La soirée s’est étirée jusqu’après minuit. Nos amis Karine et Stéphane étaient là avec leur fils, après que nous ayons passé l’après-midi aux Saintes, Anti, Karine, Enzo et moi. En dehors du simple plaisir de retourner encore et toujours dans ce village empli de grâce, nous avions une raison pratique d’y aller justement hier.
Karine, en effet, est cinéaste depuis des années. Même si elle n’a jamais pu vivre de son art et été contrainte de prendre toutes sortes de petits boulots pour assurer le quotidien, sa passion lui reste chevillée au corps.
Depuis que nous lui parlons de nos différents passages aux Saintes et de toutes les rencontres que nous y avons faites, tant avec des Roms que des personnes qui ne le sont pas mais les respectent et les aiment, elle a conçu le projet de réaliser un film sur les pèlerinages qui rythment la vie de cette commune deux fois par an.
Celui d’octobre aura lieu le weekend prochain. Nous avons donc proposé à Karine de l’aider à faire ses repérages, la conduisant à la crypte pour rencontrer Sara en sa demeure, au presbytère pour demander l’autorisation de tourner et ensuite le long du parcours que prendra la procession pour qu’elle ait une idée des meilleurs endroits où se poster lorsqu’elle aura lieu.
Dans l’église, une bible était posée sur un lutrin, ouverte à la page du Cantique des Cantiques, dans une traduction qui semblait avoir été écrite pour Sara la Noire et ses descendants les Roms :
« Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem, comme les tentes de Kédar, comme les pavillons de Salma. Ne prenez pas garde à mon teint basané, c’est le soleil qui m’a brûlée. »
Le ciel était très chargé mais la pluie s’est arrêtée aussitôt que nous sommes arrivés dans la ville. Les nuages étaient superbes et la mer agitée comme nous ne l’avions jamais vue auparavant. Les mouettes jouaient avec le vent violent au-dessus de nos têtes, presque à portée de main. Le spectacle était magnifique.
Nous avons eu aussi le très grand plaisir de croiser Janusz, accompagné de l’une de ses filles, Salomé. C’était un magnifique moment de chaleur réciproque et de discussion amicale. Lui et sa fille sortaient de la bibliothèque municipale, avec des grands sacs pleins de vieux livres offerts par la bibliothécaire pour qu’ils puissent les vendre au marché aujourd’hui.
Lorsque nous avons évoqué la fameuse recette du ragondin, Janusz est soudain redevenu sérieux pour nous mettre en garde sur le fait que les ragondins étaient atteints, ces temps-ci, d’une maladie proche de la myxomatose et qu’il fallait donc bien les choisir si on voulait en faire du ragoût.
Après une jolie balade sur la plage, nous avons pris café et thé à la bodega où nous avions mangé en mai dernier, avant de reprendre la route pour Nîmes.
Stéphane et son fils nous ont rejoints à la maison. J’ai préparé du saumon aux petits légumes en papillotes, que nous avons accompagné d’un Gewurtztraminer 1999 à tomber par terre – surtout qu’on avait entamé le début de soirée par quelques mojitos. Il n’est rien resté.
Très belle journée à vous
Gourmandes !
Joli regard énigmatique de Sara et vue troublante de la mer déchaînée (c’est peu courant). J’étais à Palavas et je me serais crue devant l’Atlantique avec les mêmes couleurs.
C’est une géniale idée de faire un film. On verra la suite bientôt.
« Joli regard énigmatique de Sara et vue troublante de la mer déchaînée (c’est peu courant) »
Oui ! La fameuse houle des Saintes Maries !!! C’est incroyable 😉
« Janusz est soudain redevenu sérieux pour nous mettre en garde sur le fait que les ragondins étaient atteints, ces temps-ci, d’une maladie proche de la myxomatose et qu’il fallait donc bien les choisir si on voulait en faire du ragoût. »
C’est pire que ça la leptospirose ! Effectivment, la prudence est de mise : http://www.piegeur61.com/fr/leptospirose.php3
C’était une très belle journée. J’ai hâte de découvrir ce que Karine va faire avec sa p’tite caméra magique. En tout cas, après avoir vu son documentaire « Corsitude » hier, je pense déjà que je vais aimer celui sur les Saintes et surtout, j’ai très envie de voir son autre doc : “Le Souffle”, portraits d’enfants sourd-aveugles qui a reçu le 1er prix du film du festival du film indépendant de Bruxelles en 1998.
anti, vivement maintenant !