Les prénoms anciens – très anciens – sont porteurs d’une poésie particulière. Hier, en flânant sur internet, j’ai croisé la route de Boson. Attention, il ne s’agit pas du fameux boson de Higgs, la particule qui donne ou pas une masse à toutes les autres, dont l’existence fut postulée en 1964 mais identifiée seulement en 2012 ce qui offrit un prix Nobel à Peter Higgs, l’un des physiciens qui avaient supputé ses propriétés. Ce boson-là tire son nom de Satyendranath Bose, un théoricien brillant contemporain d’Albert Einstein qui admirait son intelligence, ce qui n’est pas rien.

Non, je veux ici parler de Boson de Provence, un seigneur lotharingien né en 844 et mort en 887. Il fut le premier à vouloir et à imposer une royauté élective et indépendante, ce qui lui valut l’admiration des princes francs du siècle suivant (cela n’en fait pas des nouveaux francs pour autant).

Mais peu importe son histoire. Ce qui me fascine, comme je le disais au tout début de cette note, ce sont les prénoms de ses proches et le sien. Déjà, Boson, ça change un peu de Jean ou Kevin. Et ce n’est pas tout. Son père s’appelait Bivin, son épouse, Ermengarde fille de Matfried, sa soeur, Richilde, ses frères, Theutberge et Hucbert.

A côté, voir apparaître d’autres prénoms qui, eux, sont toujours en vigueur aujourd’hui fait presque exotique. Ermengarde était la fille de Louis (un empereur, tout de même). Richilde épousa Charles (banal, certes, mais il fut roi de Francie sous le nom de Charles le Chauve). Le fils de Charles se prénommait aussi Louis, dit le Bègue (ce dont personne ne se moquait).

Tout ce beau monde vivait dans des pays qui n’existent plus : la Lotharingie, la Neustrie, l’Austrasie, la Francie… Si la vie à cette époque lointaine était d’une dangerosité et d’un inconfort difficilement imaginables, au moins les patronymes en vigueur n’ont-ils rien perdu de leur capacité à faire rêver par leur sonorité surannée.

Boson de Provence est mort un 10 janvier (ou peut-être un 11), il y a 1127 ans aujourd’hui. Plus grand monde ne doit penser à lui, par les temps qui courent. Voilà qui est corrigé.

Très belle journée à vous

Illustrations :Wikipedia