Course avec le diable

the gunNon, ne fuyez pas ! Ou ne vous inquiétez pas. Rien de grave, bien au contraire. Le titre de cette note est tout simplement celui d’un vieux hit qui a marqué l’histoire du rock – en tout cas, la mienne – et qui me tournait dans la tête hier pour je ne sais quelle raison.

Il s’agit de Race with the devil (course avec le diable), unique succès fin 1968 d’un groupe anglais éphémère nommé The Gun. Formé à Londres par deux frères, Adrian et Paul Gurvitz, respectivement guitariste-chanteur et bassiste, complétés de Louie Farrell à la batterie.

On appelle ce type de groupe un power trio et The Gun a été l’un des premiers, en gros à la même époque que Cream (où jouait un certain Eric Clapton) et The Jimi Hendrix Experience. Un power trio est un trio capable de produire un son suffisamment dense et puissant pour tout emporter sur son passage malgré une formation restreinte au strict minimum pour un groupe de rock : basse, guitare, batterie.

S’il y en a eu quelques autres de très célèbres par la suite, cela leur a été largement facilité – sans minimiser leur virtuosité indéniable – grâce à l’évolution de la technologie, en particulier l’invention des synthétiseurs et la multiplication des effets sonores permettant d’enrichir le son. Citons par exemple Police,  ZZtop, Greenday, Placebo et Muse.

Mais à l’époque de The Gun, Cream et Hendrix, rien de tout ça n’existait, à part les pédales de distorsion, la wah-wah et les chambres d’écho. Il fallait donc un talent particulier pour obtenir la bonne alchimie avec des moyens techniques très limités.

The Gun y est parvenu une seule fois dans toute sa courte carrière, avec Race  with the devil. Les deux coups de génie de ce morceau fabuleux sont le riff de guitare hyper-rapide et le rire démoniaque, très film d’horreur des années 60, du chanteur pendant le thème de transition (on appelle cela un pont en argot musical). Malheureusement, ils ne surent pas refaire aussi bien. Leur second disque fut un échec et le groupe disparut. Mais Race with the devil est toujours dans ma mémoire et, d’ici quelques secondes, dans la vôtre.

Enjoy !

Race with the devil a été repris par plusieurs groupes de rock, dont Judas Priest, mais leurs versions, bien qu’intéressantes, sont à mon avis plutôt en dessous de l’original. En particulier, aucune n’a repris le fameux rire démoniaque qui me semble être un ingrédient indispensable de ce hit parfait.

Trois petites anecdotes pour la route :

1 – Quelques années plus tard, les frères Gurvitz vont créer un autre groupe avec Ginger Baker, le renversant batteur de Cream (le premier, à ma connaissance, à avoir utilisé deux grosses caisses, ce qu’on a appelé une double batterie, lointain ancêtre de la grosse caisse unique à double pédale des métalleux).

2 – La pochette de Race with the devil a été dessinée par Roger Dean qui va devenir mondialement célèbre quelques années plus tard en réalisant toutes les pochettes mythiques de Yes.

3 – Vous pouvez entrer facilement en contact avec Paul Gurvitz. Il répond toujours aux commentaires des internautes sur Youtube, sous la version de la vidéo qui figure ici. Et son site officiel montre qu’il a, depuis, poursuivi une longue carrière de musicien aux côtés de divers artistes.

Très belle journée à vous

paul gurvitz

15 Replies to “Course avec le diable”

  1. valentine

    Yessss! Le Chef a de la lecture pour le week-end et il va se régaler.
    Génial cette video et le morceau de guitare me rappelle vaguement des souvenirs…….psychédéliques!
    Anna, tu es une véritable encyclopédie du rock à toi toute seule!

  2. anti

    « Anna, tu es une véritable encyclopédie du rock à toi toute seule! »

    Yeap ! Et on ne s’en lasse pas !

  3. bernard

    Je me souviens très bien de ce LP, mon frère l’a peut-être encore qui sait. Il a cédé une grande partie de notre collection de disques de l’époque, quel dommage. Je vais lui communiquer l’adresse de votre excellent blog, je sens qu’il va beaucoup, beaucoup, beaucoup, aimer.

  4. bernard

    Je parle du LP de Gun (dont je n’avais pas entendu parler depuis quelques 40 ans!), quant aux frangins Gurwitz, alors là j’avais totalement zappé, aucun souvenir qu’ils en aient été les fondateurs, c’est vrai que ça ne changera pas ma vie. Bon je repars fouiller dans culture rock, probablement plein de choses à découvrir…

  5. Anna Galore Post author

    En ce qui me concerne, je n’avais que le 45 tours (perdu depuis longtemps)… et je n’avais aucun souvenir non plus des frères Gurvitz que je n’ai (re)découverts qu’en préparant cette note.

  6. Le chef

    Waouh! Waouh!!Waouh!!!
    Je dirais même plus, Wah-Wah-Wah!!!
    Merci d’apporter une note supplémentaire (une sacrée note!) à la culture rock du Chef!
    …Ce n’est plus le réveil de la « Bête » (…d’ailleurs pas si immonde que ça puisque… hardeuse tendance gauchiste révolutionnaire mais circuler, rien à voir avec l’autre extrème…) mais sa transmutation! La pierre philosophale des métalleux!
    Quelle découverte!
    Comment suis je passé à côté de Gun?….
    Alléluia Anna!
    Effectivement, quelle époque bénie que celle des des Powers Trio!
    En plus des deux que tu as nommés ( les deux meilleurs), j’en ajouterais trois:
    -Blue Cher, au succès éphémère mais qui as fait une reprise d’enfer de Summertime Blues d’Eddie Cochran et surtout a revisité Parchman Farm de Mose Allison (Parchment Farm) une pure merveille!
    Ce titre a d’ailleurs été revisité par bon nombre d’artistes dont Cactus avec un numéro d’harmonica à couper le souffle!
    -Taste avec un certain Rory Gallager…
    -Et Grand Funk Railroad!… ok, objectivement c’est des « bourrins » mais ils ont fait planer le Chef avec leur double album live!
    il y a des solos de guitare à se damner !
    deux titres: Paranoid et Tnuc.
    Comme Valentine m’a fait passer le lien au boulot, les collègues commencent aussi à connaitre Race with the Devil…ça les change des daubes de radio nostalgie!
    …Fond sonore,quasi (employé ici comme adverbe, mais en tant que nom masculin signifie aussi, pardon pour les végétariens, partie de la cuisse de veau, et… CRAC, l’honneur est sauf ce n’est pas de la cuisse de taureau!) imposé par notre Vénérable secrétaire de direction!
    Vos notes musicales sont très attendues par tout le staff du bureau….à une exception près!!!
    Heavy métallement vôtre, Le Chef

  7. Anna Galore Post author

    Rory Gallagher et Grand Funk, ils sont déjà dans la file d’attente pour de futures notes Culture Rock, vu qu’ils sont aussi dans mon panthéon rock perso depuis 40 ans, cher Chef ! Je ne connaissais pas Blue Cher mais je vais aller faire des fouilles…
    Et ce matin, un nouveau billet Culture Rock pour les amis, où comment une chansonnette est devenue un hymne ravageur du rock tendance soul.

  8. Anna Galore Post author

    Ab-so-lu-ment !!! Je me rappelle encore dans quel état j’étais quand j’ai passé le premier 45 tours que j’ai eu d’eux ! Un vrai ressort sur pattes !

  9. valentine

    Grand Funk, tu parles si je m’en rappelle! On avait 20 ans, le Chef avait les cheveux aux épaules, des lunettes à la Lennon et une longue moustache rousse, un pantalon pat d’eph plutôt moulant moulant (il faut dire qu’à l’époque le Chef était un poids plume).
    Ma parole, il est en train de se créer un véritable fan club « metal hurlant »! Troooooooop bien 😉

  10. bernard

    Perso, sauf le ventre, je me trouve plutôt mieux maintenant. A l’époque j’avais des goûts musicaux que j’estimais évidemment très larges :
    pourvu que les paroles soient exclusivement en anglais
    pourvu que les voix ne ressemblent en rien aux voix de ténors ou sopranos capricieuses
    pourvu qu’il n’y ait ni violon ni accordéon (cela va de soi!)
    Mes revendications de liberté, c’est en moi qu’il fallait chercher pour les assouvir, question musique, les barrières n’ont pas résisté longtemps pour mon plus grand bonheur.
    J’aime aussi ABBA, le musette, j’aime danser la valse! j’aime l’opéra, grandiose!
    Aïe, aïe.

  11. Anna Galore Post author

    Aucune honte à ça ! En grandissant, euh je veux dire en vieillissant, les oreilles s’élargissent et on voit le beau là où il se trouve, même quand il s’exprime différemment ou très loin de ce à quoi on s’attendait.
    Il y a fort, fort longtemps, quand je jouais dans des groupes de bal, j’ai appris à aimer le tango (à ce sujet, il faut absolument écouter Gotan Project, génialissime groupe à la fois rock et tango). J’adore certains opéras et certains immenses compositeurs de musique classique, peux prendre plaisir à écouter Abba (Anti en est superfan) et j’aime aussi tout un tas de chanteurs plus proches de la variété que du rock à condition qu’ils soient bons, sincères et y mettent leurs tripes.
    Alors, oui, tout comme toi : les barrières ont été renversées depuis longtemps et c’est tant mieux, ça donne plus d’espace !

  12. valentine

    Moi itou! Vive l’éclectisme pourvu que la musique soit bonne 😉
    D’accord pour Gotan Project. Leur album tango est très réussi.
    Et tu as raison Bernard, nous sommes beaucoup beaucoup mieux maintenant. Notre génération est un grand crû et va encore se bonifier. Yeah…….

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