Tipiti le rouge-gorge

tipiti

Il y a quelques années, je me suis fait un petit plaisir. J’ai retrouvé LE livre de mon enfance, celui avec lequel j’ai appris à lire, mon premier « vrai » livre : Tipiti le Rouge-Gorge.

C’était le livre de l’école. Ils étaient rangés derrière nous, au fond de la classe et nous attendions le moment de lecture avec impatience tant l’histoire et la langue y étaient belles, sans parler des illustrations d’Hélène Poirié craquantes à souhait dans leur style rétro.

Chaque chapitre, au nombre de 55, faisait 3 à 5 pages. Il était ensuite suivi d’une leçon divisée en plusieurs parties : Expliquons – Réfléchissons – Vocabulaire – Élocution – Rédaction – Orthographe – Conjugaison – Construction de phrases selon les chapitres.

Ce livre raconte l’histoire d’un rouge-gorge. Il commence chez l’oiseleur. Là, on fait connaissance avec Tipiti, son cousin et Arthur le merle noir. Tipiti rêve de recouvrer sa liberté et raconte à son cousin la vie à l’extérieur mais surtout il lui parle de sa vie avant, dans cette maison, avec les enfants, ses amis… Ah ! Comme il serait bon… Et pourquoi pas ? Et si la liberté était possible… commence alors la découverte du monde, de ses bienfaits et de ses dangers jusqu’au retour à la maison du bonheur après bien des péripéties.

On a tous versé une larmichette en lisant ce livre, tous, même les caïds de ma campagne.

J’avais replongé dans cette lecture la peur au ventre d’être déçue. Après tout, je n’avais plus 9 ans. Eh bien non ! La magie a de nouveau opéré, mieux, mes loulous sont littéralement tombés sous le charme à l’époque. Ma choupette en avait avalé 4 chapitres d’un coup d’un seul et mon loulou avait risqué la dispute pour continuer à lire après l’extinction des feux.

Alors, cette oeuvre, elle est de qui ? Eh bien, figurez-vous qu’elle est le fruit du travail d’un homme au destin hors du commun :

« René Guillot (1900-1969) s’embarque en 1925 pour le Sénégal où il enseigne les mathématiques. Il parcourt l’Afrique, se passionnant pour son folklore, sa faune, sa flore.

Quand la guerre survient, il s’engage dans les forces armées américaines, et reçoit la légion d’honneur.

De retour en France, il décide de se consacrer entièrement à l’écriture et publiera plus de cent titres pour la jeunesse. L’essentiel de sa production (romans d’aventure, histoire d’animaux) s’inspire de son expérience africaine.. avec un intérêt réel pour la culture et un point de vue non occidental, qui fait qu’on l’a souvent comparé à Kipling.

Il est le premier et jusqu’ici le seul auteur français à avoir été distingue par le prix Andersen, en 1964, la plus haute distinction internationale de littérature pour la jeunesse. » (Source bibliopoche.com)

Il a aussi reçu le Prix du Roman d’Aventures avec Les Équipages de Peter Hill en 1946 et en 1959, il publie le roman Crin-Blanc d’après le film d’Albert Lamorisse (1952).

Deux de ses romans ont été adaptés au cinéma par Patrick Grandperret : L’Enfant lion (1993, d’après Sirga la lionne) et Le Maître des éléphants (1995, d’après le roman du même titre de 1960).

Bibliographie disponible sur le site de Bibliopoche.

Avant de terminer, je ne résite pas à vous copier un extrait :

« Chapitre 4 : Les leçons de Tipiti.

Le jeune rouge-gorge qui partage la cage de Tipiti est très gentil. Mais c’est bien vrai qu’il est resté encore timide.

Chaque jour, Tipiti apprend quelque chose de nouveau à son petit cousin, qui ne sait pas que le monde est très grand.

« Encore beaucoup plus grand que tu ne penses, dit Tipiti. Tu vois d’ici les maisons de la ville. Plus loin, il y a la campagne, les bois, les ruisseaux où nous, les oiseaux, nous allons boire.

– Qu’est-ce que c’est un ruisseau, Tipiti ?

– Voilà qui est difficile à expliquer.

– Est-ce de l’eau, Tipiti ?

– Oui. Attends ! L’eau qu’on nous apporte dans un petit bocal pour boire et se baigner, elle est comme nous ! Prisonnière ! Elle est enfermée dans sa boîte de verre. Alors, elle ne chante jamais.

– Et l’eau du ruisseau, Tipiti ?

– Elle est libre. Elle court, elle saute les cailloux. Et elle chante. Tu verras… Et les papillons ! Les libellules !

– Qu’est-ce qu’un papillon, Tipiti ?

– Ce n’est ni une fleur ni un oiseau, répond le vieux rouge-gorge. Quand il ne bouge pas, au bout d’un brin d’herbe, le papillon ressemble à une fleur. Quand il vole, on dirait un colibri. »

Du matin au soir, dans la cage d’osier, Tipiti raconte à son gentil cousin toutes les merveilles qu’il a vues dans le monde. Aujourd’hui, Arthur, le merle, est encore venu parler à Tipiti et son jeune protégé.

« Alors Tipiti, dit l’oiseau noir, as-tu dit e beau secret ?

– Pas encore…, fait le vieux rouge-gorge, en baissant la voix. Pour le moment Arthur, je lui apprends tout ce qu’il doit savoir, si un jour son tour doit venir.

– Mais tu sais bien, Tipiti, que c’est une question de chance. Ah, voici que mon maître m’appelle, dit le merle noir. A demain. »

Le merle s’envole au-dessus des cages. Il traverse le magasin. Puis, en sifflotant, il va se poser sur l’épaule du vieux marchand.

Il est temps maintenant que je vous dise quel était le secret espoir de tous ces petits oiseaux prisonniers derrière leur barreaux. Tous ces petits oiseaux qui attendaient leur tour… »

Fin du chapitre

Allez, je fais forcément péter Pierre Perret pour le coup ! La cage aux oiseaux.

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez-les s’envoler c’est beau
Les enfants si vous voyez
Des p’tits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté

Un p’tit dé à coudre
Et trois goutt’ d’eau dedans
Au d’ssus du perchoir
Un os de seiche tout blanc
Et un petit piaf triste de vivre en prison
Ça met du soleil dans la maison
C’est c’ que vous diront
Quelques rentiers vicelards
Des vieux schnocks
Qui n’ont qu’ des trous d’air
Dans l’ cigare
Une fois dans vot’ vie,
Vous qui êtes pas comme eux
Faites un truc qui vous rendra heureux

Si vot’ concierge fait cui-cui sur son balcon
Avec ses perruches importées du Japon
Ses canaris jaunes et ses bengalis
A vot’ tour faites leur guili-guili
Sournoisement exclamez vous
 » Dieu ! quel plumage ! « 
Mais chère Madame
On vous demande au 3ème étage
Et dès que la bignole aura l’ dos tourné
Même si on doit pas vous l’ pardonner

Ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux
Regardez les s’envoler, c’est beau
les enfants si vous voyez
Des petits oiseaux prisonniers
Ouvrez-leur la porte vers la liberté

Rigolo, il a même son blog ce p’tit oiseau, avec Mirou en prime !
Le Tipiti blog

Enfin, même si Tipiti n’est plus édité, avec un peu de chance et beaucoup de persévérance on peut le trouver d’occasion sur le net. On peut aussi le relire en ligne, version scannée, ici : Plick !

anti, « C’est en écrivant qu’on devient écriveron, Et c’est en jouant au bûcheron que Léonard de Vinci ».

21 Replies to “Tipiti le rouge-gorge”

  1. startine Post author

    Très émouvante, cette plongée dans les livres qui ont marqué notre enfance et ont su éveiller chez nous l’appétit pour la lecture, un cryptage magique qui ouvre des horizons infinis…

    Merci d’avoir pris la peine de recopier un chapitre !

  2. anti Post author

    Je ne l’avais pas vu comme ça Startine, mais en même temps c’est vrai. Du coup, ça me fait penser à « Ardoise » de Philippe Djian. Un tout petit livre que je n’ai encore jamais réussi à lire en entier… « Ardoise », c’est « Philippe Djian qui rend hommage aux dix livres qui ont marqué sa vie et qui ont fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. De vingt à trente ans, Philippe Djian a lu comme un fou et a retenu dix livres dont il nous offre sa lecture personnelle et passionnée : L’attrape-cœurs de Jérôme David Salinger ; Mort à crédit de Louis Ferdinand Céline ; Du monde entier de Blaise Cendars ; Sur la route de Jack Kerouac ; Moby Dick de Herman Melville ; La cruxifiction en rose de Henry Miller ; Tandis que j’agonise de William Faulkner ; Le vieil homme et la mer de Ernest Hemingway ; l’œuvre intégrale de Richard Brautigan ; l’œuvre intégrale de Raymond Clevie Carver. »
    Alors le truc, c’est qu’il commence par l’attrape-coeur que j’ai aussi adoré ado et qu’il en parle tellement bien que je pose « Ardoise » et file relire « L’attrape -coeur » aussi sec.

    anti, c’est la vie.

  3. alex D Post author

    Un magnifique livre que j’ai découvert moi aussi quand j’étais en primaire (fin des années 70).
    Là c’était la maitresse (en CM1) qui nous le lisait comme chaque soir quelques minutes avant la fin des classes.
    Cette même année on avait fait des oiseaux en pompom, j’avais appelé le mien Tipiti évidemment.

    Il y a un autre livre de la même époque que je n’arrive pas à retrouver: « Raymond le chat qui parle », une histoire de chat qui parle comme le titre l’indique. La couverture du livre était verte ou jaune, format allongé mais j’ai cherché partout sans succès.

  4. anti Post author

    «  »Raymond le chat qui parle », une histoire de chat qui parle comme le titre l’indique. La couverture du livre était verte ou jaune, format allongé mais j’ai cherché partout sans succès. »

    Vous avez frappé à la bonne porte, j’adore chercher (spa Valentine ?). Alors…

    L’auteur est C. Mazori

    La couverture était jaune : http://pmcdn.priceminister.com/photo/756406848.jpg

    ou pas : http://www.amazon.fr/raymond-chat-c-marozi/dp/287639006X

    Rien en vente en ce moment… Pensez à mettre des alertes sur Priceminister 😉

  5. diego Giardina Post author

    Bonjour,

    Tipiti le rouge gorge a été mon premeir livre de remise de prixau CP comme cela se faisait autrefois. Et puis je l’ai perdu et puis retrouvé par le plus grand des hasards dans un marché au puce et puis reperdu, et voilà que je le recherche. Pouvez-vous m’aider à l’aquérir?
    merci de votre aide

  6. Philippe Leger Post author

    Tout comme vous j’ai appris à lire avec « Tipiti » & je me souviens que mes parents avaient fait une offre d’achat à l’école malgrés nos faibles ressources, mais niet! Les années ont passées (j’ai 50ans) & je me suis promis de le retrouver pour l’offrir à ma petite nièce Sophie (je n’ ai pas d’enfant, hélas). Alors si vous pouviez m’aider je vous en serais énormément reconnaissant.
    Merci

  7. Chantal Post author

    merci merci que de souvenirs……….., j’adorais tellement ce livre que j’avais adopté un oiseau
    que j’ai bien sur appelé Tipiti !!!

  8. diane hardy Post author

    Bonjour,
    Je demeure dans la ville de Québec, au Canada, et lorsque j’étais jeune nous avions le livre Tipiti le rouge-gorge comme livre de lecture à la fin des années 60. J’aimerais savoir si c’est dans ce livre qu’il y a une histoire où de jeunes enfants ont fait déborder un robinet dans la cuisine et s’amusent comme s’ils étaient des pirates je crois. Il y avait aussi une histoire où il était question d’un capitaine de bâteau qui voulait absolument tuer la baleine Mobidick et qui criait « hardis, les gars, elle est à nous! »
    Si ces histoires ne sont pas dans ce livre, est-ce que quelqu’un sait dans qu’elle livre elles se trouvaient ?

  9. Sydo90

    Bonjour, c’est en cherchant ce livre que je suis arrivée sur le blog. Comme vous,j’ai un souvenir impérissable de ce livre que j’ai eu en CE1 (j’ai 50 ans). Et moi aussi j’ai eu la larme à l’oeil à certains passages. J’ai hâte de le ravoir entre les mains.

  10. Marie-Jo

    Bonjour
    Formidable, j’y pense depuis des années et je vais de ce pas tacher de l’acquerir. Sans enfant également à 50 ans c’est à mes 3 nièces que je vais l’offrir.
    Merci a vous
    Marie-Jo de Tours

  11. Paul MEYER

    Bonjour,
    Je suis tombé sur votre blog un peu par hasard et moi aussi j’ai appris à lire sur ce livre.
    Je devais avoir 5 ou 6 ans et je me souviens pourtant parfaitement, un peu plus de 35 ans après, de n’avoir pas pu retenir mes larmes lorsque nous avions vu en classe le chapitre sur la mort de Tipiti. Pour ne pas dire que c’était à cause du livre j’avais prétexté à la maitresse que j’avais très mal au ventre… Elle m’avait cru ou avait fait semblant de me croire 🙂

  12. anti

    Bonjour Paul,

    Merci pour ce souvenir d’enfance. Ah ! Tipiti… Il a laissé des traces indélébiles chez de nombreux enfants à l’époque !

  13. Claire

    Je viens de découvrir votre blog. Nous vivions dans un petit village très isolé au Cameroun (travail de mes parents). Tipiti le rouge gorge était mon livre de lecture. Il me faisait rêver. Je l’ai glissé dans mes bagages lorsque nous sommes revenus en France. Je l’ai toujours. Heureuse de voir que je ne suis pas la seule à aimer ce livre.

  14. DRUGEAU

    Bonjour, je suis a la recherche de cet ouvrage car moi aussi, j’ai lu ce livre. J’ai contacté l’école mais il n’y a plus ce livre dans les archives.je suis grand père depuis juin et j’aimerais bien un jour le faire découvrir a mon petit fils Si vous en connaissez un a vendre à un prix raisonnable, merci de me contacter.

  15. Didier

    Bonjour,

    Moi aussi, étant né en 1964, j’ai appris à lire avec Tipiti le rouge-gorge dont je garde un souvenir précis et ému après toutes ces décennies. Je me rappelle le plaisir de lire et les illustrations. Je suis tres perplexe sur la difficulté des enfants actuels à lire correctement et à aimer lire, qui constitue pour moi un très grand plaisir et un enrichissement de la pensée des auteurs. Je me suis posé la même question, est il possible de retrouver ce livre? Un peu plus tard, le roman de Renard était mon livre chéri que je connaissais par cœur. Tout ceci est bien loin.

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