Chaleur

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En cette période des Feux de la Saint Jean d’été, je voulais vous faire savoir combien j’ai été très touchée par vos mots, cartes, appels, visites en cette période particulièrement bousculée de ma vie et vous remercier du fond du coeur.

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La Saint Jean se rapporte au symbolisme des portes, très riche :

Symbole de l’ambiguïté, point de départs et d’arrivées, lien entre les mondes et les états de l’être, dans la mythologie grecque, la porte est associée à la dyade Janus-Jana. Le dieu à double visage, Janus, est perçu comme le patron du mois de janvier – le seuil entre l’année passée et le nouvel an -, et, en même temps, il est le gardien des solstices; Jana-Diane, comme déesse de grandes initiations, garde la porte des mystères. En fait, dans la mentalité générale, chaque porte ouvre un chemin, c’est-à-dire elle offre l’accès à la connaissance, à l’initiation. Entre le monde des vivants et celui des morts, il y a aussi des portes du paradis ou du ciel qui s’ouvrent pour les âmes des décédés, mais, parfois pour les vivants également. Pendant la nuit de la Résurrection ou celle de la Saint-Jean-Baptiste, le ciel est ouvert à tout le monde. Pour Eliade, la mort même est une porte. Dans la ballade Mioritza, elle est placée à l’entrée du paradis, suggérant le sens mystique qu’ont les symboles du paysage: « Le seuil, la porte montrent d’une façon immédiate et concrète la solution de continuité de l’espace; d’où leur grande importance religieuse, car ils sont tout ensemble les symboles et les véhicules du passage. »

Stéphane (Forêt interdite) évoque le symbole de Janus, par sa relation avec Ciru Partenie, son double; il passe par la porte ouverte pendant la nuit de la Saint-Jean-Baptiste. C’est toujours ainsi que Dominique Matei (Le Temps d’un centenaire) se lève au-delà de l’histoire, parce qu’il est foudroyé pendant la nuit de la Résurrection. Ceux qui trouvent la porte de la mort avant de mourir sont sauvés, ce qui se passe aussi avec Biriº (Forêt interdite), qui, enfermé et torturé, entre la vie et la mort, découvre la porte qui le mène à l’éternité. Pour Dayan il y a une porte entrouverte, une petite chance de se sauver qu’il utilise. Bien que son accès à la mémoire collective soit seulement partiel, Dayan se délivre de la réalité oppressive et il entre dans le jardin du paradis, pendant la nuit de la Saint-Jean-Baptiste. La porte étroite, explique Eliade, « suggère le passage dangereux ». À côté de l’initiation, de la mort, de l’extase mystique, de la croyance, la connaissance absolue est équivalente, dans les doctrines judaïque et chrétienne, à un passage d’un état d’être à un autre et réalise une vraie mutation ontologique ». Étant question d’un passage paradoxal, qui « implique toujours une rupture et une transcendance », la porte étroite ou entrouverte devient, dans plusieurs traditions réligieuses, le signe du danger, d’une tentative risquée et dramatique.

Tout comme le pont, la porte place l’être dans un espace de transition incertaine, mais aussi de confirmation d’une victoire, pour celui qui est conscient qu’il se trouve entre les mondes. Mais pour Egor (Mademoiselle Christina) le passage par la porte ouverte siginifie l’entrée dans une réalité reflétée: « Egor hésita un moment, puis se décida brusquement et ouvrit la première porte qu’il rencontra. Le sang lui battait puissamment aux tempes. Il demeura la tête appuyée contre la porte, à l’écoute; allait-on entendre à nouveaux les pas de mademoiselle Christina? Le silence s’éternisait. Fatigué, Egor tourna la tête. C’était sa propre chambre. Il était entré sans le savoir dans sa chambre. Toutes ses affaires étaient là: la boîte à cigarettes sur la petite table, et le verre d’où s’évaporaient les ultimes gouttes de cognac. Pourtant, quelle drôle de lumière rassemblait toutes ces choses éparpillées dans la chambre… Comme si on les voyait dans un miroir. » Entre les mondes, où se trouve le revenant, Egor entre dans une chambre similaire, mais qui n’est plus la sienne. La porte qui s’ouvre pendant son rêve est située entre la vie et la mort; elle est seulement la tentation d’un lieu sûr, rempli d’objets familiers, mais où le revenant l’attend. Comme frontière entre l’ipséité et l’extérieur, toute porte suppose la rencontre harmonieuse par les noces ou par la mort, car franchir le seuil signifie entrer et pas seulement s’approcher ou venir. L’entrée entre les limites d’un moi inconnu suppose autant l’acceptation de l’intimité de l’Autre, que sa connaissance directe et non-transfigurée. Cette expérience est connotée par le sens des noces et surtout par celui des noces envisagées dans la ballade Mioritza. Mais ici le personnage vit un sentiment de terreur parce que la rencontre ne signifie pas l’acquisition de l’harmonie, mais seulement le blocage aberrant entre les mondes. Par contre, la porte qu’ouvre Gavrilesco dans une situation similaire a le sens qu’on peut identifier dans la ballade de Mioritza; retrouvant la partenaire destinée, il reçoit le droit de sortir du labyrinthe de la mort, vers la forêt verte, c’est-à-dire vers l’éternité. (v. Mort, Pont, La Saint-Jean-Baptiste)

Extrait de DICTIONNAIRE DE SYMBOLES DANS L’OEUVRE DE MIRCEA ELIADE, Coresi, 1997, Tritonic, 2005

anti, Waiting for the sun.

4 Replies to “Chaleur”

  1. Anna Galore

    Le chapitre dont je suis en train de terminer l’écriture s’appelle justement « Les portes du temps ».

    Il s’appuie sur l’histoire du passage de l’année lunaire (qui commençait le 1er mars, mois du dieu Mars) à l’année solaire (qui commence le 1er janvier, Januarius, mois de Janus, le dieu des portes, des passages entre le passé et le futur).

    L’année lunaire était basée sur les phases de la Lune, très faciles à observer. Un an faisait à peu près 13 lunaisons.

    L’année solaire est ancrée sur les deux solstices et les deux équinoxes. Elle est divisée en 12 mois.

    Ce dernier calendrier est celui que nous utilisons toujours de nos jours (à quelques détails près). Il a été conçu par un astronome (et astrologue) égyptien, Sosigène, qui a convaincu Jules César de l’adopter – d’où son nom de calendrier julien.

    Janus, dieu des portes, est ainsi (re)devenu celui qui ouvre et montre le chemin de la nouvelle année.

  2. Netsah (Anna's son)

    Ce qui a de bien avec Anna c’est qu’elle m’apprend toujours plein de choses intéressantes et de manière fascinante. J’ai l’impression d’être un gosse devant un livre d’histoires illustrées O.O tu voudras pas être maman ? XD

    Netsah, so young my friend

  3. Anna Galore

    Si tu veux, je peux aussi te faire les dessins euh ah non ça c’est toi qui les fais le mieux XD

    Anna, we are the champions

  4. Netsah (Anna's son)

    yeah!!!

    the Artist Family bientôt dans votre ville !!! (ou pas..)

    Netsah, fils d’artiste, frère d’artiste, et un peu artiste lui-même àses temps perdus.

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