CelloGraff, le graff citoyen

Le graff, vous le savez, je suis fan.

Quand en plus il est propre, c’est encore mieux !

Avec ce dernier critère à l’esprit, je vous propose de découvrir aujourd’hui le CelloGraff d’Astro et Kanos.

Leur idée : c’est le CelloGraff.

L’idée est née il y a moins de deux ans, d’un projet de Kanos – datant de l’époque où il était aux Beaux-Arts – qu’Astro a transposé à l’univers du graff.

Les deux comparses se mettent alors à l’œuvre. Ils déroulent le cellophane géant, l’enroulent autour d’un premier tronc d’arbre. L’étendent sur une quinzaine de mètres, jusqu’à un second tronc. Et renouvèlent l’opération.

Astro, l’air malicieux : « Il y a un quart d’heure, il n’y avait pas de mur, juste un rouleau. Maintenant, voilà, il y en a un. »

[…]

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Kanos déroule le cellophane, sur les quais de Seine
© Photo Sarah Nuyten

L’étrange bandage appliqué, le boulot d’artiste commence. L’un part à gauche, l’autre à droite. Chacun leur espace, chacun leur style. Pour Astro, pas besoin de modèle, « tout est dans la tête, c’est quelque chose qu’on bosse chaque jour, en soi ». Kanos, lui, s’attaque à une scène figurative, croquée au préalable sur un bout de papier.

[…]

En cette matinée d’hiver, un vent glacial fait onduler la surface transparente. A peine bombées, les lignes se disjoignent. Kanos :
« Ça, c’est un souci qu’on aurait jamais sur un vrai mur. Un manque de précision, lié au fait que la surface est mouvante, mais aussi moins lisse qu’un mur, plus rugueuse. »

En contrepartie, le mur naît d’un rien, n’importe où : « Il n’est plus fixe, il est où on le veut », ajoute Astro, sans quitter la toile translucide du regard. « Du coup, on peut amener le graff partout. » Partout, comme sur ce quai de Seine, tout près de Notre-dame. Astro s’interrompt un instant, recule, observe son esquisse, et poursuit : « En temps normal, graffer ici, c’est impossible. Quand on utilise le cello, c’est différent. Les keufs passent, regardent, mais ne disent rien. »

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Kanos commence à « graffer » son esquisse
© Photo Sarah Nuyten

Pendant trois heures, les deux graffeurs peignent, et les passants défilent. Tous ont un regard pour l’étrange surface. Un couple d’une soixantaine d’années s’attarde devant cette toile éphémère : « C’est bien, c’est vraiment très beau et au moins, vous ne faites pas ça sur les murs ! ».

Astro et Kanos échangent un sourire. Ce genre de remarques, ils s’y sont habitués. Astro : « C’est aussi l’intérêt du cello. Ça permet de graffer dans les endroits les plus inaccessibles, tout en montrant aux passants que ce n’est pas qu’une démarche vandale. »

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Astro au premier plan « graffe » lui de mémoire
© Photo Sarah Nuyten

Une démarche qui a déjà fait des émules en Suède, en Allemagne, mais aussi en Australie et aux Etats-Unis.

Le graff citoyen, avenir de l’expression artistique urbaine ? « On a conscience que tout ça, c’est très consensuel, reconnaît Kanos ». « Mais ça n’a aucune importance. »

Depuis un an, Astro et Kanos sont invités dans divers festivals hip-hop pour présenter leur « graff de gentils », en France et à l’étranger.

La preuve que street art ne rime pas forcément avec bad boys.

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