Plus belle la vie ! Malika Bellaribi.

Dans la série Plus belle la vie entamée hier avec le récit des aventures de Caroll, aujourd’hui l’histoire de Malika Bellaribi.

Malika Bellaribi est chanteuse lyrique, mezzo-soprano. Jusque là, rien de bien extra-ordinaire sauf que… Malika est née en 1957 dans le bidonville de Nanterre.

Mais laissons la raconter avec ses mots et son sourire :

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Je suis née dans le chaos et la pauvreté, à la fin des années cinquante. Mon décor : les bidonvilles de Nanterre où des familles d’origines algérienne, comme la mienne, vivent les unes sur les autres, sans eau courante ni électricité… Mes parents et mes six frères et soeurs ne sont pas ravis de devoir se serrer un peu plus pour me faire une place. Chez nous, les cris sont permanents et les coups pleuvent pour un rien. J’apprends vite à me débrouiller seule et à ne pas me faire remarquer. C’est quand tout le monde oublie mon existence que je suis le plus tranquille.

L’année de mes 3 ans, nous quittons le bidonville pour une vraie maison, toujours à Nanterre. Deux pièces et une cave : autrement dit un palais comparé aux dix mètres carrés d’avant !

Peu après notre déménagement, à l’approche de l’été, ma mère décide de m’offrir une paire de sandales blanches. Des chaussures de princesse ! Je crois rêver… Eblouie, j’esquisse quelques pas et me retrouve sur le trottoir, sous le regard indifférent de ma mère, en pleine discussion avec la vendeuse.

L’oeil rivé sur mes nouvelles chaussures, je marche dans la rue sans voir arriver une masse sombre qui soudain me recouvre. Je saurai plus tard, beaucoup plus tard, qu’il s’agissait d’un camion qui, en reculant, a écrasé mes jambes et fracturé mon bassin. J’ai trois ans à peine, ma vie vient de basculer.

Cet accident va bouleverser son existence. Après bien des opérations, des mois à l’hôpital qui la coince loin de sa famille, un jour, elle reçoit la visite de religieuses, elle la petite musulmane, et découvre… le chant.

« Je suis la preuve vivante que rien n’est impossible » dit-elle. Cette belle histoire de transcendance du terriblement douloureux en merveilleux, Malika le raconte dans un livre, Les sandales blanches, paru cher Calmann-Levy.

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Les sandales blanches

Faire une carrière de mezzo-soprano qui vous porte à la présidence du jury de présélection de l’Eurovision, voilà qui n’est déjà pas à la portée de tout le monde. Mais connaître un tel succès quand on est né dans un bidonville à Nanterre, voilà qui est proprement stupéfiant, tant on imagine nombreux et dissuasifs les obstacles à surmonter.

C’est peu dire, en effet, que rien ne prédestinait Malika Bellaribi à suivre ce parcours exceptionnel. Née dans ce « quart-monde » à la périphérie de Paris dénoncé par l’abbé Pierre, grandie tant bien que mal dans une famille nombreuse aux parents indifférents, Malika est victime d’un très grave accident qui la force à passer des années à l’hôpital et en rééducation dès sa plus tendre enfance.

Mais à quelque chose ce malheur est bon. Loin de son univers familial, soignée par des religieuses bienveillantes, Malika se trouve, et découvre la musique : celle des chants religieux qui emplissent, chaque dimanche, la chapelle de l’hôpital. La musique : c’est, la petite fille le sent, la voie du salut et du bonheur.

Il lui faudra endurer encore bien des humiliations et des vicissitudes, y compris une tentative de mariage forcé en Algérie, avant d’oser défier les règles de sa communauté. Elle décidera de choisir librement sa vie, son amour, et sa religion.

Mais la réussite de Malika ne se borne pas à cette prouesse déjà exemplaire. À peine son nom commence-t-il à être connu qu’elle songe à faire profiter les autres de ce qu’elle a appris et à partager la joie que lui procure le chant lyrique. Elle crée en banlieue des ateliers de chant qui s’appuient sur une pédagogie utilisant la mémoire corporelle, les cinq sens, la créativité des jeunes, les relations affectives, les règles de groupe, les tabous… Malika n’a pas oublié d’où elle venait !

En vidéo :

Extrait vidéo de son spectacle « Les aventurières » en vidéo sur le site de France 3.

Son fabuleux destin par elle-même ici.

anti

Source « Il était une femme« , article de Charlotte Fouilleron et Béatrice Fouga

10 Replies to “Plus belle la vie ! Malika Bellaribi.”

  1. Zaza

    Quelle belle histoire , petite fille elle a connu la misère et tout ce qui en découle et après soufffle un vent de bonheur dans sa vie: le chant !

  2. anti

    « Le soleil parait encore plus rayonnant aujourd’hui… »

    C’est tout ce que je peux vous souhaiter aux uns et aux autres qui passez ici : un soleil un peu plus brillant chaque jour.

    anti, fée ce qui vous plaît 😉

  3. ramses

    Merci anti, de nous avoir fait partager cette interview remarquable…

    J’en retiendrai 3 choses :

    – On oublie facilement les mauvaises conditions matérielles, ce qui compte avant tout, ce sont les sentiments…

    – La base de la réflexion sont les cinq sens et les émotions…

    – On peut continuer à se cultiver à tout âge…

    Magnifique parcours de cette femme, qui a su, à force de volonté, acquérir une rare sagesse.

    Ce blog m’est de plus en plus indispensable !

  4. anti

    T’es trop mignon toi ! Contente de partager avec vous tous la fille ! Tu devrais aussi aimé ce que je viens de faire pour demain…

    anti

  5. Anna Galore

    « ce qui compte avant tout, ce sont les sentiments… La base de la réflexion sont les cinq sens et les émotions… »

    …et tu vas aussi aimer le diaporama que m’a fait parvenir anti et que je vais mettre en ligne demain…

    (le diaporama, pas anti)

  6. lison

    Très belle dame. Malgré ses souffrances, elle a su grandir et maintenant prouve que c’est possible de s’en sortir.
    Merci, anti.

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