Hommage à Patrick et à tous les autres

C’était il y a 30 ans, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1985, un groupe d’une vingtaine de personnes emmenées par Patrick Sacco, aujourd’hui Président de l’association Respectons, libérait 17 babouins « papio-papio » au CNRS de Gif-sur-Yvette. Les primates, captifs depuis de longues années, une calotte en résine vissée sur les os crâniens, servaient aux chercheurs de matériel d’étude pour l’épilepsie photosensible.

Le but de cette libération étant de dénoncer de manière spectaculaire la cruauté et l’inutilité de l’expérimentation animale, une cassette vidéo montrant le déroulement des opérations et un communiqué des revendications au nom du Groupe Greystoke furent remis à l’Agence France Presse et firent aussitôt la Une des médias.

Libérés sans aucune violence, les 17 babouins furent conduits dans la nuit au Refuge de l’Arche (à Château Gonthier) où ils furent soignés (extraction de la calotte en résine et des électrodes). Ils retrouvèrent très vite leur rituel de vie en groupe, évoluant en semi-liberté sur deux petites îles que le responsable du parc animalier fit construire spécialement pour eux.

Un an après, alors que le groupe multipliait les actions de sauvetage d’animaux captifs des pourvoyeurs et des laboratoires, une dénonciation anonyme provoque un vaste coup de filet des services de police et de gendarmerie dans toute la France et met en arrêt 7 des membres du mouvement.

Les papios-papios qui s’étaient refait une santé au Refuge de l’Arche sont de nouveau en danger et menacés de retrouver leurs cages, leurs électrodes et leurs tortionnaires.

Une campagne de soutien est immédiatement lancée et de nombreuses personnalités tant du show-biz que de la politique font bouclier entre les babouins et le CNRS. Après plusieurs mois de lutte, la nouvelle arrive enfin sous la forme d’un communiqué de presse annonçant que le CNRS renonce définitivement à son « matériel d’expérimentation ». Les singes sont donc officiellement autorisés à terminer leur existence sur leur île en toute quiétude.

Patrick SACCO – membre du Groupe GREYSTOKE

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Le 1er avril 1985 vers huit heures, nous découvrons sept sacs de toile déposés au portail du Refuge de l’Arche. Ces sacs bougent et nous pensons tout d’abord qu’il s’agissait de chats abandonnés dans la nuit. Par précaution, nous les avons emmenés dans un local pour les ouvrir. Quelle surprise à l’ouverture du premier sac, ce n’était pas un chat mais bien un singe. C’est ainsi que nous avons récupéré 7 babouins ce jour-là. Ils étaient squelettiques avec des yeux hagards. Sans force, ils ne pouvaient même plus grimper aux grillages de leur parc. Ils ne communiquaient pas : aucun cri, aucun gémissement, ils étaient prostrés.

Nous avons alors pensé qu’ils provenaient d’un cirque qui était passé dans notre région les jours précédents. Les enfants de notre association s’en sont alors beaucoup occupés, ils leur ont réappris par exemple à ouvrir une banane.

Après quelques jours, les babouins étaient moins peureux, ils osaient nous approcher lorsque nous apportions la nourriture. Quelques semaines plus tard, nous les avons mis en contact avec d’autres babouins que nous possédions déjà. Ils se voyaient et pouvaient aussi se toucher au travers d’un grillage.

Là, ils ont commencé à émettre des sons puis à communiquer par des mimiques. Très rapidement, après avoir pris du poids et des forces, nous les avons installés avec les nôtres.

Les mois qui ont suivi, des particuliers nous ont confié également d’autres babouins.

Deux ans plus tard, des policiers sont venus me chercher et m’ont emmené sans explication dans leurs locaux pour m’interroger sur une histoire de singes.

Un véritable dialogue de sourd s’est alors engagé, je ne comprenais rien à leur histoire. Au petit matin, j’ai compris que les babouins déposés à la porte du Refuge avaient en fait été kidnappés dans un laboratoire de recherche par des amis des animaux qui voulaient dénoncer les abus de certains scientifiques.

Aujourd’hui, les babouins vont bien, ils vivent dans un groupe de 52 individus, certains ont eu des petits.

Cette expérience montre que contrairement à ce qu’affirment certains scientifiques, les singes qui ont vécu longtemps en cage individuelle peuvent très bien se réadapter à une vie de groupe.

La récente aventure d’un groupe de macaques confirme ce fait.

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Luce Lapin, leur rend hommage dans le Charlie Hebdo de ce jour. Merci à cette fervente défenseur des sans-voix.

Un immense merci du fond du cour à ces êtres Humains pour cette action et leur engagement sans faille en faveur des animaux.

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C’est un honneur et beaucoup d’espoir aussi d’avoir croisé un jour votre chemin.

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Pour en savoir plus :

Le site de l’association RESPECTONS et en particulier cette page

Le site de Luce Lapin

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