Souvenirs d’une communion exceptionnelle

Ainsi que nous vous le disions hier, nous avons choisi Paris pour manifester dimanche. C’est Anti qui en a eu l’idée : elle sentait que ce moment serait historique et elle voulait donc le vivre là où son intensité serait la plus forte. De fait, nous étions, pour reprendre l’expression étonnante du ministre de l’Intérieur, « innombrables ». Et, pour une fois, il n’y a pas eu de batailles de chiffres entre ceux des organisateurs et ceux de la police, puisque nous étions tous ensemble dans la rue, simples citoyens sans aucun autre slogan que nos applaudissements, la Marseillaise et la phrase qui incarne désormais cet événement planétaire, « Je suis Charlie », visible partout dans les rues, même loin du lieu de rassemblement, sur les vitrines, les murs, les fenêtres ou bien sûr les passants.

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Des manifs, on en a connu beaucoup (ma première était en mai 68…) mais aucune comme celle-là. Forcément, puisqu’il était hors de question qu’il y ait des prises de paroles ou des revendications autres que la plus élémentaire (celle de la devise de notre pays), comme il n’y avait non plus aucune banderole en dehors des multiples variations sur « Je suis Charlie » et que même les élus ne souhaitaient être présents qu’en tant que citoyens anonymes, l’ambiance était unique. Le mot communion a été utilisé par beaucoup, il reflète bien ce que nous avons ressenti.

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Un trajet officiel de cortège avait été défini, de République à Nation. Personne n’étant là pour l’encadrer, la foule immense s’est en fait répartie à pleins d’endroits simultanément et bien au-delà des grandes artères prévues. C’est ainsi que notre petit groupe (Jean-pierre, Anti et moi) a décidé de se rendre directement à Nation et de remonter l’avenue vers République à la rencontre du cortège « normal ». Quelques dizaines de milliers de gens ont eu exactement la même idée que nous et très vite, plus personne n’arrivait à avancer. Nous avons atteint le métro Charonne, à peine 1 kilomètre sur les 3,4 qui nous séparaient de République, puis nous sommes revenus à Nation où nous sommes restés jusque vers 18 h. Jean-Pierre s’est juché sur un arbre pour prendre des photos d’en haut, nous vous les montrerons un peu plus tard.

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Malgré la cohue permanente pendant des heures, personne ne s’énervait, les gens se souriaient, se parlaient, plaisantaient, se faisaient des signes de sympathie. Il n’y a eu absolument aucun incident, même en fin de la manif alors que cela arrive si souvent. Bien entendu, il y avait des policiers et CRS un peu partout, mais ils n’ont jamais eu à intervenir. Il faut dire, beaucoup de médias l’ont raconté, que pour une fois les forces de l’ordre étaient certes là pour assurer notre sécurité, mais faisaient en même temps partie de nous et étaient chaleureusement applaudies par les manifestants. Des drapeaux de tous les pays se sont mélangés, y compris celui de la Syrie à côté de celui d’Israël. Des peaux de toutes les couleurs se sont côtoyées.

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Un moment rare a marqué notre journée dès son début. Lorsque nous sommes arrivés gare de Lyon, Anti et moi, nous avons été accueillis par Jean-Pierre (qui avait pris un train une heure plus tôt) et Luce, très heureuse de nous voir – c’était réciproque. Nous nous sommes embrassés et l’avons accompagnée en bavardant tranquillement jusque devant le jardin des Plantes où un bus spécial prenait tous les membres de Charlie et les familles des victimes afin de les conduire en tête de cortège à République. Cette petite balade détendue avant l’immense rassemblement était une parenthèse sereine et douce.

Très belle journée à vous

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3 Replies to “Souvenirs d’une communion exceptionnelle”

  1. Sampang

    ah bah je viens d avoir une réponse juste après avoir écrit cela :  » eh Cocotte, t avais qu à suivre le blog, tu l aurais su ! 😛  » 😉

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