Deux infinis se rencontrent

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Photo www.cevennes.com/bancilhon/ferme/

Me voici de retour près une semaine tour de France chargée, chargée en tous sens, dont je garde au fond de moi un sentiment d’extrême douceur.

Pour commencer, à peine engagée sur la route avec los niños, je pile, fais demi-tour aussi sec en me disant que vraiment non, je n’avais aucune envie de prendre l’autoroute. Un coup d’œil rapide sur la carte me fait décider de couper par les Cévennes que j’imagine magnifiques, particulièrement en cette saison. De fait, 134 km et 3 heures plus tard, nous sommes ravis. Quel spectacle ! Que de couleurs ! Et que d’émotions !

En route, les enfants sollicitent une pause bien méritée mais : pas dans un grand village, pas ceci, pas cela.
Soit. Nous abordions alors les Gorges du Tarn et là, je vois :
« 1951984484.jpgQuézac 7 km ». Trop fort ! Pour plusieurs raisons et même une que j’ignorais encore.

La première, c’est que dans nos délires (fréquents) avec Anna, je ponctue par un « c’est cela, et que s’apélorio Quézac » à la manière de « Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’ hallu (sic) ». Et aussi car l’eau de Quézac est la préférée de mon fiston. Donc pause dans ce charmantissime village, auquel on accède encore par le vieux pont.

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Petite balade donc. Mmmm et bonheur. C’est tout petit, tout mimi, pas un commerce, dans un cadre absolument divin d’à peine deux à trois cents âmes.

Au détour de la rue principale, je tombe nez à nez avec cette charmante église. Ni une ni deux, j’y vais et là, j’appelle Anna parce que, quand même, c’est fort : je me trouvais dans un haut lieu de pèlerinage de Vierge Noire…

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Photo Jean Layrisse

Pour la petite histoire, un extrait de « Traditions, légendes et sorcellerie de la méditerranée aux Cévennes » de Richard Bessière à lire en ligne, pp.227 et suivantes.

Notre-Dame-de-Quézac

« Dans la première partie du onzième siècle vivait à Quézac un agriculteur du nom de Jacques Deleuze. Un jour qu’il labourait son champ il n’est pas peu surpris de voir tout à coup ses bœufs s’arrêter et refuser obstinément d’avancer. Il les ramène en arrière, leur fait tracer un nouveau sillon. Arrivés au même point, encore les bœufs s’arrêtent et rien ne peut les faire aller plus avant.

Jaques, frappé de cet événement en parla au curé et aux notables. On décida de creuser le sol au lieu marqué, ce qui amena la découverte d’une statue de la Très Sainte-Vierge. L’image fut aussitôt portee à l’église paroissiale mais le lendemain la statue n’y était plus.
Elle était retournée à l’endroit même où on l’avait découverte la veille… Marie voulait être honorée au lieu de découverte. On y bâtit l’église sous le vocable de la Nativité de la Vierge…. ».

La magie était là. Encore. Toujours. Tout souriait en moi. En plus, j’allais ce soir sur les traces de Gabrielle, la sorcière préférée de Anna, aux abords de Domérat, rencontrer une femme spéciale dont l’un des centres d’intérêts est aussi les sorcières.

Nous avons ensuite repris notre route et bénéficié d’un coucher de soleil renversant dans le parc des volcans d’Auvergne, tellement beau que Gwladys en avait les larmes aux yeux, un peu comme celui-ci :

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http://canon.photo.free.fr/photos/photographie.php?photo=175&album=15

Enfin, au bout de la route, après avoir laissé passer hérissons et autres charmantes bébêtes, dans la brume qui se levait, nous sommes arrivés chez Adele… Quelle belle rencontre ! Quelles belles heures passées tous ensemble dans cette ménagerie du bonheur où Adele fille et Gwladys se sont tout de suite trouvées, la preuve en image :

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Difficile mais néanmoins nécessaire de reprendre la route le lendemain, route qui nous menait sur les traces d’un passé trop proche, trop présent, trop violent qu’il nous fallait dépasser, nous approprier pour apprendre à vivre avec.

Sur la route, nous nous sommes encore arrêtés : le château de Chenonceau, problème : Gwladys ne pouvait plus marcher (…ah ?) après une petite chute de cheval, mais les photos de l’entrée, très belles, si ! si ! dixit les mômes ravis de ne pas se taper une visite !, la pagode de Chanteloup, très belle vue de l’autre bout de l’allée « Désolée madame, nous fermons à 17h », il était 17h02. Bref, il fallait y aller quoi, le message était clair 😉

Quelques heures plus tard, nous sommes arrivés à Saint-Nazaire. Il pleuvait dru. Nous pleurions de même. Ce fut un moment difficile, inutile de s’y attarder. Evidemment, impossible pour moi de dormir, j’ai alors commencé à ranger, à redonner vie à cette maison qui est à présent celle des enfants et les enfants, c’est la vie !

Epuisée, ravagée par un trop-plein, une grande envie de me coucher mais une intuition, pas encore, pas encore si tu veux un sommeil réparateur. Il manquait un élément et je l’avais entre mes mains. Je venais de saisir un vieux cadre en bois doré, je le tenais de dos. Je le retournai et tombai des nues en constatant que je n’étais pas seule, mieux, j’étais aidée, depuis toujours et le resterais dans l’avenir, protégée par des forces que je ne maîtrisais pas encore, bien que manifestes. Anna, bien sûr y est étroitement mêlée…

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Je venais de tomber sur une véritable icône de Vierge Noire, peinte à même le bois :

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La semaine ne faisait que commencer…

anti, les infinis se rencontrent

11 Replies to “Deux infinis se rencontrent”

  1. anti

    Une petite remarque amusante et même deux allez ! soyons fous !

    La première concerne le texte de la légende de la Vierge Noire de Quézac que j’ai copié/collé depuis un article d’un prêtre ( Abbé Solanet « Histoire de Notre-Dame de Quézac », Mende, Pauc 1903)puisque je ne pouvais copier depuis google livre et que j’avais la flemme de la retranscrire, donc, ce texte, ben à aucun moment il ne parle de Vierge Noire, mais seulement de Vierge ! Trop fort !

    Ensuite, concernant l’icône, ce qui me frappe c’est qu’elle est peinte d’une telle façon que, lorsqu’on la regarde de côté, elle semble avoir les yeux fermés, puis lorsqu’on avance vers elle de manière à se trouver en face, elle les ouvre. Impressionnant !

    anti

  2. Adele Riner

    C’est magnifique.
    Il n’y a pas de hasard, une fois de plus. Nos chemins sont parsemés de petits cailloux, qui rassemblés forment un tout.

  3. anti

    « Nos chemins sont parsemés de petits cailloux, qui rassemblés forment un tout. »

    «Rassembler ce qui est épars» René Guénon

    XLVI. « Rassembler ce qui est épars »

    Conformément a une formule, la tâche des Maîtres consiste à « répandre la lumière et rassembler ce qui est épars ».

    Dans la tradition hindoue, « ce qui est épars » sont les membres du Purusha primordial qui fut divisé au premier sacrifice accompli par les Dêvas au commencement, et dont naquirent, par cette division même, tous les êtres manifestés. Il s’agit d’une description symbolique du passage de l’unité à la multiplicité, sans laquelle il ne saurait y avoir aucune manifestation.

    Purusha est identique à Prajâpati, le « Seigneur des êtres produits », ceux-ci étant tous issus de lui-même et étant par conséquent regardés en un certain sens comme sa
    « progéniture ».

    Il est aussi Vishwakarma, c’est-à-dire le « Grand Architecte de l’Univers », c’est lui-même qui accomplit le sacrifice en même temps qu’il en est la victime. Les Dêvas ne sont en somme rien d’autre que les « puissances » qu’il porte en lui-même.

    A. Coomaraswamy dit, dans un article, que « l’essentiel, dans le sacrifice, est en premier lieu de diviser, et en second lieu de réunir ». Il comporte donc deux phases complémentaires de « désintégration » et de « réintégration ».

    « […] il faut se souvenir que le vrai nom d’un être n’est pas autre chose, au point de vue traditionnel, que l’expression de l’essence même de cet être; la reconstitution du nom est donc, symboliquement, la même chose que celle de l’être lui-même. » (p. 283)

    « Rassembler ce qui est épars » est la même chose que
    « retrouver la Parole perdue », car, en réalité et dans son sens le plus profond, cette « Parole perdue » n’est autre que le véritable nom du « Grand Architecte de l’Univers ».

    elkorg-projects.blogspot.com/2007/09/ren-gunon-symboles-de-la-science-sacre.html

    anti

  4. lazuli

    .. les parties non peintes devaient être recouvertes de métal précieux et embossées. Les vierges noires des icones le sont souvent parceque les vernis successifs d’huile de lin se sont oxydés et également qu’ils ont absorbé les poussières d’encens..très résineuses.. par contre il y a des profondeurs inimaginables en l’état de nos connaissances actuelles sur les mémoires des métaux utilidsés. Les Maîtres des ateliers « encodaient » les huiles de lin selon un protocole très strict et lié aux rituels et la science a prouvé l’existence d’une « mémoire » de cette huile.(elle poursuit surtout le piste de l’eau, actuellement) la cire également jouait un grand rôle à la fois plastique et symbolique et quasi chamanique; Le travail sur les yeux de la vierge est aussi caractéristique d’une intention ésotérique.
    Anti, tu parleras de l »oracle della luna? »
    les icônes étaiaient considérées réellement comme vivantes, et respectées comme des entités spirituelles agissantes auxquelles on devait le plus grand respect. en avoir chez soi est une hérésie, sauf si, bien sur, c’est elle qui est venue nous visiter? elle a une destination spirituelle et quand elle l’a accomplie, elle doit être brûlée rituellement dans une petite yourte considérée comme la matrice de son futur lieu de renaissance. Elle doit alors être accompagnée comme une âme passant de vie à trépas.. bien sur, les icônes modernes ne sont pas faite entièrement dans cette intention.. un eicône est apelée à un ministère dans l’iconostase, c’est à dire la parois qui sépare la partie ouverte aux fidèles dans l’église, de la partie uniquement consacrée aux prêtres, normalement initiés, purifiés etc.. et dans la stricte observance, de règles sacrées. Comme dans les temples antiques la séparation du saint et du saint des saints..le pronaos du naos.. etc.

  5. anti

    Voui, c’est hach’ment bien ce texte. J’avais beaucoup aimé le lire à l’époque où je suis tombée dessus.

    « René Guénon ne cesse de me fasciner depuis que nos infinis se sont rencontrés…  »

    Tu m’étonnes ! Moi aussi, d’autant plus que j’en avais un a-priori très négatif lorsque je l’ai « rencontré » la première fois dans les propos d’un intégriste musulman fraîchement converti et médisant.

    Lazuli ton commentaire m’intéresse d’autant plus que je suis en train de collecter des informations sur les icônes et l’iconographie. J’suis preneuse de toute piste et/ou info sur toute branches qui s’y rattachent de près ou de loin.

    Bonne soirée !

    Anti

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