Severn, la voix de nos enfants

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Vous avez peut-être vu le film Nos enfants nous accuseront ?, de Jean-Paul Jaud dont il a été question sur le blog il y a plus d’un an ? Vous avez été 280.000 à le voir dans les salles de cinéma.

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Vous vous souvenez certainement de Severn dont je vous ai aussi parlé dans la note Ce soir at home ? Mais si ! Cette petite fille qui, du haut de ses 12 ans, interpellait la communauté internationale à la tribune du Sommet Planète Terre à Rio de Janeiro (Brésil) et donnait un discours qui laissait pantois les nombreux diplomates de la salle…

Quel rapport me demanderez-vous ?

Le rapport, c’est que Jean-Paul Jaud nous revient avec un nouveau film dont la sortie est prévue pour fin 2010, nouveau film qui s’intitule Severn, la voix de nos enfants.

Jean-Paul Jaud, cinéaste au nom de la nature

On croirait à un fantôme dans les cultures maraîchères de Bioussac mais c’est un homme qui témoigne derrière la caméra. Son cri du cœur pour la sauvegarde de la planète a crevé l’écran des salles obscures. Jean-Paul Jaud n’est plus seulement un pionnier de la télé. Il est un réalisateur, scénariste et producteur reconnu bien au-delà de la région et de son Etaules natal.

JEAN PAUL JAUD.jpgSon documentaire « Nos enfants nous accuseront », plaidoyer pour le bio et réquisitoire contre la chimie agricole, a attiré quelque 300.000 spectateurs dans les salles depuis l’automne dernier. Un record.

Derrière la cape noire qui protège son écran de contrôle du soleil, il récidive. Il tourne un nouveau long-métrage environnemental depuis vendredi et jusqu’à aujourd’hui en Nord-Charente. Sortie prévue en novembre 2010. Le scénario tire son fil rouge de l’appel lancé en 1992 à Rio par Severn, une Canadienne de 12 ans. «Un discours bouleversant devant tous les décideurs», souligne Jean-Paul Jaud en guerre contre ce « système capitaliste productiviste ultralibéraliste qu’il faut arrêter si on veut s’en sortir ».

Une société de production « pour être libres »

Le cinéaste relaie ce SOS pour sauver la terre. Ce vendredi, il creuse le sillon de la révolte dans les jardins de Nicolas Wisser, maraîcher et maire de Bioussac. Il est là pour saisir les gestes du paysan respectueux de la terre. La vraie terre. Pas celle des OGM et des pesticides. La terre nourricière de ses ancêtres, la terre bio du renouveau. Ils ne sont que six à tourner au milieu des légumes. « Il faut qu’on soit discret. Le rôle du réalisateur est de faire oublier sa caméra », explique Jean-Paul Jaud qui partage sa passion avec son épouse et collaboratrice Béatrice.

Ensemble, ils ont monté leur propre société de production pour être « libres », s’affranchir de toutes les pressions. Ensemble, ils sont « allés au Canada, au Japon pour trouver ce qu’il faut faire pour changer les choses ». « Nous avons sollicité les scientifiques : Pierre Rabhi, un agro-écologiste, Gilles-Eric Séralini, un universitaire canadien, Nicolas Hulot. Nous lançons un appel à Monsieur Lemétayer [président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, NDLR] pour qu’il s’exprime dans ce film », raconte Béatrice en aparté.

Pas « bobo-dupe » mais les pieds dans les guérets, le couple arpente la planète avec sa caméra et sa petite équipe. Pour mieux comprendre cette terre nourricière, confrontée aux agressions chimiques.

Il s’attarde au milieu des paysans qui interprètent une partition universelle. « Acteurs, c’est leur travail. Nicolas a les mêmes gestes que le riziculteur japonais que j’ai filmé l’autre jour. Quand on respecte la terre, elle est généreuse », observe Jean-Paul, entre deux séquences.

Les prises rapides restituent l’essentiel. Le cœur du métier de ceux qui ne sont pas que « des conducteurs d’engins ». Le verbe est sobre, précis. Loin du « moteur ! » assourdissant.

« Attendez, ça tourne. Recule-toi, vas-y, coupe les pieds des poireaux. »

– « Mange ta pomme tranquille, continue, arrête-toi. Regarde vers les aubergines. »

Le réalisateur se veut guide. « On a une trame. Les choses évoluent avec l’actualité, l’inspiration. On engrange des matières, des couleurs. Il y a du non-dit dans les images. Beaucoup d’émotion. Ça parle aux gens », commente Béatrice à mi-mots.

Un plan au milieu des céléris-raves. Un autre derrière les cageots chargés de salades, cucurbitacées et pommes. Un troisième, alors que Nicolas Wisser traverse le ruisseau en sifflotant.

Il n’y a que ce satané avion pour interrompre le tournage. Un passage inopportun qui trouble la complicité entre les cueilleurs de légumes et les chasseurs d’images.

Source : Charente Libre.com

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A lire aussi, en plus des liens indiqués dans le corps de la note : « Nos enfants nous accuseront » : L’interview vérité de la productrice du film
FOOD INC : Achète, mange, meurs et vas te faire food !, FOOD INC : le film scandale sur l’industrie agro-alimentaire américaine.

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5 Replies to “Severn, la voix de nos enfants”

  1. Anna Galore

    C’est BEAU !!!

    Bravo à lui, à eux, pour leur action infatigable. Et beaucoup de respect et d’admiration pour Severn, porte-parole magnifique s’il en est.

  2. valentine

    Oui BRAVO. C’est un sujet qui me préoccupe vraiment. Dans le même ordre d’idée je viens de voir l’annonce du documentaire de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global ». La sortie en salle est prévue le 5 mai en Suisse Romande.^Peut-être est-il déjà sorti en France? Voici ce que je lis à propos du film:

    « Après les films catastrophe sur l’état du monde, Coline Serreau met l’accent sur les remèdes qui pourraient être prescrits à notre pauvre planète, malade de son agriculture. On y apprend le principe de « l’agroforesterie », qui rassemble sur les mêmes parcelles culture, élevage et production forestière. On nous explique la différence entre sol stérile et sol vivant, et on nous raconte la saga des semences. La qualité des intervenants, des témoins-paysans et scientifiques-et des illustrations, l’efficacité du montage font de ce documentaire engagé une leçon de choses claire et vivante. »

    La réalisatrice dit ceci: « Personne n’en a conscience, mais les politiques le savent: l’insécurité alimentaire est massive. L’agriculture ne produit pas de biens alimentaires mais des biens financiers, des marchandises qui ont une valeur sur le marché mondial. La France ne se nourrit pas, la Suisse non plus. L’agriculture française n’est pas faite pour nourrir la population….Il va alloir exiger qu’elle ne nous rende pas malades! En France, il y a une explosion de cancers chez les paysans et on se demande pourquoi. Les patrons des boîtes de pesticides, eux, mangent bio, ils ne sont pas fous! »

  3. Anna Galore

    « En France, il y a une explosion de cancers chez les paysans et on se demande pourquoi »

    On ne se le demande pas vraiment, en fait. Les pesticides sont largement pointés du doigt.

    Par contre, en écho à cette autre phrase de Coline Serreau « L’agriculture ne produit pas de biens alimentaires mais des biens financiers », j’ajoute qu’en France, il y a une explosion de SUICIDES chez les paysans et on sait pourquoi : ils ne parviennent plus à faire bouffer leurs familles tellement les cours de ce qu’ils vendent (oui, ce sont bien des produits financiers) se sont effondrés.

    Le Figaro, célèbre journal subversif, avançait il y a un jour ou deux le chiffre hallucinant de 400 suicides par an, soit plus d’un par jour ! C’est chez nous, en France, en ce moment et personne ou presque n’en parle.

    A côté, France Télécom, c’est une entreprise où règne la joie de vivre.

  4. ramses

    Anna,

    Tu as raison de souligner ce nombre inquiétant de suicides chez les paysans, qui hélàs ne fait qu’augmenter… Chaque suicide représente la perte d’une exploitation… Attention, danger ! Nous avons déjà perdu la plupart de nos emplois industriels, au profit des Pays de l’Est et de la Chine miraculeuse, mais cette fois, il en va de la survie… Verrons-nous un jour notre alimentation conditionnée au bon vouloir des autres ? Où veut-on en venir exactement ? Et en plus, j’ai l’impression que tout le monde s’en fout… C’est hallucinant !

    « Soleil vert » à l’horizon ? J’en ai peur…

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