Le plus ancien camp Rom de France rasé

Les dizaines de familles Rroms installées aux abords du Stade de France à Saint-Denis ont été chassées, mardi 6 juillet à l’aube, par les forces de l’ordre (source : Secours Catholique)

roms hanul.jpgCela faisait parfois dix ans qu’ils vivaient là, dans le quartier du Hanul à quelques pas du Stade de France, au nord de Paris. Les premiers avaient profité de l’immense chantier pour bâtir sous un pont d’autoroute les premières baraques. Peu à peu dans ce campement, ils s’étaient sédentarisés, leurs enfants avaient été scolarisés et plusieurs avaient reçu une carte de séjour ; et si leur habitat était encore loin de ressembler à une maison ou à un appartement, ils disposaient d’eau et d’électricité.

La veille, le bruit courait qu’une expulsion était probable. Ces dernières semaines n’y en avait-il pas eu plusieurs dans la région ? Certains espéraient encore ; jusqu’à ce que quelqu’un aperçoive des tracteurs et des tractopelles garés le long d’une rue adjacente, prêts à intervenir. Un élément qui s’ajoutait à l’envoi en fourrière dans la soirée de toutes les voitures stationnées près du camp.

Emporter ce qu’on peut

A 6h 15 précises un peloton de CRS a commencé à évacuer chaque logement. Les Rroms n’ont eu que quelques minutes pour rassembler ce qu’ils pouvaient emporter avec eux. Moins d’une heure plus tard, les engins démolisseurs entraient en action tandis que les familles partaient, sacs et couvertures sur les bras ou dans des Caddies de supermarchés.

Sans savoir que devenir, les habitants du camp se sont rassemblés devant la mairie de Saint-Denis. Deux adjoints et le directeur de cabinet du maire se sont entretenus avec eux. Ces derniers ont expliqué qu’ils étaient contre la pérennisation des bidonvilles. Hormis la proposition de passer la nuit dans un gymnase, offre refusée par les expulsés, il leur a été proposé d’intégrer un village d’insertion situé à la porte de Paris.

Les enfants sont parqués

Pour Saimir Mile, le président de l’association La voix des Rroms, les villages d’insertion sont « des camps de réclusion où les résidents sont sélectionnés par des spécialistes du social qui ne connaissent pas les personnes. Les enfants sont parqués. Les visites sont interdites et même travailler, c’est interdit. »

M. Mile explique que ces Rroms, qui n’appartiennent pas à la communauté des Gens du Voyage, ne bénéficient d’aucune aide et sont obligés de mendier pour vivre. Les expulsés du Hanul avaient perdu l’habitude de déménager. En dix ans, 28 enfants sont nés et ont grandi dans le campement.

La plupart des familles expulsées ont passé leur première nuit sous un chapiteau de cirque près de la gare.

Source : Secours Catholique
Photo : Paul Szajner

One Reply to “Le plus ancien camp Rom de France rasé”

  1. anti Post author

    La Voix des Rroms est une association que je suis régulièrement sur le net, des personnes remarquables. Voici ce qu’on peut lire sur leur site :

    Après l’expulsion violente hier matin, les Rroms du Hanul se sont dirigés vers la mairie de Saint-Denis. Suivis à chaque pas par la police, ils y sont arrivés quelques minutes avant l’heure d’ouverture. Cependant, les portes de la mairie sont restées fermées. Un messager a indiqué aux expulsés que le directeur du cabinet du maire recevrait une délégation. Renata et Denisa, deux fillettes nées au Hanul et enregistrées à l’état civil de St-Denis, faisaient partie de la délégation. Après un exposé d’environ 20 minutes où Mme. Haye, adjointe au maire, a mis en valeur l’engagement politique de la ville en faveur des Rroms, Denisa a pu poser la première question : « où allons-nous dormir ce soir ? ». En guise de réponse, la petite fille de 9 ans a pu apprécier un second exposé sur le même thème, cette fois-ci par M. Proult, lui-aussi adjoint au maire. Les deux élus ont maintenu tout au long de l’entretien que la ville n’avait pas de locaux pour un hébergement d’urgence, mais qu’elle faisait beaucoup d’efforts pour les Rroms, notamment avec un « village d’insertion » et avec un discours en faveur de l’ouverture du marché de l’emploi aux Roumains. En effet, M. Braouezec, anciennement député-maire et actuellement président de la Communauté d’agglomération Plaine Commune a posé une question au gouvernement en ce sens il y a quelques jours. Toujours est-il que la ville est contre la pérennisation des bidonvilles et qu’elle a refusé d’ouvrir un gymnase ou un autre local pour héberger en urgence les familles expulsées. Elle se congratule cependant de l’obtention d’une table ronde régionale au mois de septembre au sujet des Rroms qui vivent dans des campements.

    En ce qui concerne l’urgence pour ces familles, la seule proposition de la ville était de se joindre à une demande d’entretien avec la préfecture de la région. Or, comme les solutions éventuellement envisagées dans ce cadre correspondent à quelques nuitées d’hôtel, la proposition n’a pas été jugée sérieuse par les expulsés, et même contradictoire avec les objectifs à long terme affichés, notamment celui de l’ouverture du marché de travail, qui reste de la compétence de l’Etat. Aussi, un membre de la délégation a jugé l’attitude de la ville comme une trahison : « votre soutien n’a été qu’une mise en scène politique, pour faire semblant d’aider les pauvres en bons communistes, mais finalement vous nous jetez dans la rue comme des chiens, comme pendant la seconde guerre mondiale », – a dit M. Boti, ancien habitant du Hanul. Des employés de la Plaine Commune, dirigée par M. Braouezec, accompagnaient les CRS pendant l’expulsion.

    Une fois de plus, comme souvent dans leur histoire européenne de 600 ans, les Rroms ont du se débrouiller par eux-mêmes, aidés par quelques dyonisiens, notamment des artistes, qui détenteurs de l’esprit de solidarité de leur ville.

    A lire aussi l’article sur la conférence de presse donnée lundi, la veille de l’intervention des CRS.

    http://la-voix-des-rroms.agence-presse.net/2010/07/04/conference-de-presse-lundi-5-juillet-a-11-heures-au-hanul-suite-aux-menaces-d%E2%80%99expulsion/

    anti

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *