par des images très dures d’une centaine de travailleurs du tiers monde au travail, à ciel ouvert, portant sur leur dos en terrain escarpé des sacs apparemment lourds, sur une musique rythmée et aride. Le titre du générique défile alors.
Le reste du film va osciller autour de trois pôles récurrents :

1. La vie simple, mais harmonieuse de plusieurs peuples du monde avant que ceux-ci ne soient au contact avec la technologie : activités traditionnelles sous toutes les latitudes, que l’on devine façonnées par des siècles ou des millénaires de pratique.

2. Des images de séduction, majoritairement d’origine publicitaire, vantant quelques charmes de la vie à l’occidentale et se superposant aux premières.

3. Des scènes symbolisant la vie qui résulte de la transition en cours : certaines reflètent simplement l’inégalité ou les effets secondaires pénibles de l’industrialisation (l’image du jeune garçon qui disparaît dans les fumées d’échappement d’un poids lourd constitue un rappel à la scène de dégagement de poussière marquant le début de la séquence « technologique » de Koyaanisqatsi), d’autres carrément le désespoir, mais un désespoir d’une autre nature que celui de ce premier film, car motivé par la destruction d’une culture et non par le simple vide des existences.

Conformément aux principes de la trilogie, le film ne se veut ni directement politique au sens traditionnel du terme, ni moralisateur. Il se contente de présenter, en évitant la caricature (des aspects positifs du changement sont également montrés), le monde vu par les yeux des réalisateurs, et laissent le spectateur libre de mener sa propre réflexion.

Philip Glass a pris une plus grande part à la réalisation que lors du premier film. Il en a été de même pour Godfrey Reggio, qui s’est davantage impliqué dans ce second opus en raison de la grande variété de cultures à représenter : asiatique, arabo-musulmane, africaine, sud-américaine… L’inspiration des thèmes traditionnels est évidente, la touche finale de Philip Glass leur conférant une unité le temps du film.

Ce volet est mon préféré. Il est d’une beauté renversante et exprime des choses tout en gardant cette particularité : l’usage du verbe en a été écarté délibérément. Le réalisateur confesse avoir même voulu ne pas lui donner de titre ; cela n’étant pas possible pour des raisons légales, c’est pour cela qu’il opta pour un titre culturellement neutre formé de deux mots de la langue des indiens Hopis. Restait alors les images, spectaculaires et très novatrices lors de la sortie du premier film et la musique de Philip Glass, étudiée à merveille pour les accompagner et en renforcer l’effet dramatique.

Enfin, troisième et dernier volet complètement différent, sorti en 2002

Naqoyqatsi ( Life as war )de Na-qoy-qatsi qui signifie 1. Une vie basée sur le meurtre du prochain 2. La guerre comme manière de vivre. 3. (Interprétation) : La violence civilisée.

Très violent mais pas à la manière d’un film d’action, non, c’est juste la violence quotidienne qui y est exprimée et comment ! Les lumières, la vitesse, les bruits… Affolant !

A visiter, le site officiel de la trilogie : qatsi.

Anti

16 Replies to “La trilogie des Qatsi”

  1. Anna Galore

    Quel plaisir de retrouver les Qatsi ici, sur ce blog, où ils ont toute leur place tellement les sujets que nous y traitons sont en phase avec leur message.

    J’ai eu le bonheur (et le choc) de découvrir Koyaanisqatsi lors de sa sortie en salles en France il y a de cela… très longtemps! Par contre, c’est Anti qui m’a permis de voir les deux autres volets, différents, complémentaires, passionnants chacun dans leur sujet.

    Une oeuvre brillante, unique, prenante, inoubliable.

  2. Antiochus

    Merci anti pour cet article dont un des mérites est de rassembler les trois films et de montrer qu’ils constituent une oeuvre artistique complète … J’ai abordé ces films « à l’envers » puisque c’est l’extraordinaire musique composée par Philip Glass (c’est aussi une Oeuvre à part entière) qui m’a poussé à en savoir plus … Il me faudrait maintenant les revoir !

  3. anti

    Ca a été un grand plaisir que celui de me replonger dans cette belle et profonde histoire !

    Effectivment, maintenant, j’éprouve aussi l’envie de les revoir.

    Et de glousser : envie de lire, voir, relire, revoir, aller , retourner, rencontrer, retrouver… en une seule vie ? Vivement le champs des possibles !

    anti, cultivatrice.

  4. Anna Galore

    Ca, c’est la version de Zarathoustra (ou de Mani ou des Cathares, ça revient au même).

    Dans la version de la Genèse et du Zohar, c’est bien Dieu qui crée à partir de la matière (de l’argile, parait-il) et, aucun doute, son bricolage foire complètement et ensuite tout devient très compliqué.

    Lucifer n’a eu que le tort, comme son nom l’indique, de vouloir apporter la lumière. Ah c’est malin 😉

  5. voiedoree

    Bon, reprenons depuis le début…..

    Tout compte fait une autre fois…..

    Dieu n’a pas eu besoin de matière pour créer, comme tu le dis justement dans ton dernier livre il créa avec le verbe, c’est à dire avec la vibration, it is the raison why tout est vibration.

    Lucifer (à cheval) tenta de faire la même chose mais pas assez doué tenta d’utiliser la matière d’où la chute

    aujourd’hui nous sommes encore dans cette spirale matérialiste Luciférienne qui nous a éloigné de l’Esprit et entrainé dans les basses fréquences vibratoires

    alors on rame, on rame

    enfin ce que j’en dit….

    Il y a d’autres versions mais ça revient au même de toute façon Lucifer est une création divine.

    voieéthérée

  6. Anna Galore

    Voui, voui, Dieu crée tout avec son Verbe d’après la Genèse… tout sauf l’homme qu’il crée bel et bien avec de la matière (verset 2.7). Lucifer n’y est vraiment pour rien, du moins pas dans la version racontée dans la Genèse, c’est tout ce que je dis, hein.

    Ensuite, comme tu dis, il y a plein d’autres versions 🙂

  7. Anna Galore

    Ha ben alors, ce que tu dis sur Lucifer, c’est pareil-euh, nananèreuh

    Je cite: « Lucifer, l’ange préféré de Dieu décida un jour de l’égaler. Il voulu créer à partir de la matière. Il merda »

    Annananère 🙂

  8. anti

    « Mais l’argile a été créée avec le verbe

    nananère »

    Vous me faites trop rire tous les deux !

    antimatière.

  9. anti

    « Vivement 😉 »

    Ben, c’est pas dur ça, on a les trois à la maison si ça te (t’en) chante.

    anti, nous sommes tous et (rien que) des passeurs.

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