La forêt des 29 ou l'histoire des Bishnoïs

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Nous avons plusieurs fois parlé des Bishnois sur ce blog. Ce matin, j’ai pris connaissance d’un livre qui devrait ravir plus d’une personne ici, il s’agit de « La forêt des 29 », d’Irène Frain.

Voici une présentation vidéo très intéressante :

62546145.jpgDaniel Fattore, sur son blog, en a fait une critique passionnante :

Vingt-neuf règles pour une vie proche de la nature

Le titre du dernier roman historique d’Irène Frain, « La Forêt de 29 », est pour le moins énigmatique: qui sont, que sont donc ces 29 ? La réponse étonne les personnages de cet ouvrage, qui vient de paraître aux éditions Michel Lafon. Et elle ne manquera pas de surprendre également le lecteur, qui se retrouve embarqué dans des pages méconnues de l’histoire du Rajasthan et, plus généralement de l’Inde. Méconnues, mais qui trouvent une actualité étonnante à notre époque, qui cherche, avec plus ou moins de sincérité et de bonne volonté, à réapprendre le respect de la nature.

Le souffle épique de ce roman naît de quelques traits stylistiques et narratifs qu’on identifie rapidement. Il y a avant tout l’évocation immédiate des « charans », présentés comme des vagabonds au sens littéraire aigu, qui colportent légendes et rumeurs, amplifiées et déformées au besoin, aux quatre coins de l’Inde. L’auteur choisit par ailleurs un style globalement très écrit, voire soutenu, où les mots et les tours plus familiers paraissent et donnent aux éléments qu’ils évoquent un caractère concret. Enfin, quelques majuscules bien placées suffisent à donner au tout une couleur d’épopée.

Cela se met au service de la destinée du peuple des Bishnoï, ou « Vingt-Neuf », groupe de population indien qui, pressentant la rareté des ressources naturelles du fait de l’expérience du désert et de ses impitoyables sécheresses, choisit de les épargner à sa façon. Celle-ci passe par un respect inconditionnel des arbres et de la vie animale, édicté par 29 règles, tantôt évidentes, tantôt étranges (végétarisme, respect absolu des arbres et des antilopes), qui se sont mises en place peu à peu dans les débuts de cette société. Les bishnoï vivent-ils une religion de la nature? Cette étiquette est récusée: tout en assumant une forme de panthéisme sans visage (si ce n’est celui des multiples créatures, parcelles de divin), ils présentent leur philosophie comme un art de vivre, pas forcément éloigné d’un certain « think global, act local ».

Le lecteur pourra certes regretter le côté didactique de certaines pages, en particulier dans la seconde partie du roman, ainsi que le rappel parfois « légaliste » du numéro des règles respectées ; reste cependant que l’auteur parvient, en retraçant le devenir de cette société, à dépeindre une écologie qui se veut et se fait vraiment proche de la nature, dans le but de s’intégrer à un tout plus vaste – cela, à l’inverse de l’écologie-spectacle, soucieuse de la durabilité de son électorat plus que de celle du développement, que l’on voit trop souvent sous nos latitudes. Dès lors, persiste l’impression à la fois agaçante et exaltante de savoir que cinq ou six cents ans avant nous, une belle poignée de personnes ont trouvé quelques clés et recettes pour faire fleurir le « Pays de la Mort » et vivre en harmonie avec la nature, beaucoup plus simples que les dispositifs que l’Occidental moyen cherche à mettre en place…

L’initiateur de la destinée bishnoï est Djambo (« la merveille »), qui constitue le personnage moteur du récit.

Lire la suite sur le blog de Daniel Fattore

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Photo Irène Frain

Quelques liens pour poursuivre :

L’article de Wikipédia sur Les Bishnoïs
Sur le site d’Irène Frain, vous pouvez télécharger un dossier de 44 pages pour aller plus loin à la découverte de ce peuple merveilleux (merveille se dit d’ailleurs Djambo en Hindi).
Feuilleter le livre sur Amazon
Parcourir le site internet La forêt des 29

anti

15 Replies to “La forêt des 29 ou l'histoire des Bishnoïs”

  1. Anna Galore

    La philosophie et les actions des Bishnoïs forcent l’admiration. Un modèle tout à fait fascinant, vécu au quotidien par cette population qui a poussé jusqu’au bout la logique du respect de la vie sous toutes ses formes.

    Le livre est tentant !

  2. anti

    « Le livre est tentant ! »

    Tu peux y aller chérie ! Je ne l’ai pas commandé, je me suis déjà lâchée sur autre chose ce matin 😉

    anti, incorrigible lectrice !

  3. DF

    Merci d’avoir relayé mon billet! 🙂
    Ce livre aborde un sujet que je ne connaissais pas – et expose une philosophie intéressante et qui donne à réfléchir, même si certains éléments paraissent étranges ou excessifs. Une leçon pour notre époque?

  4. anti

    Bonjour Daniel et merci à vous pour cette critique complète de l’ouvrage. Pour ma part, j’ai découvert ce peuple grâce à un article paru dans le numéro spécial 30 ans du magazine Géo en mars 2009. Valentine, qui intervient régulièrement sur ce blog, signalait aussi un article sur les Bishnois dans le magazine « Animan » de mai dernier. J’ai grand hâte de lire ce livre !

    anti

  5. valentine

    « ..j’ai pris connaissance d’un livre qui devrait ravir plus d’une personne ici… ». Et comment, je n’avais pas entendu parler du livre d’Irène Frain et je me réjouis de découvrir son récit. Ce peuple des Bishnoïs découvert tout récemment dans un dossier d’Animan ne peut que fasciner tant leurs préceptes de vie sont emprunts de bon sens et ont su perdurer au cours du temps.

    Je salue au passage un compatriote (?) Daniel Fattore. En parcourant son blog, j’ai eu la surprise d’y lire le nom de Annik Mahaim avec laquelle je viens de suivre un cours ayant pour thème le Haïku urbain ainsi qu’une citation de Marc Bonnant:

    « Parler avec exigence, c’est offrir à l’autre le meilleur de ce que peut un esprit. » Et de l’esprit, Marc Bonnant, il en a à revendre!

  6. anti

    « j’ai eu la surprise d’y lire le nom de Annik Mahaim avec laquelle je viens de suivre un cours ayant pour thème le Haïku  »

    Hé hé ! A quand une poésie sur le blog Valentine ?

    anti, curieuse !

  7. valentine

    Ouh là! Valentine est en phase « brouillon ». Mais je peaufine, je peaufine pff pff ! ça a l’air simple comme ça mais que nenni ! 3 petites lignes pour être dans l’essentiel, passionnant!

  8. terrevive

    Déjà, à la première photo, me voilà scotchée !

    Et au fur et à mesure, voici que s’intale la rélexion ; en fait beaucoup de réflexions diverses….. oui, un peuple étonnant !

    Silence .

    Je vais repartir et rester sur la première photo ……°°°°°°

  9. DF

    @Valentine: êtes-vous Suisse? En tout cas, je vous conseille le roman d’Annik Mahaim, qui vient de sortir. Et il faudra que je trouve aussi le roman de Marc Bonnant, « Cunsigliu », mais ça s’annonce compliqué parce qu’il est publié par un petit éditeur…
    Salutations! Et passez mon bonjour à Mme Mahaim, si vous êtes en contact avec elle prochainement.

  10. anti

    Robert Notenboom me disait dernièrement qu’il avait essayé le Ha¨ku mais trouvait l’exercice en français très difficile voire périlleux tant il était au Japon lié à l’art graphique. Je ne connais pas assez pour savoir ce qu’il en est vraiment, mais une chose est sûre, ça doit être loin d’être évident ! C’est notre Réginelle nationale qui faisait de beaux haïkus aussi et Moni se défend pas mal non plus 😉

    Les mots se tarissent
    quand il s’agit de te dire
    mon coeur-précipice. (Monilet)

    de très bon matin
    voilà de chauds petits pains
    allez, zou ! Debout !!!!!!! (Réginelle ;-))

    anti

  11. anti

    « Cunsigliu », mais ça s’annonce compliqué parce qu’il est publié par un petit éditeur…

    Ta ta ta ! Ce n’est pas compliqué de se procurer un livre chez un éditeur indépendant ! Normalement, n’importe quel libraire peut le commander sinon, on le trouve sur le site de la maison d’édition… sauf que là… je n’ai pas trouvé le site de la dite maison. Enfin, il apparait sur de nombreux sites internet :

    http://www.google.fr/search?q=%22Cunsigliu%22+A+Part+Buissonniere&ie=utf-8&oe=utf-8&aq=t&rls=org.mozilla:fr:official&client=firefox-a
    anti

  12. valentine

    Oui Daniel, je suis Lausannoise! Je vais suivre vos conseils de lecture avec plaisir 🙂 Anti est capable de vous dénicher l’indénichable!!! Le Cunsigliu est même en vente à la Fnac! Je vais prendre le temps de parcourir votre blog, pas si souvent de trouver un blog intéressant en Suisse romande….

  13. DF

    @Anti: affaire à suivre – mais la FNAC de Fribourg m’a répondu « impossible ». Il m’a paru paradoxal qu’un auteur suisse, avocat très médiatisé, soit introuvable en librairie; mais bon… Après, effectivement, « Cunsigliu » a même sa page Facebook… peu active, malheureusement.

    @Valentine: la FNAC de Fribourg m’a dit qu’elle ne pouvait pas l’avoir, parce qu’ils avaient arrêté de travailler avec tel intermédiaire susceptible d’assurer des recherches « pointues ». Je vais aller les re-secouer, en leur disant d’aller voir avec leurs confrères de Lausanne. – Merci, par ailleurs, pour le tuyau, pour votre visite et pour vos compliments sur mon blog! 🙂 Bloguez-vous aussi?

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