Les prix Pinocchio de l’environnement

Les «greenwashers» de l’année viennent d’être nommés par les Prix Pinocchio du Développement Durable, décernés par l’ONG Les Amis de la Terre. Ces prix récompensent, si on peut dire, les entreprises qui ont utilisé des pseudo-arguments environnementaux pour se donner une bonne image alors qu’en réalité, elles n’ont rien de vert dans leurs façons d’agir. Ce sont les internautes qui votent.

Pour l’édition 2010, douze entreprises françaises ont été nommées dans trois catégories : Droits humains, Environnement et Greenwashing.

pinocchio.jpg

EDF grand gagnant en 2009 pour dépenser plus en pub qu’en recherche sur les énergies renouvelables

Un bon exemple de greenwashing est donné par EDF, le lauréat 2009 de la catégorie du même nom. Sa campagne de pub « Changer l’énergie ensemble » faisait croire qu’EDF était fortement engagé dans le développement des énergies renouvelables. En fait, son budget consacré aux énergies renouvelables est de seulement 2,1% du budget total consacré à la recherche et au développement. Pire, la campagne de pub avait coûté 10 millions d’euros contre 8,9 millions d’euros pour les énergies renouvelables.

Et les vainqueurs 2010 sont…

Le prix du Greenwashing a été remporté par le Crédit agricole pour sa campagne «It’s time for green banking» (non diffusée en France), alors que la banque continue à financer des projets de centrales à charbon ou d’usines de pâte à papier.

article_pinocchio.jpgDans la catégorie Environnement, ce sont les assurances AXA, le pétrolier Total, l’exploitant de nickel Eramet et Alstom qui étaient nommés. L’assureur auto-proclamé «responsable» pour ses fonds «éthiques» possède également des portefeuilles de titres comprenant des entreprises exploitant des mines de charbon ou les sables bitumineux du Canada, dans lesquels Total, autre nommé, investit massivement. Alstom a décroché un gros contrat en Afrique du Sud pour une centrale à charbon. Mais c‘est Eramet qui a eu le prix avec ses mines de nickel en Nouvelle-Calédonie et en Indonésie, au lourd impact sur l’environnement.

Enfin, dans la catégorie Droits humains, le pitoyable vainqueur est Somdiaa qui exploite la canne à sucre au Cameroun en expropriant les populations locales. Ses challengers étaient Sodexo pour la pression exercée sur les syndicats dans ses implantations aux Etats-Unis, Orange pour la vague de suicides qui a frappé l’entreprise en 2009 et GDF-Suez pour un barrage hydroélectrique au Brésil qui entraînerait un déplacement forcé de 3.000 personnes.

Bonne nouvelle, certaines entreprises épinglées essaient de s’améliorer

Les prix Pinocchio sont de plus en plus connus du grand public grâce à Internet. Et aucune entreprise n’aime qu’on la montre du doigt pour ses contre-vérités. Certaines sont piquées au vif et réagissent de façon intelligente : en rectifiant le tir. C’est ainsi que l’an dernier, le Crédit agricole a revendu des actions qu’il détenait dans l’entreprise Dongfeng, fournisseur des militaires birmans.

Très belle journée à vous

Photos : Pinocchio (Disney) et remise des prix 2009 (Amis de la Terre)

5 Replies to “Les prix Pinocchio de l’environnement”

  1. Grosnounours Post author

    Salut,

    Quand tu dis (ou répète ?) :

    « …EDF grand gagnant en 2009 pour dépenser plus en pub qu’en recherche sur les énergies renouvelables

    Un bon exemple de greenwashing est donné par EDF, le lauréat 2009 de la catégorie du même nom. Sa campagne de pub « Changer l’énergie ensemble » faisait croire qu’EDF était fortement engagé dans le développement des énergies renouvelables. En fait, son budget consacré aux énergies renouvelables est de seulement 2,1% du budget total consacré à la recherche et au développement. Pire, la campagne de pub avait coûté 10 millions d’euros contre 8,9 millions d’euros pour les énergies renouvelables. … »,

    je comprends qu’EDF se dit fortement engagé dans le _développement_ (pas la recherche, nuance) des énergies renouvelables, et c’est exact, même si EDF dépense moins en recherche qu’en pub sur ce terme, et même si au final, c’est le consommateur qui casque, EDF a dépensé en 2009 la somme de 470.000.000 € pour les énergies renouvelables (sous forme de coûts d’achats supérieurs au prix de vente), sans compter les 8.900.000 en recherche directe. Toutes les explications sur le forum (message N°26) :
    http://www.boursier.com/forum/valeurfr/edf,FR0010242511/edf+:+christine+lagarde+refuse+toute+%27conclusion+h-140917-787733.html

    Bonne soirée.

    Grosnounours (qui aurait bien des choses a ajouter sur ce sujet, genre que ces 470.000.000 € seraient bien mieux investis dans la recherche, que dans la poche de producteurs privés d’énergies renouvelables, etc…)

  2. Anna Galore Post author

    « Quand tu dis (ou répète ?) »

    Répète, en effet. Je n’ai aucune information secrète de la part d’EDF sur ses budgets divers, j’ai juste repris l’AFP et d’autres quotidiens qui ont parlé de tout ce qui figure dans ma note.

    Je ne comprends pas très bien (ce n’est pas de l’ironie, c’est vraiment que je ne comprends pas) ta dernière remarque après ta signature. Si 470 millions d’euros ont été effectivement investis chez des producteurs d’énergies renouvelables, cela veut dire qu’on va bénéficier d’une part plus importante d’énergies renouvelables, non ? Si tel est le cas, on a tous à y gagner, non ?

  3. Grosnounours Post author

    Pour faire bref, ces 470 M€ sont des subventions à des producteurs privés d’énergies « renouvelables ».

    Or, je pense qu’il serait plus judicieux de faire pour 470 M€ de recherches dans des filières nouvelles de sorte que l’on puisse produire de l’électricité par des voies nouvelles lorsque le vent ne souffle pas, ou qu’il fait nuit. On pourrait penser ici à la récupération du méthane au niveau des stations d’épuration, ou a accélérer les recherches sur la fusion, ou d’autres choses qu’on ne connaît pas encore parce qu’on a pas cherché.

    Plus judicieux, parce qu’actuellement, les fournisseurs de matériel pour la production d’énergies renouvelables (je pense essentiellement ici à l’éolien, et au photovoltaïque) sont étrangers, et qu’indirectement nous subventionnons des industries étrangères (au lieu d’une recherche locale).

    Plus judicieux aussi, parce que pour des raisons techniques liées à la très forte proportion d’énergie nucléaire dans le panier d’EDF, et parce qu’on arrête pas un réacteur nucléaire en 5 minutes, pour vouloir trop d’énergies renouvelables, on devra fermer des tranches de nucléaires, mais lorsque le vent ne soufflera pas, ou le soleil ne brillera pas, on devra bruler du charbon ou du fioul, ce qui est (si j’ai bien compris) le contraire du but recherché.

  4. Anna Galore Post author

    D’accord, je comprends mieux et, sur le fond, je suis plutôt d’accord : plus on consacrera de fonds à la recherche de nouvelles solutions de production d’énergie propre, mieux cela vaudra.

    Juste un détail, quand même : quand le soleil ne brille pas ou que le vent ne souffle pas, il est inexact de dire que tout s’arrête. L’énergie électrique produite pendant que le premier brille ou que le second souffle peut être emmagasinée dans des batteries pour être utilisée la nuit ou les jours sans vent. C’est le cas des installations actuelles.

    Et une remarque plus politique : je n’adhère pas nécessairement à l’argument de « préférence nationale ». Si des technologies existent qui permettent de produire dès aujourd’hui une énergie plus propre, il serait à mon avis injustifié de s’en priver sous prétexte qu’elles ne sont pas d’origine française.

  5. Grosnounours Post author

    La plupart des installations actuelles ne stockent pas l’énergie dans des batteries. Seules les installations autonomes le font, et pour un prix prohibitif, sauf lorsque les coûts d’acheminement de l’électricité traditionnelle font que c’est une solution économiquement rentable. A ce jour, et à ma connaissance, seule (en France), EDF stocke de l’énergie lorsqu’il y a surproduction non vendue, en pompant de l’eau depuis des retenues aval vers des retenues amont, là ou c’est possible, s’il y a de la place, et pour la quantité que les pompes peuvent remonter. On stocke donc de l’électricité sous forme d’énergie hydraulique, avec de fortes contraintes.

    L’une des voies de recherche est sans doute en direction d’un stockage efficace de l’énergie électrique, ce qui permettrait en effet d’envisager l’éolien ou le solaire comme des solutions crédibles, notamment dans le cadre d’un production fortement nucléarisée comme je disais dans mon post précèdent.

    Concernant ta remarque politique, je maintiens ma position. Quitte à ce que de l’argent tiré dans le porte monnaie de chacun (et donc forcément de la poche des moins favorisés) soit utilisé, je préfère le voir partir vers de la recherche localement, que vers des retours sur investissements privés (de gens plus favorisés, ceux qui financent les installations et revendent leur électricité plus chère à EDF que ce qu’elle même ne peut revendre à ses clients), qui autrement seraient déficitaires, et vers des fabricants de matériel lointains qui rémunèrent plus d’actionnaires qu’ils ne financent de recherche.
    De plus malheureusement, cette politique de subventions donne lieu à des fraudes scandaleuses :

    http://www.transactiondalgerie.com/index.php?option=com_content&view=article&id=12975%3Aen-espagne-les-panneaux-solaires-produisent-meme-la-nuit&Itemid=21

    http://www.liberation.fr/sciences/0101557517-solaire-ibere

    Bien évidement, dans le cas de pays dont l’essentiel de la production provient de combustibles fossiles, dont la souplesse de production est plus grande, la solution énergie renouvelables est bien plus adaptée qu’en France, mais demeure non viable sans subventions dans le cadre d’une production privée.

    Bonne soirée.

    Jean

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *