Un maire aficionado découvre certaines réalités sur les corridas

Gérard Abella, le nouveau maire de Boujan-sur-Libron (Hérault), est un aficionado convaincu, membre d’un club taurin et qui ne loupe jamais la féria de Béziers, tout près de chez lui. Une fois n’est pas coutume, nous allons le féliciter bien qu’il soit pro-corrida. Car, avant tout, c’est quelqu’un qui, non seulement ne ment pas face à une réalité qu’il doit trouver pourtant désagréable, mais en plus agit de façon cohérente et sensée pour que sa commune arrête de perdre de l’argent à flots dans le sable de ses arènes.

Aussi a-t-il décidé de supprimer les deux novilladas prévues en août prochain. Son raisonnement est celui de tout bon gestionnaire et il faut louer sa transparence, rarissime dans le monde de la tauromachie qui préfère largement l’opacité.

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A Boujan (3000 habitants), la féria coûte 100 000 euros, dont 50 000 euros pour la partie taurine qui se répartir entre un éleveur et une école taurine. Or les deux novilladas rapportent au plus 5 000 euros en tout, ce qui fait un déficit de 90%. Pourquoi est-ce que cela coûte aussi cher, alors qu’un novillero est payé autour de 50 euros si les tarifs pratiqués à Rion-des-Landes sont représentatifs de ce qui se passe dans une petite commune ? Parce que, dès lors qu’il y a corrida avec mise à mort, la loi impose la mise en place d’un bloc opératoire, ce qui coûte cher.

Et pourquoi y a t-il si peu de monde à une novillada ? L’aveu du maire est de taille, même s’il ne surprendra que les aficionados : parce qu’un spectacle où un animal est torturé et mis à mort n’est pas « familial ». Enfin ! Il existe donc bien des procorridas qui admettent que ce n’est pas un lieu où emmener des enfants, en plus de reconnaitre que c’est une activité qui perd de l’argent !

Le nouveau maire, toujours cohérent, prévoit donc de remplacer ces séances sanguinolentes par des toros-piscines ou des courses camarguaises. Le coût sera alors divisé par 5 et le public viendra normalement plus nombreux, ce qui permettra à la commune de ne plus perdre de l’argent sur le dos de ses administrés.

Inutile de dire que chez les taurins, ça râle sec. Hugues Bousquet, aficionado bien connu à Béziers pour sa propension à lancer des termes homophobes sur les anticorridas, a poussé ce cri du cœur émouvant : « Sans mise à mort, ce n’est plus de la tauromachie… Le prix des toros peut toujours se négocier pour en amortir le coût. N’oublions pas que la corrida sans mise à mort serait comme la chasse sans cartouche, la pêche sans hameçon, les zoos sans animaux…« . Tout un programme, qui ne peut que nous réjouir.

Pensée pour ce pauvre Viard qui écrivait encore récemment que la tauromachie est « une culture riche et prospère ». Remarquez, c’était au milieu de tout un tas d’autres âneries, alors c’est probablement passé inaperçu.

Source des infos sur Boujan : Midi Libre 

8 Replies to “Un maire aficionado découvre certaines réalités sur les corridas”

  1. sylvana FERRETTI

    Il a la trouille LTR dont je viens d’apprendre le vrai nom ! Il a peur de la contagion ! Il voit rouge !!!

  2. Alberich

    Il peut faire des toro-piscines façon Intervilles, c’est un peu beauf mais ça plaît aux plus jeunes, c’est participatif, ça distrait un public peu exigeant, surtout en plein été. Il peut faire aussi des courses camargaises, qui plairont plutôt à un public plus âgé et plus traditionaliste, mais où les plus jeunes risquent de s’ennuyer.

    Enfin il peut essayer les courses de recortadores, ces acrobaties autour des taureaux sont réputées spectaculaires, et n’auraient pas les inconvénients (beauf ou ennuyeux) des autres spectacles sans mise à mort, ni la violence et la cruauté de la corrida. Je me demande si les recortadores ne pourraient pas, à l’avenir, connaître un bon développement et se substituer aux corridas
    http://www.arles-info.fr/2013/09/07/les-recotadores-lenvol-dune-discpline/

  3. sylvana FERRETTI

    Tous ces jeux avec les taureaux m’enervent ! Mais en même temps je suis bien consciente qu’il faut leur laisser un « os » à ronger. On laisse cela aux générations futures ! Aujourd’hui c’est la corrida qu’il faut éradiquer !

  4. EMINENT JURISTE

    Bonsoir,
    L’une des prochaines facettes de la lutte anti-corrida sera, notamment, de s’attaquer aux relations financières entre monde taurin et collectivités territoriales … à ce titre il serait bon, que les adversaires corrida militants ou simples soutiens, repèrent et récupèrent dans leurs communes, départements ou régions les délibérations 2014 relatives à des subventions, les votes de budget 2014 avec compte-rendu de délégation de service public « gestion des arènes » etc …. assécher financièrement le monde taurin en faisant interdire les subventions illégales promet d’être très efficace …

  5. Anna Galore Post author

    C’est un travail remarquable que mène déjà inlassablement notre ami Mario, président de la BACM, depuis des années et dont nous relayons souvent les trouvailles dans nos colonnes.
    Tu as raison, il faut le généraliser aux plus de communes possibles !

  6. Alberich

    Egalement, les rapports des chambres régionales des comptes peuvent être instructifs. Mais j’imagine qu’ils sont déjà lus de près.

    il faut le généraliser aux plus de communes possibles !

    Il y a des dizaines de communes, un bon nombre de départements et plusieurs régions qui ont des corridas.
    Un site web spécialement dédié à inventorier et à exposer publiquement les aides directes et indirectes accordées par ces communes, départements, régions, à la corrida, serait une bonne chose. Des palmarès pourraient être tirés.

    Ce site web pourrait être participatif (car le travail à réaliser et considérable) et proposer un guide pratique à télécharger « comment vous pouvez procéder pour surveiller les comptes de votre commune et nous communiquer des informations utiles »

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