Contre tous les racismes

Il y a dix ans, les seuls qui parlaient de « racisme anti-blanc » étaient les mouvements d’extrême-droite. Comme souvent, ils identifiaient un problème réel – mais peu répandu – pour en faire une caricature outrancière et catastrophiste, déformée et amplifiée au-delà de toute mesure. Et par « blanc », ils entendaient « français », alors que nombre de nos concitoyens sont Français sans être blancs.

tarik yildiz,éditions du puits de roulle,racisme,racisme anti-blancA les entendre, les « Français de souche » étaient tous en danger de mort face à des hordes barbares déchainées de musulmans qui avaient envahi notre pays et comptaient bien lui appliquer la charia dans ses conséquences les plus brutales et les plus liberticides.

Quand Tarik Yildiz a sorti fin 2010 son petit livre décrivant des cas réels observés dans certaines banlieues (Le racisme anti-blanc – Ne pas en parler un déni de réalité, aux Éditions du Puits de Roulle), son propos a justement été de ne pas laisser ce genre de situations aux seules mains des frontistes et autres suprémacistes de tous poils. Les associations antiracistes avaient en effet comme position de principe de ne pas reconnaître l’expression « racisme anti-blanc » puisqu’elle était promue par l’extrême-droite.

Ceux qui se plaignaient d’insultes à caractère raciste venant de musulmans et qui se tournaient, par exemple, vers SOS Racisme, se trouvaient eux-mêmes taxés de racisme. Écœurés par ce rejet injuste, ils allaient grossir les rangs du seul parti qui semblait leur prêter attention, le FN, même si de façon complètement dévoyée puisqu’il répond à un racisme par un autre.

Le but de Tarik en écrivant ce livre était que le désespoir des victimes de ce type de discrimination ne vienne plus alimenter la montée de l’extrême-droite mais soit entendu des politiques de tous bords et des associations antiracistes.

tarik yildiz,éditions du puits de roulle,racisme,racisme anti-blancDans les mois qui ont suivi la sortie du livre, il n’a intéressé au début que des sites nationalistes ou intégristes chrétiens et des chroniqueurs très marqués à droite, comme au Figaro ou sur RTL. Puis, quelques-uns plus à gauche mais avec moins d’œillères ont donné la parole à Tarik avec sympathie, ne voyant pas en quoi une forme de racisme pouvait être moins condamnable qu’une autre.

Il y a quelques mois, le MRAP a reconnu explicitement l’existence du racisme anti-blanc, ce qui a provoqué un tollé de la part d’autres mouvements antiracistes pour qui il ne pouvait y avoir de racisme que s’il y avait un passé colonial ou esclavagiste. Pourtant, traiter quelqu’un de « sale arabe », « sale youpin » ou « sale nègre » est tout aussi raciste et méprisable que traiter quelqu’un de « sale français » ou de « face de craie ». Les arguties pour décider s’il s’agit là de « vrai » racisme ou de xénophobie ou de « contre-racisme » ou de « racisme inversé » sont, il me semble, plus sémantiques qu’utiles à quoi que ce soit.

La semaine dernière, J.-F. Copé a provoqué un déchainement médiatique en reprenant l’expression « racisme anti-blanc » à son compte, avec des vues non pas humanistes mais purement politiciennes, à quelques semaines de l’élection pour la présidence de l’UMP.

La bonne nouvelle, c’est qu’il a enfin mis le sujet au centre de tous les débats et que, cette fois, absolument tout le monde en a parlé, y compris jusqu’à l’extrême-gauche. Quelques-uns ont certes campé sur leur position, ce qui est leur droit. Mais la plupart ont reconnu l’existence d’un problème réel, quelle que soit la façon dont on le dénomme, y compris – en prenant moult précautions oratoires – SOS Racisme et la LICRA qui, jusque-là, ne voulaient même pas en entendre parler.

Pour Tarik, c’est une douce victoire. Certes, d’autres que lui ont largement écrit sur la question. Mais lui est le premier, à ma connaissance, à l’avoir exprimé de façon dépassionnée et objective. Le fait qu’il soit justement Français « pas de souche » (puisque d’origine turque), musulman et arabophone a donné à son propos un éclairage unique.

Aussi, nous qui avons été là dès le début à vouloir que son livre soit édité et à le soutenir, nous nous réjouissons avec lui de l’éventail impressionnant de médias qui ont parlé de lui, l’AFP en tête – presse écrite, radios, chaînes télé, du Monde à Marianne, de Canal Plus à LCI, de RTL à Beur FM, de BFM à Atlantico, y compris hors de France.

Et ce racisme-là, quel que soit son nom, est enfin sorti de son ghetto. Désormais, quand on cherche « racisme anti-blanc » sur Google, on ne tombe plus uniquement sur des blogs frontistes. On trouve toute la presse.

Tous les racismes sont détestables et tous doivent être combattus.

Très belle journée à vous

Illustrations :
1 – Tarik Yildiz sur le plateau du Grand Journal
2 – Les médias qui ont parlé de Tarik, montage réalisé par Anti et AG (sur une idée d’Anti)

7 Replies to “Contre tous les racismes”

  1. mighe Post author

    Merci, Anti, pour la rapidité de l’envoi ; j’ai été très surprise de le recevoir déjà ce matin !
    Amicalement
    MIGHE

  2. anti Post author

    A lire dans Le Figaro de ce jour :

    Les vérités cachées du racisme anti-Blancs – Par Stéphane Kovacs

    « Mises à l’écart, insultes à répétition, agressions physiques… les témoignages des «Gaulois» des cités sensibles révèlent une réalité que certains préfèrent ignorer.

    Elle n’allait tout de même pas leur avouer qu’elle était «entièrement» française! Elle, la seule Blanche de la classe, constamment asticotée par ses camarades, dans ce lycée professionnel des Hauts-de-Seine, mise à l’écart parce qu’elle n’était «pas comme eux». Alors… »

    Lire la suite ici : http://www.editionsdupuitsderoulle.com/Actualit%E9M%E9dias.html#TYFIG051012

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