La couverture des Voyageurs au sang d'or

Vous avez été nombreux à aimer la couverture du roman de Kathy Dauthuille Les Voyageurs au sang d’or, premier livre édité par Anti aux Éditions du Puits de Roulle. Je vais vous raconter la petite histoire de sa création.

1 – Le cahier des charges

Lorsqu’il a fallu concevoir la couverture, Anti avait en tête une idée précise de ce qu’elle en attendait. Je reproduis ici les explications qu’elle a données il y a quelques jours sur le fil Bienvenue sur la terre des Voyageurs au sang d’or ».

Il était question de réussir à faire passer cette idée de voyage bien sûr autant sur terre (roulottes), que sur mer ou dans les airs et aussi les idées suivantes :

Le jour et la nuit
Le paraître et la profondeur
L’espace infini du ciel et de l’océan / L’espace confiné de la crypte
Le réel et le rêve
La caravane
La gitane
Sarah
La lumière dans la pénombre
Le jour sans source identifiée de lumière

Quant à moi, je pouvais apporter à ce projet ma propre sensibilité et ma connaissance technique de PaintShop. Sans oublier un élément sans aucun doute fondamental de réussite de ce projet, comme l’a très bien exprimé Anti :

La complicité fusionnelle que nous partageons a contribué pour beaucoup, c’est sûr au résultat.

En effet, c’est là un facteur-clé. A chaque pas de la création graphique, il suffisait à Anti de commencer une phrase pour que je comprenne ce à quoi elle pensait. Et, à aucun moment, les « Non, ça, j’aime pas » n’ont été pris pour des critiques démotivantes, bien au contraire.

2 – Les photos de départ et leur traitement

Les photos ont été choisies par Anti, qui avait une idée générale de la scène à obtenir. D’autres images avaient également été envisagées (des grandes orgues) mais n’ont pas été retenues dans le montage final.

La jeune gitane dans l’eau (Saintes-Maries, pèlerinage de mai 2009)

Deux gamines en robe rouge sont entrées dans l’eau sous le regard de leur mère portant une troisième fillette, en attendant que la procession de la mise à la mer de Sara arrive sur la plage.

P5251520b.JPG

Sur la photo choisie, la jeune fille est de dos, ce qui évite tout problème potentiel de droit à l’image.

P5251519.JPGIl a fallu effacer la foule sur la jetée et ajouter des vagues sur la gauche de l’image pour qu’elle se continue sur la tranche du livre. D’autre part, le ciel étant laiteux ce jour-là, il n’a pas non plus été gardé.

J’ai mis à la place un bout de ciel bien bleu tiré d’une photo prise en mai 2009, lors d’une après-midi de cerfs-volants à l’Espiguette (en supprimant le cerf-volant, bien sûr!)

Le contraste et la saturation des couleurs ont été accentués pour reproduire ceux d’une vue en plein soleil.

Toutes ces manipulations sont basiques d’un point de vue technique.

La caravane de roulottes (Saintes-Maries, pèlerinage de mai 2009)

P5251564.JPGLa photo a été prise dans la rue alors que la foule revenait vers le centre-ville après la mise à la mer de Sara la Noire.

Là, par contre, il y a eu pas mal de boulot de retouches.

Il a fallu supprimer la rue, les gens, en particulier ceux qui occultent une partie des roulottes et du cheval, et même le monsieur qui est sur la roulotte devant et qui se penche vers la droite.

Cela a demandé de reconstituer par retouches successives les parties de la scène cachées par les personnages supprimés.

De plus, j’ai dû ajouter deux ou trois roulottes supplémentaires à l’arrière, dans le prolongement des existantes, pour aller jusqu’à « l’horizon ».

Sara la Noire (Saintes-Maries, octobre 2008)

La photo a été utilisée telle quelle, avec juste ses bords assombris, pour la quatrième de couverture qui permet d’illustrer le thème « lumière dans la pénombre », d’autant plus que la première de couverture est, elle, très lumineuse.

3 – Les essais

Il y a eu plusieurs essais avant d’arriver à la version finale. Au début, j’avais positionné la caravane juste en avant de la jeune fille, à la surface de l’eau, avant de la repousser sur l’horizon.

Un essai avec les grandes orgues semi-transparentes comme un mirage au dessus de l’eau n’a pas été jugé concluant.

La police de caractères a été choisie par Anti, la couleur des lettres est celle du ciel très atténuée. Les textes étaient préparés dans Word puis copiés-collés dans PaintShop sur les images pour les positionner correctement.

4 – Le résultat final

VASDOR 1et2.jpg

7 Replies to “La couverture des Voyageurs au sang d'or”

  1. valentine Post author

    Eh bien, le résultat est d’autant plus bluffant que, pour avoir utiliser un autre logiciel de retouche photo, tu as dû passer un moment à non seulement effacer (ce qui n’est pas le plus difficile) mais à reconstituer l’image et qu’ensuite, tout se tienne. BRAVO. Cette jeune fille, en rouge, face à l’immensité et ces caravanes au loin dont celle toute ronde, superbe! Rien qu’à la couverture, sans rien connaître ni de l’auteur, ni de l’histoire, je suis attirée par le livre, ça c’est mon côté très visuel! Et merci Anna pour tes explications 🙂

  2. Anna Galore Post author

    La reconstitution a été longue et minutieuse en effet, même si ensuite les roulottes ont été utilisées avec un contraste atténué.

    « Rien qu’à la couverture, sans rien connaître ni de l’auteur, ni de l’histoire, je suis attirée par le livre »

    L’objectif est donc atteint ! Merci pour tes commentaires.

  3. eMmA Post author

    Je trouve le visuel très onirique, assez surréaliste.
    Le résultat me fait penser plus à une peinture qu’à une photo.
    J’aime, car cela m’emmène dans un voyage imaginaire, là où la frontière entre réel et rêve devient floue…
    C’est très réussi.

  4. Kathy Dauthuille Post author

    Ton explication du montage Anna, est très intéressante ; savoir comment point par point tout a été élaboré.

    Et c’est justement pendant le festival que l’on a pu voir l’impact de la photo sur le public ; les personnes passent s’arrêtent, regardent, prennent, retournenet le livre, le déposent, reviennent, posent des questions, l’achètent (dans l’ordre ou le désordre). Certains se sont extasiés directement en voyant la photo. C’est à ce moment-là que l’on mesure sa portée.

    Bravo Anna !

  5. ramses Post author

    Merci de ces explications très intéressantes et très « pro ». Le résultat est vraiment superbe et effectivement, la couverture donne envie de lire le livre.

    Un bel exemple aussi de collaboration créative.

    Pour un premier essai, c’est un coup de maître !

  6. anti Post author

    Eh bien, merci à tous pour vos réactions.

    « cela m’emmène dans un voyage imaginaire, là où la frontière entre réel et rêve devient floue… »

    C’était une des idées forces qui m’accompagnaient pendant la lecture et que je souhaitais voir sur la couverture. Par ailleurs, il y avait aussi une quatrième photo sélectionnée pour la couv, un magnifique orgue, mais que j’ai mise de côté dès le premier essai. C’était trop. De même, il y a eu plusieurs essais sur les différentes teintes, approches, tailles avant d’arriver au résultat final.

    En fait, il n’y a pas à tortiller, il faut respecter les règles de bases que sont :

    Une couverture doit être sobre et facilement identifiable

    Une police tout aussi sobre graphiquement et en terme de couleur

    Une couverture non surchargée avec de multiples photos

    Des photos qui doivent être dans la thématique de l’ouvrage

    Ah ! Et il faut aussi prendre en compte le fait qu’il y aura la manchette rouge en bas d’ouvrage…

    anti

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