Un quartier nîmois : La Placette

Dedicace KAthy 27 juin.jpg Ce matin, Kathy Dauthuille dédicacera son roman « Les Voyageurs au Sang d’Or », sur la Placette, à Nîmes, endroit connu pour être le quartier des gitans sédentarisés et des immigrés espagnols de la ville. Quel lien (trop belle erreur, je la laisse ;-)) plus approprié pour ce livre qui se veut être un hommage aux gens du voyage et qui nous emmène depuis l’Espagne jusqu’aux Saintes-Maries-de-la-Mer ?

C’est aussi l’occasion d’en découvrir un peu plus sur ce lieu au travers de quelques anecdotes. Si vous voulez bien m’accompagner dans ma balade, c’est par ici 😉

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Anecdotes sur « la placette »
extrait de Histoire de Nîmes au XIX et XXe siècle
(Source article et photos)

1832 – En été, des désordres publics liés à cette période politiquement trouble viendront perturber la vie sociale. Dans la journée du 14 août 1832 plusieurs disputes s’engagèrent sur divers points de la ville, des groupes se formèrent particulièrement sur le soir. Des personnes surexcitées et armées étaient prêtes à tout. Effrayé un certain Valladier tirait de sa fenêtre un coup de fusil en l’air.

Le 15 au matin, une bataille à coup de pierre s’engagea à la Placette et à deux heures se continuait du côté de la Bourgade. Des forces de l’ordre placées autour de ce quartier permirent de rétablir provisoirement le calme. Un peu plus tard, du côté de la Bouquerie une confrontation dégénéra en bataille rangée, les gendarmes reçurent l’ordre de dégager la voie publique. L’infanterie de son côté chargea publiquement ses armes, cette démonstration énergique suffit à calmer les esprits. Mais, si tout rentra dans l’ordre, la haine et les ferments de discorde se réservaient pour l’avenir.

1848 – En plein préparatifs d’élections à Nîmes, les esprits s’échauffèrent. Les 10 et 11 avril 1848 des bagarres se déclenchèrent autour du quartier de la Placette, sur le chemin de Montpellier, dans la rue de l’Hôtel Dieu et sur la promenade du Cours-Neuf (Jean-Jaurès). Des bandes échangèrent des coups de pierre, il y eut de nombreux blessés et la force armée eut toutes les peines du monde à séparer les combattants. Ce n’est qu’après une charge à la baïonnette que l’ordre fut enfin rétabli.

1872 – Le 4 septembre 1872, les républicains voulurent fêter à leur manière le second anniversaire de la proclamation de la troisième République. Une foule compacte de près de 5000 personnes se répandit sur la Placette et dans les rues adjacentes. Tout ce monde avait arboré des cocardes, des cravates et des ceintures rouges et pour mieux marquer le sens de cette manifestation, des bustes de la République, coiffés de bonnet phrygien avaient été placés sur les fenêtres. Des farandoles s’organisèrent pendant que des banquets réunissaient un grand nombre de convives, au milieu de chants révolutionnaires.

Le Maire royaliste, Adolphe Blanchard, ayant fait afficher un arrêté interdisant toutes manifestations ce jour là, le préfet envoya sur les lieux un détachement de gendarmes à cheval et un fort peloton d’infanterie qui vint prêter main-forte à la police. Selon les chroniqueurs de l’époque les forces de l’ordre furent bien accueillies au premier contact, les choses se dégradèrent rapidement lorsque les manifestants réalisèrent qu’elles étaient chargées de disperser leur manifestation.

Tout cela dégénèrera en un affrontement dont les divers commentaires de l’époque, orientés et non objectifs, ne peuvent être retenus comme renseignements fiables.Toutefois, le parti légitimiste du maire royaliste Blanchard, perdra toute sa crédibilité dans cette affaire à la lecture de l’histoire en remettant, quelques jours plus tard, un manifeste au roi… le Comte de Chambord, désigné comme  » le régénérateur de la patrie « .
Ce manifeste recouvert de bleu de France, orné de la couronne royale ainsi que les armes de la ville de Nîmes, avait ses ornements en relief, en argent massif.

Pour les lecteurs qui n’auraient pas bien suivi la chronologie des évènements, nous étions en République depuis 2 ans…

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1909 – Lors de la réunion du 23 avril 1909, le Conseil Municipal accorde une subvention à la commission des fêtes de la Placette, pour l’organisation des fêtes de printemps des 15 et 16 mai.
Avec au programme, le samedi, retraite aux Flambeaux dans le quartier, grand bal sur la placette, dimanche matin à dix heures, concert instrumental par une musique, apéritif d’honneur auquel seront invités les membres du Comité d’honneur. Concours de balcons et fenêtres fleuris. Après-midi, distribution en musique des prix décernés par un jury. Distribution de fleurs aux dames et demoiselles, fête enfantine, goûter aux enfants, bal, apéritif et le soir grand bal.

Deux mois plus tard, la fête du 14 juillet sera organisée autour du thème « République Sociale ». Ces festivités, jugées excessivement politisées, provoqueront un changement de Préfet, Maitrot de Varenne, et l’invalidation du Maire, Marius Valette.

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Les Voyageurs au Sang d’Or, K. Dauthuille, 2010, Editions du Puits de Roulle. 15,85 €. Disponible ici.

Bon dimanche à toutes et à tous,

anti

5 Replies to “Un quartier nîmois : La Placette”

  1. Anna Galore

    Kathy va sûrement avoir un accueil particulièrement sympathique en ce lieu qui ne l’est pas moins. Ce quartier, où elle habite depuis longtemps, a une âme bien à lui. C’est l’un des endroits les plus chaleureux de la ville, surtout quand le soir tombe et que les beaux jours sont de retour.

    Le bar qu’on voit sur la dernière photo est souvent animé de personnes du coin au sourire généreux et à la faconde joyeuse.

    Le site de Nimausensis d’où proviennent les anecdotes est une mine de renseignements dont on se régale. Il lui manque cependant, dans ce cas précis, quelques mots sur l’arrivée des gens du voyage à la Placette et ce qui fait qu’ils s’y sont trouvés bien au point de s’y sédentariser.

  2. Kathy Dauthuille

    Bonjour et merci pour vos souhaits.

    Je reviens de la Placette. J’étais assise sous un arbre, près des bancs et j’étais bien à me laisser vivre, à regarder les gens faire leurs achats aux étales de légumes, de la rotisserie, de la charcuterie, du linge….en prenant leur temps tout en conversant ; atmosphère détendue, joviale.

    Les dames voisines sont vite venues me demander ce que j’avais sur la table, regrettant qu’il n’y ait pas de photos dans le livre mais s’extasiant devant celles prises avec Manitas aux Saintes-Maries.

    Puis ce furent quelques paroles avec El Mario qui passait avec son chien et à qui j’ai pu enfin remettre les photos que je gardais depuis le pèlerinage.

    Ensuite un vieux monsieur vint et me dit être né au coin et avoir vu des pendaisons par les Allemenands pendant la guerre.

    Puis d’autres dames s’approchaient pour voir et revoir les photos en s’appelant les unes les autres : « Regarde ; c’est un tel ! »

    Un monsieur me dit de regarder vers le café car il y avait là une figure importante ; un gitan d’un certain âge, mince avec des cheveux mi-longs, appelé L’Empereur. (Ce n’était plus le Roi ! :+) Ils font fort sur la Placette :+)

    Puis la mère de El Mario vint, et sa femme et toute la famille. Les enfants avaient fait un cercle et regardaient le tonton sur les photos en posant des questions.

    Et pour clore ; le garçon que l’on voit lire le journal sur l’un des clichés d’Eric Roset et qui se tenait à deux pas est venu, après avoir jeté de nombreuses fois un regard curieux vers les livres.

    Oui, tout à fait beaucoup de chaleur humaine, de sourires, de joies partagées avec toutes les familles ; un excellent moment sur la Placette près de chez moi !

  3. Anna Galore

    Magnifique, cette description de ton bout de journée sur la Placette ! Un régal de te lire, comme toujours 🙂

    (ta remarque sur l’Empereur… trop drôle ! mdrrr !)

  4. anti

    Coucou ! Merci pour ce compte rendu très touchant. J’ai hâte de t’entendre nous raconter cela de vive voix Kathy 😉

    « Il lui manque cependant, dans ce cas précis, quelques mots sur l’arrivée des gens du voyage à la Placette et ce qui fait qu’ils s’y sont trouvés bien au point de s’y sédentariser. »

    Même constat Anna. J’ai commencé à chercher, mais faute de temps, je ne suis pas encore parvenue à trouver ces informations. Tout ce que je sais, c’est qu’à l’origine, ce quartier était, comme beaucoup d’autres, un quartier protestant, puis, celui des gitans et immigrés espagnols. Je n’en connais ni la raison, ni la date… Avis aux amateurs.

    Eric Roset est une vraie découverte. En effet, sa biographie vaut le détour. J’en copie/colle une partie ici :

    Mais c’est sur la route, dans la rue, au contact du quotidien vécu des gens qu’il se perfectionne. Cette curiosité le conduit à découvrir une culture qui le fascine depuis l’adolescence, celle des Roms. Au cours de nombreux voyages sur leurs traces, que ce soit en France, en Suisse ou en Roumanie, « il découvre le reportage au long cours, le reportage « engagé » d’où il ramènera des images de contact , de celles où le photographe sait prendre son temps, où il est en empathie avec le sujet ».

    A partir de l’année 2005, son exposition sur les Roms de Roumanie « Opre Roma ! Debout les Roms » voyage en Roumanie, en Suisse et en France. Il poursuit son travail personnel sur les communautés tsiganes et expose en 2007 ses photographies sur les Roms migrants à Genève « Post Tenebras Roms », en 2008 un travail sur les gens du voyage et les caravanes dans une exposition intitulée « Le camping c’est fantastique ! ».

    anti

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