Rodrigo Garcia fait souffrir et mourir des animaux sur scène

Rodrigo Garcia aime mettre la souffrance et la mort en spectacle. Non pas des allégories de la souffrance et de la mort, mais leur mise en œuvre et leur exposition publique en toute réalité. Cet homme de théâtre, né en Argentine et qui vit en Espagne depuis une trentaine d’années, est également le directeur du Centre Dramatique National de Montpellier depuis début 2014. Face aux protestations indignées qui se sont exprimées sur ses pratiques scéniques, il a répondu : « Vous êtes tous des idiots ». Notons au passage que la plupart de ses spectacles ont été interdits en Espagne.

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Dans sa pièce Accidens, un homard au départ bien vivant est tué à la vrille sous les yeux du public, puis cuisiné et mangé. Et pourtant, Rodrigo Garcia a déclaré publiquement : « Jamais je n’accepterai de tuer un animal ». Peut-être qu’à ses yeux, un homard n’est pas un animal. Peut-être pense-t-il que les homards sont des végétaux qui poussent dans les champs d’algues. Les homards, comme tous les animaux, ressentent parfaitement la douleur comme l’ont montré des expériences épouvantables où ils sont soumis à une décharge électrique envoyée dans le bocal où on les place. Il est vrai qu’ils ne peuvent pas hurler. Les muets non plus et ça ne les empêcherait pas d’avoir mal s’il venait à l’esprit de quelqu’un de les ébouillanter vivants ou de les transpercer avec une perceuse.

Sa piètre justification pour mettre à mort de façon atroce ces homards en public est que « si les gens les pêchent c’est pour les manger, par pour les prendre comme animaux de compagnie ». Les homards préféreraient qu’on ne les pêche pas ; ils préféreraient vivre leur vie de homard au fond des mers sans qu’aucun humain ne vienne les capturer.

Certes, les gens qui mangent de la chair animale sont complices du fait que les animaux qu’ils mangent ont d’abord été tués. Mais même pour ces gens-là, leur viendrait-il à l’idée d’assister par pur plaisir à l’agonie et à la mort des créatures qui finissent dans leur assiette ? Vont-ils se promener le dimanche à l’abattoir le plus proche pour assister en famille au massacre des bovins qui y sont conduits ? Est-ce que Rodrigo Garcia, prévoit dans un prochain spectacle d’égorger et de débiter au hachoir un veau ou un agneau sur scène ? Pour le paraphraser, si des agriculteurs les élèvent, c’est pour les manger, pas pour les prendre comme animaux de compagnie. Ce fils de boucher (ça ne s’invente pas) devrait donc les traiter comme il traite les homards.

Cela dit, Rodrigo Garcia fait une telle fixation morbide sur le spectacle de la souffrance qu’il a, dans une nouvelle pièce, franchi un pas de plus dans l’abjection. Cette fois, un de ses acteurs jette des hamsters dans un aquarium empli d’eau et tout le monde peut les regarder se débattre afin d’éviter le plus longtemps possible de couler. Là, son sophisme sur les homards s’effondre : les hamsters sont des animaux qu’il considère sûrement comme de compagnie ; et même lui doit être convaincu du fait que si on les élève, ce n’est pas pour les manger. Mais qu’à cela ne tienne, faisons-leur subir le supplice de la noyade, c’est tellement distrayant. Pas longtemps, n’est-ce pas, « pas plus de dix secondes » précise-t-il et ensuite, ils sont récupérés avec un filet.

Est-ce qu’on a le droit de torturer un animal pourvu que cela ne dure pas trop longtemps ? Pour Rodrigo Garcia, la réponse est oui. Est-ce que cette torture doit être montrée en spectacle ? Pour Rodrigo Garcia, la réponse est encore oui. Est-ce qu’il est légitime de s’indigner de telles pratiques ? Rodrigo Garcia répond à ceux qui le font : « Vous êtes complètement idiots ».

Remarquez – et ce n’est pas une surprise – il adore aussi la corrida. C’est dire si les sévices et actes de cruauté sur des animaux le réjouissent et que leur spectacle le distrait. Reconnaissons-lui le mérite de la cohérence : il aime la souffrance et la mort, peu importe qu’il s’agisse de homards, de hamsters, de veaux ou de taureaux, pourvu qu’il puisse s’extasier de leur détresse mise en scène.

Son spectacle de noyade de hamsters est à nouveau prévu le 27 et 28 mars à Toulon, dans un théâtre dirigé par Charles Berling (honte à lui de s’en faire le complice). L’association pour la Libération Animale de la Région Marseillaise (ALARM) vient de déposer un référé d’urgence afin de tenter d’interdire ces pratiques abjectes. Pour les hamsters, comme pour la plupart des autres animaux, qu’ils soient terrestres, marins ou aériens, le Code pénal ne prévoit heureusement aucune exception de peine comme celle qui s’applique dans les départements du sud de la France au délit qu’est la corrida partout sur son territoire.

Rodrigo Garcia tombe sous le coup de quatre articles de loi :

  • Article 521-1 du Code pénal : « Le fait, publiquement ou non, d’exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30000 euros d’amende »
  • Article L. 214-3 du Code rural et de la pêche maritime : « Il est interdit d’exercer des mauvais traitements envers les animaux domestiques ainsi qu’envers les animaux sauvages apprivoisés ou tenus en captivité »
  • Article R. 214-85 du Code rural et de la pêche maritime : « La participation d’animaux à des jeux et attractions pouvant donner lieu à mauvais traitements, dans les foires, fêtes foraines et autres lieux ouverts au public, est interdite sous réserve des dispositions du troisième alinéa de l’article 521-1 du code pénal »
  • Article R. 654-1 du Code pénal : « (…) le fait, sans nécessité, publiquement ou non, d’exercer volontairement des mauvais traitements envers un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 4e classe ».

L’association ALARM est consciente, dans sa requête, que l’exercice de la liberté d’expression et de la liberté de création est une condition de la démocratie. Elle cantonne donc sa demande d’injonction à la non-utilisation des animaux dans le cadre du spectacle en cause, dont elle ne sollicite pas l’interdiction pure et simple.

Espérons qu’elle sera entendue.

Dessin de Man, merci à lui

4 Replies to “Rodrigo Garcia fait souffrir et mourir des animaux sur scène”

  1. PHILIPPE

    Bonjour,
    Il serait peut-être opportun de lancer une cyber-action massive pour demander poliment au théâtre et au président de la communauté d’agglomération (Toulon Provence Méditerranée autorité de tutelle de cet équipement public) Hubert Falco d’interdire l’utilisation ds animaux lors de ce spectacle …
    Les adresses sont (le mieux est de joindre HF au Sénat) :

    agglo-toulon@tpmed.org

    h.falco@senat.fr

    contact@theatreliberte.fr

    Voilà
    à nos claviers

    PhilGood

  2. anti

    « Jusqu’où peut-on aller au nom de l’art ? » C’est à cette question que tente de répondre Barbara Denis-Morel dans son article « L’animal à l’épreuve de l’art contemporain : le corps comme matériau ».

    http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2009-1-p-155.htm

    Certains artistes contemporains n’hésitent pas à utiliser le corps de l’animal comme un nouveau moyen d’expression. Si des artistes comme Damien Hirst ou Adel Abdessemed interrogent l’hypocrisie de nos comportements envers la souffrance animale, d’autres artistes plus radicaux envisagent l’animal uniquement comme un matériau d’un nouveau genre. Par exemple, les Chinois Sun Yuan et Peng Yu ne se contentent pas de mettre en scène des cadavres d’animaux, mais font de la mort même de ces animaux un acte créatif. Le rejet du public peut être plus ou moins violent, et certaines œuvres doivent être retirées des espaces d’exposition. Le geste de l’artiste fait alors débat : jusqu’où peut-on aller au nom de l’art ?

    « Jusqu’où peut-on aller au nom de l’art ? » Il faut toujours garder en mémoire que dès lors qu’on agit « au nom de », on entre dans la soumission à l’autorité :

    « L’autorité, en tant qu’expression d’un pouvoir légitime, constitue l’une des sources d’influence sociale les plus importantes. Une des expériences les plus célèbres dans ce domaine est celle de Milgram (1974) ; les résultats montrent que la majorité des gens tend à suivre les ordres qu’il reçoivent ; le processus psychologique de l’obéissance montre que la soumission aux pressions sociales est d’autant plus forte que celles-ci proviennent d’une instance hiérarchique ; ces mécanismes ont pour conséquence une modification du sens de la responsabilité : un individu impliqué vis-à-vis de l’autorité qui lui donne un ordre peut se décharger de sa responsabilité personnelle sur cette autorité. » (http://www.psychologie-et-societe.org/soumission-autorite.aspx)

    Et cela débouche sur bien des horreurs…

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