Et le mistral gagnant

Samedi soir, nous avons pris la route pour Cavaillon, où nous avions réservé une chambre pour la nuit. Non que nous ayons prévu de visiter la capitale du melon, mais parce que nous étions ainsi à deux pas de L’Isle sur la Sorgue. Nous avons juste posé nos affaires avant de filer y rejoindre Valentine et Hervé. Ils nous attendaient dans le meilleur restaurant de la ville, Le Prévôté, qui est construit au-dessus d’un bras de la Sorgue.

DSCN4618b.jpg

Ils étaient accompagnés de leurs deux filles que nous ne connaissions pas jusque-là. La sympathie réciproque a été immédiate avec elles. Cerise sur le gâteau, nous avons découvert au détour de certaines phrases qu’elles étaient également des lectrices assidues du blog.

Les rires ont vite fusé autour de notre table et la soirée a été parfaite, même si le mistral s’était mis de la partie et nous glaçait jusqu’aux os – on était tous habillés léger avec le grand soleil qui avait brillé toute la journée.

DSCN4638b.jpg

Après une bonne nuit à l’hôtel de Cavaillon, nous étions de retour à L’Isle sur la Sorgue en milieu de matinée. Anti portait son superbe chapeau acheté aux Baux et avait des allures de star avec sa grande robe noire. Le mistral était tombé, il faisait très chaud.

Les trottoirs étaient bondés de brocanteurs proposant les objets les plus variés et, bien sûr, de milliers de chineurs et de touristes ravis.

DSCN4642b.jpg

Nous avons acheté des bouquins, des albums et cahiers anciens bradés à des prix ridicules et des numéros du Crapouillot datant du milieu des années 30 qui racontent entre autres l’affaire Dreyfus et le procès de Ravachol.

Nous avons admiré des vieilles boules de pétanque traditionnelles faites de sphères en bois entièrement recouvertes de clous, des jeux de poids pour balances Roberval, des boîtes de Banania, des moulins à café manuels, un flipper bricolé avec quelques planches et des clous et mille autres choses hétéroclites.

Nous avons parcouru les boutiques d’antiquaires haut de gamme qui se cachaient derrière un portail grand ouvert et flâné le long des canaux envahis d’algues.

DSCN4652b.jpg

Nous avons entendu à une terrasse de café un monsieur du coin dire à une touriste ébahie : « J’y ai bossé, moi, dans la maison de Renaud, je connais même sa petite ». Ah bon ? Renaud habite là ? On s’est dit qu’il n’y avait aucune chance de le croiser un jour de brocante, avec toute cette foule et on s’est demandé si d’autres gens connus venaient passer leur été dans le coin. Après tout, nous étions en plein Lubéron. Mais nous n’avons reconnu personne.

Vers 14h, on s’est enfin posé pour manger un peu. Le restau était dirigé par un couple d’amoureux très enjoués, ce qui rendait le lieu forcément sympathique. Alors que nous attaquions nos plats, Anti m’a discrètement envoyé un SMS : « Renaud est en face de toi ». Effectivement, à la table d’à côté, à moins d’un mètre de nous, Renaud était là, les yeux dans le lointain, à côté de sa compagne.

IMG00176.jpg

Ils ne disaient rien, leur repas était terminé. Nous avons un peu plaisanté avec elle, mais pas osé le sortir lui de sa rêverie. Quand ils se sont levés pour partir, il est passé entre sa table et la nôtre. Anti et moi lui avons dit à mi-voix que nous avions eu grand plaisir à le croiser ici. Il a souri et nous a remercié, avec beaucoup de gentillesse dans la voix.

Moment de bonheur simple que cette rencontre fortuite avec un artiste que nous aimons depuis ses débuts. En rentrant, Anti a cherché un peu d’info. La famille Séchan vivait déjà là quand il était gamin, dans une maison qu’il a achetée par la suite, peu après avoir eu sa fille.

Sur la route du retour, nous nous sommes dit que ce dimanche avait vraiment été riche en rencontres, en découvertes et en surprises.

Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie
Et l’aimer même si le temps est assassin
Et emporte avec lui les rires des enfants
Et les mistrals gagnants

Très belle journée à vous

DSCN4633b.jpg

8 Replies to “Et le mistral gagnant”

  1. jean-philippe Post author

    Wouah ! des images splendides et une rencontre tout à fait charmante avec un grand monsieur de la chanson Française ! Merci infiniment pour ce billet et bon week end à vous !

  2. Anna Galore Post author

    SVPAt : oui, bien sûr, vous pouvez reprendre ce passage dès lors que vous citez sa source (ce qui est le cas sur le lien que vous donnez). Et j’ai appris au passage que celle que j’ai appelé sa « compagne » (faute de savoir qui elle était) ne l’est pas forcément 😉

  3. Anna Galore Post author

    Les numéros que nous avons achetés datent des années 30, comme indiqué dans l’article. A cette époque, le Crapouillot était un journal satirique qui ne relevait d’aucun bord politique marqué puisque ses journalistes allaient de l’extrême-gauche (avec entre autres des communistes) à l’extrême-droite (il y avait parmi eux un journaliste maurassien… ce qui n’empêchait pas le Crapouillot de soutenir Dreyfus et de dénoncer le complot d’extrême-droite antisémite qui l’avait fait injustement accuser).
    Il n’a pris une tournure résolument à droite puis à l’extrême-droite qu’à partir de 1967 avec un changement de l’équipe dirigeante.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *