Rieumes anticorrida

La plupart des habitants de Rieumes, comme la plupart des Français, ne veulent plus des corridas chez eux. C’est déjà le cas partout ailleurs en Haute-Garonne, un département qui a rejeté depuis longtemps ces pratiques barbares… sauf à Rieumes. La corrida, dans cette commune autrement paisible et accueillante, ne doit sa présence qu’à un groupuscule local soutenu, en dépit de toute logique, par la municipalité. C’est ce que nous ont dit et répété de nombreux Rieumois au passage de notre cortège – beaucoup l’ont d’ailleurs spontanément rejoint pour manifester avec nous.

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Il faut dire que Madame le Maire, qu’on présente comme une étoile montante de son parti, a montré en ces circonstances toute son inexpérience et sa maladresse. Son arrêté municipal, rendu public vendredi après-midi, donc bien trop tard pour pouvoir être contesté devant un tribunal administratif avant la manifestation, accumulait des approximations juridiques que n’importe quel tribunal aurait cassées et des mesures se voulant autoritaires alors qu’elles créaient des situations potentiellement explosives pour les responsables de la sécurité.

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Par exemple, elle nous imposait de manifester de 9h à 11h et de 16h à 18h au centre ville, le long d’un parcours déambulant au centre du village. Devions-nous comprendre qu’entre 11h et 16h, nous redevenions des citoyens comme tout le monde et que donc nous pouvions nous rendre aux arènes hors de tout encadrement associatif ? Un cauchemar pour les gendarmes ! Il nous était aussi interdit de « gêner la circulation » et de ne pas produire de « bruits intempestifs et répétés » afin de ne pas incommoder le voisinage. Madame le maire a-t-elle la moindre idée des droits minimaux que la loi garantit pour les manifestations déclarées, comme par exemple occuper les rues où passe le cortège et, bien entendu, pouvoir faire le plus de bruit possible ? Car à quoi servirait une manifestation qui ne dérange personne ? Interdire à des manifestants de faire du bruit en plein jour et en pleine féria, le maire de Vic-Fezensac avait eu la même lubie en juin 2014.

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De fait, nous n’avons tenu aucun compte de la plupart de ces ordres de pacotille. Mieux, nous avons reçu le soutien du directeur de cabinet du préfet pour manifester aux heures qui nous convenaient, c’est-à-dire toute la journée (à part deux courtes pauses pour nous restaurer et nous rafraîchir) et très largement en dehors du centre ville, pour approcher 200 mètres plus près des arènes que ce qu’en disait l’arrêté municipal. Le directeur de cabinet a ajouté que nous pouvions considérer ce rassemblement comme une grande réussite, puisque nous étions selon lui six fois plus nombreux que les fois précédentes.

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Quant aux gendarmes, ils ont eu de bout en bout un comportement parfait à notre égard – pas de violence, pas de gaz lacrymogène, pas de grenades déflagrantes, rien. Il faut dire que la plupart partageaient avec nous une détestation profonde de la corrida et, de plus, se demandaient ce qu’ils faisaient là, aussi nombreux, un dimanche en plein soleil, à surveiller une manifestation pacifique, alors que des missions autrement plus importantes de sécurité les mobilisent déjà en permanence depuis les attentats de janvier, en leur laissant bien trop peu de temps pour récupérer.

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Côté mobilisation, nous étions 450 selon la police, 800 selon nous (peut-être plus au point le plus haut). Soulignons que beaucoup de militants n’ont pas pu venir en raison du fait qu’il s’agissait d’un dimanche – un retour chez eux à l’aube le lendemain ne leur aurait pas permis de se rendre à leur travail.

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Pour autant, beaucoup ont pu s’organiser pour venir de loin : nos amis belges d’Animaux en Péril, arrivés la veille par la route ; des militants de partout en France, grâce à différents moyens de transport (bus, train, covoiturage) ; des représentantes du réseau International Antitauromachie venues spécialement du Portugal, d’Espagne et des Pays-Bas ; sans oublier tous ceux des départements infectés par la gangrène tauromachique – Landes, Gironde, Aude, Gard, Bouches-du-Rhône, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Gers, Hérault et bien sûr, Haute-Garonne. Le CRAC Europe avait également mis en place une navette gratuite entre la gare SNCF de Toulouse et Rieumes, avec six rotations tout au long de la journée.

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La manifestation s’est déroulée de bout en bout sans aucun incident notable de notre part, contredisant une fois encore les paranoïaques qui nous voyaient comme des terroristes (ils ne doivent jamais suivre les infos pour n’avoir aucune idée de ce que sont de vrais terroristes) et conseillaient aux commerçants de baisser leur rideau de fer pour éviter les dégradations. Il n’y en a eu aucune, pas même un pot de fleur renversé, à la différence de ceux cassés par des aficionados ivres le samedi soir – espérons que madame le Maire va faire interpeller ces délinquants minables.

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Quant aux commerçants, ils ne l’ont pas crue une seconde. Ils nous ont même reçus à bras ouverts. Nous ne sommes ni anti-commerçants, ni anti-féria, nous sommes anticorrida.

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Les seuls problèmes de sécurité sont venus des aficionados et de leurs provocations. Nous avons fait reculer dès le début de la manifestation un bus qui comptait se rendre aux arènes en passant à travers notre point de rassemblement, pourtant interdit à la circulation. Il avait à son bord cinq aficionados (oui, cinq, dans un bus de 50 places) qui ont dû terminer à pied en notre compagnie.

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Les gendarmes ne sont pas intervenus pendant cette séquence, malgré les coups de klaxons désespérés du chauffeur qui a fini par battre en retraite.

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A plusieurs reprises, les gendarmes nous ont aidé à refouler fermement des aficionados se croyant très malins de vouloir passer au milieu de notre attroupement pour rejoindre leur spectacle honteux. Ils en ont été pour leurs frais, devant emprunter, furieux et dépités, un long détour à pied pour parvenir au torturodrome et aux buvettes Ricard.

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Plusieurs personnalités ont pu prendre la parole pour dire et redire l’absurdité et l’horreur inacceptables de voir encore des corridas se tenir de nos jours : Jean-Marc Montegnies (président d’Animaux en Péril), Christophe Marie (porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot), Thierry Hély (président de la Fédération des Luttes pour l’Abolition de la Corrida), Jérôme Loison (président de l’Association Rieumoise pour l’Abolition de la Corrida), Marta Esteban (présidente de la plateforme espagnole La Tortura No Es la Cultura), Rita Silva (présidente de l’association portugaise Animal), Estefania Pampin (représentant la plus grosse association anticorrida mondiale, CAS International, Pays-Bas), Gérard Charollois (président de la Convention Vie et Nature) et bien sûr Jean-Pierre Garrigues.

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Après avoir produit autant de nuisances sonores que le permettaient nos moyens pendant toute la durée de chaque séance de supplices, nous avons observé une minute de silence en fin de journée, suivie de l’Agnus Dei de Samuel Barber. L’émotion était totale, même les gendarmes étaient ébranlés.

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Madame le Maire et vous, tous les autres édiles des villes de sang, si vous voulez la paix, arrêtez de tuer. Sinon, nous reviendrons, sans relâche, jusqu’à l’abolition.

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Merci aux associations partenaires, merci à toutes celles et tous ceux qui ont pu venir à Rieumes et qui sont restés toute la journée sous un soleil de plomb avec une énergie admirable, merci à tous les militants qui ont relayé les infos et œuvré à distance, merci à tous ceux qui ont simplement exprimé leur soutien à notre cause commune : la fin de la torture tauromachique, partout dans le monde. Tous unis, comme nous l’étions en ce 28 juin, nous allons vaincre.

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La 4e photo à partir de la fin est de Stéphanie, les autres de moi

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