Dosta ! Campagne contre les clichés anti-rom

dosta.jpgTieri Breit est éditeur de livres de photos pour enfants à Arles. Il vient de lancer une campagne contre les clichés anti-Roms. Il s’agit d’affiches montrant côte à côte un Rom et un non-Rom tenant un panneau sur lequel est écrit « Dosta ! ». Ce mot signifie « ça suffit » en romanes.

« On s’est rendu compte que les protestations et les pétitions finalement ne servaient à rien face à la politique de haine instillée depuis le triste discours de Grenoble qui a stigmatisé cette population« , a déclaré Tieri Breit qui veut entrer en résistance face au harcèlement et à l’exclusion dont souffre tout un peuple.

Le Rom et le non-Rom sont pris en photo devant une porte d’entrée. « C’est symbolique, la porte marque le seuil, on entre ou est reste dehors. Et puis peu de personnes connaissent le mot Dosta, cela va les interpeller« , précise Tieri Briet. Après Arles, il envisage de faire poser les affiches dans les villes qui se sont fait tristement connaître pour leur politique d’exclusion, voire de harcèlement à l’encontre des Roms.

« Ces présences humaines, solidaires, affichées sur les murs d’une ville pourront former peu à peu une population qui refuse en silence une violence faite à un peuple qui n’a ni frontière, ni armée« .

Humaniatrium (soutenue par de nombreuses associations dont celle des gens du voyage Samudaripen) va ainsi réaliser 60 duos de personnages dans quatre régions de l’hexagone. Et déjà, elle a été contactée par des citoyens anglais, italiens ou espagnols qui veulent eux aussi afficher leur indignation.

Cette note emprunte de larges extraits à un article de Jean-Luc Parpaleix pour La Provence

8 Replies to “Dosta ! Campagne contre les clichés anti-rom”

  1. anti Post author

    Une très belle initiative de plus à l’encontre de la stigmatisation de cette population. Bravo !

    Sur le mur de la page Facebook du projet, des personnes postent des photos en hommage à ce projet en posant avec l’affiche « Dosta ». C’est vraiment touchant.

    Je viens de lire aussi cette information, toujours au même endroit :

    Expulsion des Roms de Marseille, janvier 2011

    Comment raconter ? C’est un message hier de Jean Paul Kopp, trésorier des Rencontres Tsiganes et ami des Roms à Marseille. Comme toujours avec lui, les infos sont précises et directes. Une quarantaine de familles Roms ont été à nouveau expulsées à la demande de la mairie de Marseille, lundi 3 janvier au petit matin.

    Un rassemblement est décidé devant la mairie de Marseille, sur le vieux port, par solidarité avec les familles Roms expulsées de ce terrain qu’elles occupaient à Saint-Menet, à quelques kilomètres de là. Recevant le même message, Gigi me dit qu’il veut y aller en scooter depuis Arles, 80 km dans le froid de janvier. C’est le genre de folie douce que j’aime bien. Je lui propose de prendre ma vieille voiture puisque Esmeralda sera elle aussi du voyage, arrivée du Var avant-hier.

    Une heure d’autoroute à raconter ce que vivent les Roms à Nice ou à Arles. Et puis l’émerveillement quand on descend vers la ville et la mer, les quais où mouillent les navires pour Tunis et Alger. Les camions de CRS sont alignés dès la sortie de l’autoroute, qui ont pour mission d’empêcher les caravanes d’arriver jusqu’au port. Par arrêté préfectoral.

    Une autre brigade de CRS a aligné ses véhicules derrière la mairie, tout près de ce bistrot où on prend un café. Tous portent la tenue anti-émeute et patientent sur le trottoir. Il est 10h10 et nous retrouvons quelques personnes des Rencontres Tsiganes ou de la Ligue des droits de l’homme.

    Cheveux blancs, voix émues que le froid fait trembler. Hervé Arnaud, Caroline Godard, Jean-Paul Kopp sont là avec d’autres. Il y a de la tristesse dans leurs visages. Sur les tracts que Caroline tient contre elle, il est écrit que « Tous les citoyens marseillais soucieux du respect de la loi et de l’égalité des droits sont invités à se joindre à cette manifestation de solidarité avec les gens du voyage. »

    Combien sont-ils les marseillais solidaires ? Entre vingt et trente, et quelques journalistes venus recueillir des images et du son. Une caravane est bloquée par les CRS à la sortie de l’autoroute, si bien que les Roms de Saint-Menet arrivent à bord de camionnettes et voitures. Un pick-up aussi, chargé de gamins et d’une poule en train de couver dans sa cage.
    Le temps des Gitans dans le sud. Je les écoute raconter leur colère aux caméras.

    Malgré leur demande d’être reçus en délégation, le maire de Marseille n’a pas daigné répondre autrement que par cette brigade de CRS hargneux, en attente d’affrontement. La haine se lit sur leurs visages, quand ils repoussent plusieurs militants de la Ligue des droits de l’homme qui ont l’âge d’être leurs pères. L’anti-tsiganisme. Ce mot qu’il faut apprendre désormais, depuis peu dans les dictionnaires et incarné ici dans le refus systématique du dialogue de la part d’un élu.

    Alors à qui peuvent-ils parler, ces pères de famille venus avec leurs enfants qui ne savent plus dans quelle école ils doivent aller. Marcel De Mestre a 68 ans. Il est l’aîné de la tribu. Dawson, Angelo, Camille ou Lorenzo sont ses petits enfants. Face à lui se tiennent en rang une vingtaine de CRS et c’est à eux qu’il s’adresse, puisque le maire ne veut pas l’écouter. Il montre l’un d’eux du doigt : « C’est toi qui es venu frapper aux portes des caravanes à 6 heures du matin. C’est toi qui a renversé la table dans la boue. C’est toi qui as donné l’ordre de détruire les caravanes. Ce sont nos maisons. Là où dorment nos enfants avant d’aller à l’école. » L’homme en bleu écoute, je crois qu’il se souvient de ce qu’il a pu faire pour être accusé par un homme en colère. Lorenzo est près de son grand-père, il écoute. Puis il veut me montrer un truc, il me dit de venir et ses cousins le rejoignent. Il monte sur un rebord de pierre et me fait un salto arrière en retombant droit sur ses jambes. Je prends une photo, plusieurs et lui demande qui lui apprend. « Personne » et il en est fier, ça s’entend dans sa voix. Il a raison. Un marin portugais vient me parler de la France. Il a vécu sous Salazar au Portugal, sous Franco en Espagne, sous l’apartheid en Afrique du sud. Il me dit qu’en France il reconnaît la même peur, la même fatigue dans les gestes des gens. Que ça le rend triste lui aussi et qu’il va s’en aller vivre ailleurs.
    C’est une peur qu’il n’aime pas.

    D’autres arrivent devant la mairie. Daniel Labedan, Emilia Sinsoilliez et d’autres visages inconnus. Les Roms s’en vont sur le pick-up, criant « Vive la République » sous les fenêtres de la mairie. Le ciel est gris, Marseille est devenue une ville triste.

    Par : Tieri Briet

  2. riboulet Post author

    Merci pour ces initiatives concernant la défense des Roms, leur dignité et leur droit à exister chez nous.
    Coïncidence ! Avec un ami musicien nous avons réalisé un C.D. dont la première chanson (sur 14), s’appelle « les Roms ».
    Je peux, si vous le souhaitez vous faire parvenir cette chanson dont vous pourrez juger l’opportunité.
    Cordialement,
    Jean Riboulet, artiste peintre et poète

  3. monilet Post author

    Je viens de lire dans « sans abri », le supplément de l’Itinérant, 4 pages très intéressantes sur l’histoire des Roms.
    Je voulais vous citer ce poème de Baudelaire que je journal mentionne :

    /I’IIrs qlli 011/ dOlllll; lieu à cel/e manière de sentir, on n’est plus surpris de les voir ravir sans scrupules de quoi sustenter leur famélique existence à des sociétés qui ont été si barbares pour eux et l’on ne peut s’empêcher d’admirer la grandeur indélébile de l’âme humaine, son élévation, puisque, après de tels et si longs avilissements, elle puise encore en elle-même l’instinct de sa noblesse, s’enorgueillit de saforce’ et liberté, pleure sur son impuissance et sa faiblesse et traduit ces beaux mouvements dans un art admirable. » f. Liszt.

    BAUDELAIRE leur consacra un très beau poème …

    La tribu prophétique aux prunelles ardentes,
    Hier s’est mise en route, emportant ses petits
    Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits,
    Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
    Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
    Le long des chariots où les leurs sont blottis,
    Promenant sur le ciel des yeux appesantis
    Par le morne regret des chimères absentes.
    Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
    Les regardant passer, redouble sa chanson;
    Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
    Fait couler le rocher etfleu~ rir le désert.
    Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert,
    L’empire familier des ténèbres futures.

    NDLR :
    Il est à croire que la licence
    poétique a permis à Baudelaire

    de voir des armes luisantes aux mains des Gitans de son poème … De fait, il semble que les premiers Roms, à leur sortie des rives du Gange, furent d’excellents soldats dans les armées perses ou mongols …
    Comme quoi la poésie peut rendre visionnaire! …
    PRÉJUGÉS …
    Bien qu’aucune statistique sérieuse et documentée ne le signale, les Roms passent pour voleurs, menteurs, escrocs. En un mot, délinquants par « nature ». Délinquants … bien qu’aucune filière importante de trafic de drogue dure, cocaïne, héroïne … ne soit connue d’origine rom. Et notons encore que la prostitution est mal vue par les Roms, et que le métier de souteneur, de macro, n’est pas courant chez les hommes de cette culture. La prostitution n’est pas acceptée au sein des femmes roms. Si elle advient, elle sera accidentelle, comme d’ailleurs chez l’immense majorité des femmes.
    Les poubelles, les squats immondes, les décharges dans lesquels et sur lesquels ils sont le plus souvent contraints de vivre, si cela n’arrange pas leur réputation, n’est pas une caractéristique de leur culture. Ils « vivent dans des décharges », parce que la lisière des forêts leur est inter-
    ‘dite, parce que les chl:lmps à vache sont réservés aux vaches, parce que, en un mot, la Loi Louis Besson de l’an 2000, n’est pas respectée par les maires des communes concernées. Il faut dire que ces maires ont quelques excuses. L’animosité des habitants de ces petites villes de province à l’égard des gens du

    taine reconnaissance de la part des peuples de ces pays.
    En France, l’inoubliable Django Reinhardt, qui déjà musicien admiré Outre-Atlantique, sut vaincre le handicap de la perte de deux doigts de sa main gauche dans l’incendie de sa caravane, et redevenir le maître incontesté de la guitare des années cinquante. Quant au pianiste virtuose Georges Cziffra, il étaitunRomhong.roi~ d’qrigine, naturalisé français. Son père avait joué de la guitare et de la cymbale dans les cabarets parisiens des années précédant le Première guerre mondiale …
    Nous avons tous, un jour ou l’autre, été rêver au cirque. Et là, que ce soit Zavata ou ses successeurs, les Frères Bouglione ou leurs enfants, c’est la culturè rom, manouche, tzigane, qui nous a permis de rire, de frémir ou de pleurer.
    Les sports sont aussi, surtout les soorts de combat comme la

    CHRISTINE BOUTIN
    ET LA « QUESTION ROM »
    « Je pense que des faits délictueux doivent être sanctionnés, mais je n’accepte pas qu’à partir de ce qui s’est passé à Grenoble, on prenne comme boucs émissaires les Roms qui, en l’occurrence, n’y étaient pour rien!
    J’ai donc réagi, car je ne suis pas d’accord pour que l’on stigmatise une cp »!mlmauti. Qu’il y ait des délinquants chez les Roms … c’est sûr, dans toutes les communautés il y en a !
    Une raison supplémentaire de mon étonnement, est que des citoyens européens ne soient pas acceptés en France !
    De toutes façons, tant qu’au plan européen on aura pas établi un véritable partage de la richesse, afin que les gens puissent rester chez eux … parce que chez nous, même dans des conditions de vie épouvantables, ils sont mieux Gue chez eux … ‘

    niveau du département. Je suis allé à la préfecture du département, et là on m’a dit qu’ilfallait résoudre le problème au niveau de la région … On me disait que si on agissait au niveau du département, ça allait attirer ces gens dans le département. Il fallait donc le faire au plan régional. Je suis donc allée à la Région Ile-deFrance … et ,là, il ne fallait pas que la solution’soit’a~ niveau régional, mais national! … Et
    au plan national on a eu la
    Loi Louis Besson qui n’est
    pas suffisante, il « fallait remonter au niveau européen » !
    En fait, pour les gens du voyage, on oublie que ce sont des Français, qui ont une culture différente des sédentaires. Il font peur, mais c’est un problème culturel. La loi oblige les maires de créer des aires d’ accueil, mais les maires rencontrent une opposition de la part

  4. schwarz Post author

    merci de donner aux photographes travaillant pour la reconnaissance des roms ces photos d’Aubervilliers où je ne peux retrouver Gabriela et ses compagnes qui avaient posé pour moi et dont les camps ont été régulièrement détruits par nos autorités.
    ils en feront bon usage j’en suis certaine.. pour cela merci de me donner rapidement le mail qui reçevra ces deux photos. Bien à vous. jpsy

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