Un grand coup de jeune

P6030350.JPGEst-ce qu’il vous arrive de vous sentir trop âgé ? Est-ce que vous considérez que votre âge représente un problème, un souci, une source d’inquiétude ? Si la réponse à l’une de ces questions est oui, alors considérez cette affirmation : jamais vous ne serez plus jeune que vous ne l’êtes aujourd’hui. (Merci à Anti qui m’a rapporté cette phrase hier en me citant quelqu’un qui le lui avait dit il y a déjà un certain temps).

Prenez une photo de vous qui date de plusieurs années. Vous trouvez-vous plus jeune sur cette photo ? Oui, bien sûr. Alors, prenez-en une autre de vous aujourd’hui et regardez-la dans quelques années. Vous trouverez sans doute que vous étiez physiquement bien mieux sur cette photo que vous ne l’êtes devenu. Et justement, il s’agit de la photo que vous avez prise aujourd’hui. C’est donc qu’aujourd’hui, vous êtes bien.

Ce qui compte, c’est de regarder votre âge non pas par rapport à ce que vous aimeriez qu’il soit mais tel qu’il est réellement et en en faisant le seul point de référence qui compte. Ce qui est plutôt simple : vous êtes toujours, très exactement, à l’instant précis où vous vous trouvez.

Cela vous permet de prendre certaines remarques sous un tout autre angle. Imaginez qu’une personne beaucoup plus jeune que vous, disons un ado de 13 ans, vous dise : « Tu es le passé et moi, je suis l’avenir ! ». Vous pouvez lui répondre que rien n’est plus faux, c’est le contraire qui est vrai. Pourquoi ? Parce que quand vous, vous aviez 13 ans, c’était dans le passé de cet ado. Et quand lui aura votre âge, ce sera dans un avenir lointain. Ce que voit l’ado en vous regardant, ce n’est pas le passé, c’est son avenir. Et ce qu’il représente à vos yeux, ce n’est pas l’avenir, c’est votre passé. C’est à vous de lui dire : « C’est toi mon passé et moi, ton avenir. »

Nous sommes tous à tout moment ici et maintenant, à l’âge qu’on a, peu importe lequel. Le passé est passé, l’avenir est à venir, seul le présent est présent.

P6030355.JPGVous allez dire que je joue avec les mots. Pas tant que ça. La notion même d’être jeune ou vieux varie au fil de l’histoire de l’humanité. Il y a un million d’années, atteindre l’âge de 20 ans relevait de l’exploit, on était donc considéré comme un vieillard si on dépassait 15 ans. En 1800, l’espérance de vie était de 33 ans. En 1900, elle se situait à 48 ans et à 79 ans en 2000. Il y a cinquante ans, devenir centenaire valait un article dans la presse. Des centenaires, aujourd’hui, on en compte 15 000 rien qu’en France. Un certain nombre de quinquagénaires actuels vivront jusqu’à 120 ou 130 ans.

Des experts pensent que la moitié des personnes qui naissent en ce moment deviendront centenaires – et en bonne santé – et que les plus âgés frôleront les 150 ans. Si on appelle le premier tiers de la vie la jeunesse, le second l’âge adulte et le dernier, le troisième âge, alors on sera considéré comme jeune si on a moins de 50 ans, comme adulte si on a entre 50 et 100 ans et seuls les plus de cent ans seront appelés les vieux.

Ça ne vous donne pas un coup de jeune ?

Depuis deux ans, une nouvelle branche de la biologie avance à pas de géants. Elle s’appelle l’épigénétique, retenez ce mot et surveillez les gens qui en parlent. L’épigénétique consiste en l’étude de la façon dont notre ADN vieillit et s’éteint sous l’influence de l’environnement au sens large : il se recouvre graduellement de « grains de poussière » (des méthyles) qui le paralysent petit à petit depuis la naissance jusqu’à la mort. Il suffirait de le « nettoyer », même un peu, pour le rendre à nouveau jeune (je simplifie, bien sûr). On commence à savoir procéder en partie à ce dépoussiérage moléculaire. Lorsqu’on le maîtrisera, on aura en mains la possibilité de guérir toutes sortes de maladies liées au vieillissement mais également ce qui ressemblera de très près à la mythique fontaine de Jouvence. Il ne s’agit pas de science-fiction mais de science tout court, dont on s’attend à voir les conséquences concrètes dans les toutes prochaines années, sur la maladie d’Alzheimer et le cancer pour commencer.

Fondamentalement, ça ne change rien à ce que je disais plus haut. Un jour, quand un jeunot de 50 balais viendra vous traiter de vieux débris alors que vous en aurez à peine 130, vous pourrez encore et toujours lui répondre : « C’est toi mon passé et moi, ton avenir. »

Très belle journée à tous

19 Replies to “Un grand coup de jeune”

  1. Kathy Dauthuille Post author

    Oui, mais quel aspect doit-on avoir à 130 ans ?
    Tant que l’on vieillit en bonne forme d’accord, mais après…. si l’on ne peut plus rien faire, est-ce un bien ?

  2. Anna Galore Post author

    Il est bien question, avec ces avancées, de vivre beaucoup plus longtemps grâce à une meilleure forme physique et mentale. Il n’est plus rare de voir aujourd’hui un homme de 50 ou 60 ans présenter l’aspect physique d’un quadragénaire des années d’après-guerre. Il n’y a aucune raison de penser que cette évolution ne va pas se poursuivre.

    Concernant l’aspect de façon générale, gageons que si la tranche des plus de 50 ans se met à représenter largement plus de la moitié de la population (ce qui arrivera tôt ou tard et bouleversera bien des choses), ce sera cette majorité-là qui définira la normalité de ce qu’on appellera « beau ».

  3. Kathy Dauthuille Post author

    Merci Anna de ton explication.
    Oui, en fait c’est comme si on tirait sur un élastique.
    Tous les temps de la vie sont étirés.

    Et toujours au moment présent ; l’âge ne compte plus.

  4. anti Post author

    « jamais vous ne serez plus jeune que vous ne l’êtes aujourd’hui. (Merci à Anti qui m’a rapporté cette phrase hier en me citant quelqu’un qui le lui avait dit il y a déjà un certain temps). »

    La phrase de l’amie en question était dans le contexte : « Oh ça va ! Arrête de te plaindre ! Tu ne seras plus jamais aussi jeune et jolie que tu ne l’es aujourd’hui. Je regrette de ne pas en avoir eu conscience quand j’avais ton âge » (j’avais 18 ans à l’époque et une belle saloperie de maladie de peau qui me laissait mains et pieds à vif, en clair, je n’avais plus de peau sur la chair). Ça m’a calmée. Evelyne était professeur de philosophie et est devenue psychanalyste lacanienne. Une très belle femme de 35 ans mon aînée. La portée de ses mots m’a souvent accompagnée dans les moments de doute à quelque niveau que ce soit.

    J’aime bien le choix des photos qui évoquent la piscine, donc l’eau, parce que lorsque j’arrive à me sentir dans l’instant présent, c’est vraiment cette sensation d’être dans l’eau, portée par ce qui m’entoure, soutenue, que je ressens.

    anti

  5. valentine Post author

    Je suis tout à fait d’accord avec cet angle de vue, l’âge est celui que l’on a dans sa tête. Quant à la société, sera-t-elle capable de devancer les progrès de la médecine et à offrir à ces nouveaux « jeunes-vieux » la place qu’ils méritent? Et à quand l’âge de la retraite? Et est-ce que au final, on ne refuse tout simplement pas l’idée de la mort?

  6. Kathy Dauthuille Post author

     » l’eau, parce que lorsque j’arrive à me sentir dans l’instant présent, c’est vraiment cette sensation d’être dans l’eau, portée par ce qui m’entoure, soutenue, que je ressens.  »
    Il est très beau ton ressenti Anti

  7. Kathy Dauthuille Post author

    « on ne refuse tout simplement pas l’idée de la mort? » très bonne question Valentine, et pourtant je pense que l’on ne supporterait pas d’être immortel.

  8. Anna Galore Post author

    « Touch my tears with your lips
    Touch my world with your figer tears
    And we can have forever
    And we can love forever
    Forever is our today

    Who wants to live forever
    Who wants to live forever
    Forever is our today
    Who waits forever anyway »

    (Touche mes larmes de tes lèvres, touche mon monde de tes larmes et nous pouvons obtenir l’éternité et nous pouvons aimer pour toujours, toujours est notre aujourd’hui

    Qui veut vivre pour toujours, qui veut vivre pour toujours, toujours est notre aujourd’hui, qui peut attendre pour toujours ?)

    Extrait de « Who wants to live forever » de Queen, que je mettrai en ligne en fin de journée…

  9. Netsah Post author

    As far I am concerned j’estime avoir tous les ages en même temps. J’ai toujours cette particularité de m’adapter à tous les ages presque instantanément.. Pas toujours une bonne chose, des adultes m’ont souvent pris pour un gamin sans culture parce qu’ils me voyaient me comporter comme tel avec les enfants, des jeunes m’ont pris pour un vieux hasbeen inintéressant pour les mêmes raisons. Le problème ce n’est pas l’age, le problème c’est les idées préconçues et la catégorisation des gens sans même connaître, sans même savoir.

    « on ne refuse tout simplement pas l’idée de la mort ? »

    j’ai envie de dire qu’on a tous une vision différente de la mort.. les religions ont été créé pour nous rassurer à ce sujet (ou nous inquiéter encore plus), et pour les athées dont je fais partie, il y a là encore des milliers de manière de se faire une idée de la mort. Ça va du gothique amoureux de la Mort et de ce qu’on y associe (oui les gothiques ne sont pas des tarés de drogués haineux 😀 ), jusqu’aux pires thanatophobes (tiens Firefox ne connait pas ce mot ^^). Personnellement je vois la mort comme le meilleur traitement à la douleur. Je passerais pour un égoïste si je disais qu’après tout une fois qu’on est mort le reste nous importe peu mais c’est vrai. Je vois le suicide comme un acte purement égoïste même si c’est souvent le résultat d’un dérèglement psychologique, mais le jour où la mort vient naturellement c’est qu’il est temps. On a une espérance de vie de 75 ans.. c’est quoi par rapport à la vie d’une tortue ? d’un arbre ? d’une planète ? Finalement on est surement les seuls à se suicider et les seuls à se soucier de la mort (bien qu’une fois j’ai vu un poisson rouge se suicider mais je pense pas que c’était conscient.. un poisson rouge à une mémoire de quelques secondes xD).
    On y passera tous à un moment ou à un autre, alors profitons de l’instant présent tant que ce n’est pas l’heure.

    « je pense que l’on ne supporterait pas d’être immortel. »

    Je pense que si on était immortel justement ce serait chaotique.. Déjà parce que c’est contre-nature et ensuite parce que justement on n’aurait aucune raison de se battre pour trouver le bonheur. La vie serait fade.. En fait on ne pourrait plus parler de vie.. car si il n’y a pas de mort, il n’y a pas de vie..
    Avec les avancées de la science médicale, l’Homme se destine à être de plus en plus résistant et vivra de plus en plus longtemps. Certains disent même qu’on est aux portes de l’immortalité. J’espère que si c’est vraiment le cas, on nous laissera le choix. C’est vrai que la curiosité me donnerait des fois envie de voir le monde tel qu’il sera dans 100 ans quand on voit comment il a évolué ces cent dernières années mais ça serait surement injuste pour tous ceux qui sont morts depuis des millénaires pour faire chacun leur petite part de cette création qu’est la société.

  10. Netsah Post author

    (j’ai pas terminé ma phrase)
    (…) leur petite part de cette création qu’est la société sans en voir le résultat.

  11. Anna Galore Post author

    « c’est quoi par rapport à la vie d’une tortue ? d’un arbre ? d’une planète ?  »

    Oui, chaque espèce a une idée différente de ce que veut dire vivre vieux. Par exemple, le poisson empereur (qui vit dans les mers tropicales) atteint sa maturité sexuelle à l’âge de 70 ans et vit vraisemblablement 200 ans ou peut-être plus. A l’opposé, certains insectes (nommés à juste titre les éphémères) ne vivent que quelques heures.

    « on est surement les seuls à se suicider »

    Ça, ce n’est pas sûr. Certains autres mammifères (marins) ont parfois un comportement qui ressemble à un suicide, même s’il semble difficile de le prouver. Si c’est le cas, cela signifie qu’ils ont conscience de ce qu’est leur propre vie et donc la possibilité de décider de l’écourter.

    « si il n’y a pas de mort, il n’y a pas de vie »

    Joli 🙂

  12. Netsah Post author

    « Oui, chaque espèce a une idée différente de ce que veut dire vivre vieux. »

    En effet, nous sommes des éphémères. Je soulevais ce point car je pense que justement la vie est courte et qu’au lieu de se pourrir la vie en pensant à la mort, il vaut mieux prendre le temps de vivre.

    « Certains autres mammifères (marins) ont parfois un comportement qui ressemble à un suicide »

    Ah oui exact je me souviens d’avoir vu un reportage sur ce qu’ils appelaient un suicide collectif d’orques, c’était assez impressionnant toutes ces baleines mortes sur une plage. Mais il ne s’agit que de théories non prouvées pour l’instant. On compare des dépressions instinctives et un suicide passif au suicide réfléchi humain. En fait si je me souviens bien pour les orques, ils les comparaient aux lemmings plus connus pour le suicide collectif animal, qui est en fait une réponse naturelle à une surpopulation. Mais je ne me souviens plus ce qu’ils disaient après pour les mammifères marins.

    « Joli 🙂 »

    Merci 😀

  13. Anna Galore Post author

    …et pour les suicides collectifs d’orques, dauphins et autres cétacés, le coupable le plus probable (même si non prouvé formellement) serait la multiplication de signaux envoyés par les sonars de sous-marins en exercice, qui affolent les animaux et leur donnent une indication faussée de la direction vers laquelle ils doivent s’enfuir.

  14. eMmA Post author

    Ah, ça fait du bien !
    Je retourne de ce pas faire l’andouille en chantant et dansant comme une gamine.
    Après je vais lire une histoire réservée (sur la couverture) aux 5-6 ans et peut-être que je me remettrai à la colle juste après.
    Il pleut à verse ? M’en fiche, j’ADOORE et vais quand même aller flâner dans les rues…
    Je vous embrasse les girls,
    eMmA

  15. anti Post author

    Joyeux anniversaire alors Kasimir !!!

    J’espère que tu auras fait une belle promenade eMmA 😉

    anti, jeune S.

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