Afic et tabou laid

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Hier, suite à la parution de l’article du Bondy blog « Le racisme anti-blanc : un sujet de société que nous devons affronter », j’ai reçu un appel de Claude Ruche, directeur de l’AFIC (Accueil et Formation pour l’Intégration et la Citoyenneté), très heureux de prendre connaissance du livre de Tarik Yildiz.

Présentation

L’Afic est une association qui s’est donnée pour objectifs d’œuvrer à la reconstruction du lien social en intervenant :

* Par la formation sur quatre thématiques indissociables :
    * La citoyenneté française et européenne,
    * La lutte contre toutes formes de discriminations et pour l’égalité des chances,
    * Le droit des étrangers,
    * La connaissance des autres cultures.
* Par la mise en place d’outils pédagogiques :
    * Jeu de Loi,
    * Exposition sur les discriminations,
    * E-learning,
    * Procédure de recrutement.

Elle intervient sur des projets expérimentaux de formation, en lien avec les spécificités des territoires. Les formations sont écrites, sur-mesure, afin de répondre le plus efficacement possible aux préoccupations des acteurs de terrains. Enfin, l’AFIC participe à des projets nationaux et européens tels que : ESPERE, EQUAL, LEONARDO DA VINCI.

(présentation des intervenants ici).

Web-Info-Discrim.jpgA destination du grand public, l’AFIC lance le Web-Info-Discrim premier point d’accès au droit entièrement consacré aux discriminations.

Cet outil permet de collecter de l’information sur les procédures juridiques à mettre en œuvre en cas de discrimination mais aussi permet de passer à l’acte en consultant gratuitement un avocat par visioconférence.

Discriminologue.jpgD’autre part, l’AFIC édite le Blog du Discriminologue, premier site web d’information et d’auto-formation en Europe, entièrement dédié à la Lutte contre les discriminations, et aux questions de citoyenneté.

Ce blog, c’est une émission « Canap’Orange » dont Tarik Yildiz sera l’invité prochainement et une aussi, une mine d’informations.

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opinions_politiques_vuvuzela_valere-aa86a.jpgVoici un article très intéressant du 22 juin dernier : Opinions politiques : le tabou laid

Il existe un critère de discrimination qui se trouve au cœur de notre système social, qui est énoncé par la loi française, et dont personne ne parle jamais parce que c’est un « tabou ».

Ce critère sépare la société en deux camps opposés et antagonistes. Il n’est pas visible de l’extérieur. Pour être identifié, il nécessite la parole. Si vous ne le dites pas, personne ne peut le deviner. Mais dès que vous l’aurez dit, il aura pour effet de provoquer, chez votre interlocuteur, une réaction de sympathie ou de rejet. La réaction est rarement neutre. Souvent, ce critère oblige à mentir, tant les préjugés qui y sont attachés sont violents. C’est le seul critère de discrimination qui permet de se faire un bon paquet d’amis et dans le même temps, trente millions d’ennemis. C’est une discrimination volontaire, c’est-à-dire que pour en être victime, il faut en faire le choix. Cette discrimination, c’est bien sûr la discrimination sur le critère des opinions politiques.

Des mots qui parlent

Le principe de fonctionnement de cette discrimination est le même que pour les autres critères. L’on rejette, l’on exclue, l’on met à l’écart, une personne (ou un groupe de personnes) au prétexte qu’elle appartient à l’autre camp ou qu’elle n’appartient à aucun des deux. Entre droite et gauche, la lutte est sanglante et pour discréditer l’autre camp, les démocrates que nous sommes n’hésitent pas à user de la fourberie, du mensonge, de l’injure et/ou de la calomnie. C’est tellement français, et si profondément ancré dans notre culture…

Sur le terrain, cette discrimination est beaucoup plus forte et beaucoup plus sournoise qu’il n’y parait, tout simplement parce qu’elle n’est pas visible. Lorsque l’on rencontre une personne pour la première fois, sans lui demander ouvertement pour qui elle vote, ce qui serait vulgaire, on va guetter dans son discours, tout ce qui pourrait nous mettre sur la voie. L’on va scruter son vocabulaire, car il y a des mots de droite comme il y a des mots de gauche. On ne sait pas exactement qui l’a décidé, mais c’est une réalité : « peuple » est un mot de gauche et « nation » est un mot de droite. « Citoyen », employé comme adjectif est de gauche, « français » est plutôt de droite. « Identité » est un mot de droite, sauf s’il est suivi d’un adjectif, « identité plurielle » par exemple. « Multiculturalisme » est un mot de gauche. Ajouter des adjectifs après une valeur, « Démocratie participative », « laïcité plurielle », c’est plutôt de gauche, comme mettre les métiers au féminin, avocate, auteure etc.…. « Autorité », « contrepartie », « réciprocité », « patrie » sont typiquement de droite et nulle personne de gauche n’oserait les employer. Enfin, vous avez compris comment ça marche, entrainez-vous, c’est assez amusant.

En ce qui concerne l’égalité des chances, le vocabulaire est plus flou ! Quelques conseils ne sont pas superflus… Si vous êtes de gauche préférez employer : « lutte contre les discriminations », plutôt que « diversité », qui est un concept de la droite néolibérale. Ce qui est troublant, c’est que c’est également un mot très employé à gauche ! Pour ne pas qu’il y ait de doutes, dites : « diversité plurielle », ça passera très bien. Si vous êtes de droite, ne dites pas « prolétaires », qui est un mot de gauche , dites plutôt « la France d’en bas ». C’est plus chic et moins vulgaire que « les plus démunis » qui est une expression de gauche.

Le prix à payer

La discrimination politique est parfois très violente. Nous donnerons comme exemple le cas des quelques inconscients qui, après l’élection présidentielle de 2007, ont osé dire à haute voix, qu’ils avaient voté pour le nouveau président. Ces écervelés l’ont certainement payé par la perte de quelques amitiés et/ou d’une sévère mise en quarantaine bien méritée.

Donc, il suffit d’écouter attentivement pour savoir si la personne avec qui vous parlez est de votre camp ou si elle est votre ennemi potentiel. Tout le monde fait ça ! Et c’est très important pour savoir si la relation peut aller plus loin ou pas. C’est que les préjugés que chaque camp entretient sur l’autre, ont la vie dure. Ce sont souvent des préjugés simplistes et manichéens . Les plus répandus, sont que les gens de droite sont fachos et les gens de gauche incompétents. Les gens de droite sont égoïstes, ceux de gauche, généreux. Dans la surenchère permanente des stéréotypes crapuleux, l’on en arrive à des extrémités et à des raccourcis ignominieux. Dire que l’on aime la France est suspicieux. C’est la droite, voire l’extrême droite qui aime la France. Ne risquez pas votre réputation… Si vous êtes de gauche vous devez dire que la France est moisie et raciste. Rance passera aussi très bien.

Tout cela serait bien rigolo, si les conséquences n’en étaient pas une véritable discrimination, en particulier dans le monde de l’emploi. Qui n’a pas entendu dire que dans telle ou telle municipalité, il fallait, avant de postuler, passer par le siège du parti ? Nous l’avons entendu dans toute la France et dans des collectivités des deux camps… Qui peut affirmer, qu’après chaque élection, il n’y a pas de chasse aux sorcières ? Un enseignant, dans le public, peut-il dire qu’il est de droite sans risquer gros ? Idem pour un travailleur social ! Même dans l’armée, saviez-vous qu’il y a des régiments de droite, les parachutistes, et des régiments de gauche, les chasseurs alpins ?

A qui profite le crime ?

Tout cela est tellement consternant que l’on en arriverait presque à plébisciter le politiquement correct et à penser qu’il a été inventé pour faire disparaitre la discrimination politique. En effet, si tout le monde parle en employant les mêmes mots, les mêmes expressions et les mêmes concepts, l’on ne sait plus qui est de droite et qui est de gauche. Y’en a tellement marre de la droite et de la gauche que l’on serait tenté de placer le ballon au centre… Mais là, il faut s’attendre à ramasser des « pains » de tous les côtés.

Enfin, surtout, ne vous y trompez pas. Les préjugés politiques sont savamment entretenus par nos élus et par les médias. Lorsqu’ils sont à la buvette de l’Assemblée Nationale, c’est plutôt amical et chaleureux, pour ne pas dire qu’ils sont comme larrons en foire.

Mais là, ils sont entre eux !

Le Discriminologue.

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