Tous des Big Brothers

Connaissez-vous ce que l’on nomme la réalité augmentée ? Cela consiste à intégrer des images réelles avec d’autres virtuelles, tout en étant capable de les faire interagir l’une sur l’autre.

Un exemple ? Vous passez dans un lieu public. Des caméras de surveillance vous repèrent, un logiciel reconnait votre visage grâce au fait que vous avez rendu ce dernier public sur un site web, récupère vos données personnelles telles que les sites d’achat sur lesquels vous allez et ce que vous y consommez et se sert de toute cette information pour faire apparaître sur des écrans, lorsque vous passez devant, des publicités qui tombent pile poil dans vos goûts. C’est ce qui arrive à Tom Cruise dans Minority Report, le film de Spielberg, alors qu’il est en train de traverser une galerie commerciale.

Ce n’est plus de la science-fiction. Toute la technologie est déjà là.

Apple se propose de diffuser les premiers logiciels de ce genre sur son iPhone à partir de septembre prochain. Plusieurs sont déjà prêts.

Reprenez l’exemple que je viens de vous donner et imaginez :
– vous avez un compte sur Facebook, où vous affichez votre visage.
– rien n’est plus simple que de pister les sites web où vous aimez vous rendre, qu’il s’agisse d’Amazon ou de lieux moins avouables.
– reconnaître votre visage en temps réel à partir d’une caméra est une technique déjà maîtrisée.
Il n’y a plus qu’à balancer de la pub pour le dernier CD de votre groupe favori, un voyage vers une île de rêve ou une soirée dans un club sado-maso (priez pour que n’importe qui ne voit pas ce qui apparait sur votre téléphone si vous êtes dans la rue).

On n’en est pas tout à fait là mais presque. Le logiciel Augmented ID, de TAT, disponible en septembre, permettra de faire apparaître les informations de votre compte Facebook ou Twitter si quelqu’un qui le possède pointe la caméra de son iPhone vers vous. Il faut, bien entendu, que vous ayez rendu votre profil Facebook visible à tous. Beaucoup le font, pour chercher du boulot par exemple ou pour faire des rencontres, tout simplement.

Quoi qu’il en soit, Facebook n’est qu’un premier pas. Un logiciel plus puissant pourrait, un jour, rassembler l’information partout où elle se trouve, qu’elle soit ou pas dans un réseau social organisé : votre nom et votre téléphone dans un annuaire en ligne, des photos de votre visage présentes à un endroit ou un autre sur le web, vos achats, vos sites favoris donc vos goûts.

Ce n’est plus Big Brother qui vous regarde, c’est n’importe qui, partout.

Cela dit, vous avez une solution simple pour éviter l’effondrement de ce nouveau pan de votre vie privée : ne pas mette sur la place publqiue ce que vous n’avez pas envie de retrouver sur le téléphone ou le PC d’un inconnu. Si vous savez que vous êtes observés, vous pouvez toujours utiliser cet état de fait de façon réfléchie, voire à votre avantage. Un logiciel ne peut analyser que l’information qu’il a.

A chacun de veiller à ce qu’il divulgue dans des espaces publics. De plus en plus.

10 Replies to “Tous des Big Brothers”

  1. anti Post author

    Trop cool !

    Je vais me créer un compte avec ma photo cette fois, une nouvelle identité et me créer un profil trop d’la balle, traîner sur la section philo de Amazon, regarder les fringues taille 38, 90 b, le site de Décathlon équitation, le site de la Fnac musique et photo et voilà : je serai une bombasse intello, cultivée et une virtuose de la musique ! Trop bien !

    C’est l’horreur ce truc quand même ! Limite, on tomberait dans la parano.

    anti

  2. Anna Galore Post author

    Ce n’est qu’une évolution logique de réseaux comme Facebook, pour lequel j’ai une aversion totale. Un extrait de Wiki à ce sujet :

    Depuis sa création, Facebook fait l’objet d’une controverse concernant le respect de la vie privée des utilisateurs. Le logiciel utilise en effet les informations personnelles des utilisateurs afin d’introduire des publicités adaptées à leur profil et vend les informations livrées par les utilisateurs à des entreprises privées, comme c’est indiqué dans sa charte concernant la vie privée. Cette charte indique par ailleurs que Facebook peut aller récolter des informations sur les membres à partir de sources extérieures comme les journaux, les blogs et d’autres sources sur Internet.

    Les informations sur les utilisateurs sont également collectées par Facebook pour améliorer ses bases de données et permettre à ses clients de mieux cibler les publicités, en connaissant les comportements de consommation des utilisateurs de Facebook. Les sites tiers peuvent, grâce à Facebook Social Ads, utiliser les informations amassées par Facebook pour envoyer des publicités ciblées en fonction des différentes caractéristiques des profils. Ceux ci pouvant par exemple contenir des données sur : la sexualité, le niveau d’études, les opinions politiques, la religion, les emplois occupés.

    Le contrat passé avec les utilisateurs de Facebook spécifie que toutes les données entrées sur le site (messages, éléments de profils, photos etc.) ont leurs droits concédés sous licence à Facebook qui a le droit de les utiliser pour ses publicités, de les revendre à des tiers, de les sous-licencier. Le 4 février 2009, Facebook a modifié ses conditions d’utilisations et a inventé le principe d’une « licence perpétuelle sur tout le contenu déposé (articles, photos, vidéos…) par un utilisateur, y compris les contenus supprimés. Devant le tollé provoqué, l’entreprise est revenue en arrière deux semaines plus tard.

    Voici un extrait particulièrement significatif des conditions de cession de droits au profit de Facebook :

    « Vous nous accordez une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation à Facebook (« licence de propriété intellectuelle »). Cette licence de propriété intellectuelle se termine lorsque vous supprimez vos contenus de propriété intellectuelle ou votre compte (sauf si votre compte est partagé avec d’autres personnes qui ne l’ont pas supprimé).
    _____________________

    Autrement dit, tant que vous êtes membre de Facebook, tout ce que vous y mettez appartient à Facebook, qui a le droit d’en faire ce qu’il veut.

  3. anti Post author

    Pour ma part, je m’y suis inscrite quand je bossais à Paris pour pouvoir voir les vidéos amusantes de mes collègues de boulot. Je pense qu’il suffit de ne rien remplir dans les informations demandées pour ne pas donner d’infos. En tout cas,à part ma date de naissance, y’a rien de moi (si, la photo de Anna – juste pour faire fantasmer les mecs ;-))

    Je ne suis pas du tout accro. J’y vais de temps en temps, chercher des idées amusantes (et j’en trouve), mais sinon, je n’aime pas ce genre d’interface. Ca me fait penser à la presse à scandale : qu’est-ce qu’il se passe chez mon voisin ?

    anti

  4. ramses Post author

    « Autrement dit, tant que vous êtes membre de Facebook, tout ce que vous y mettez appartient à Facebook, qui a le droit d’en faire ce qu’il veut. »

    Mais quand on se désinscrit, tout ce qui a été collecté par d’autres membres ne disparaît pas pour autant :

    « Cette licence de propriété intellectuelle se termine lorsque vous supprimez vos contenus de propriété intellectuelle ou votre compte (sauf si votre compte est partagé avec d’autres personnes qui ne l’ont pas supprimé). »

    J’adore aussi le paragraphe précédent :

    « « Vous nous accordez une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook ou en relation à Facebook (« licence de propriété intellectuelle »). »

    Autrement dit, Facebook fait ce qu’il veut de vos données, il peut les sous-traiter moyennant finances, sans aucune contrepartie pour vous. En droit français, c’est un contrat « léonin ». Je m’étonne que le Ministère de la Justice ne se penche pas sur ce cas.

    Je suis heureux de voir qu’Anna est beaucoup plus circonspecte sur ce « réseau social » que lors de notre premier échange. Les gens manquent-ils à ce point de vrais amis, qu’ils n’hésitent pas à s’exposer ainsi ? Ca me dépasse…

  5. Vanessa Post author

    On discutait récemment de la réalité augmentée avec des potes informaticiens. Et j’ai entendu un reportage à la radio il y a quelques mois. Je n’avais pas du tout eu l’impression que la divulgation d’informations était la priorité, comme quoi ils ont bien fait passer leur truc pour que tout le monde se dise que c’était cool…
    La réalité augmentée, c’est l’interaction du virtuel avec le réel, à travers l’écran du téléphone ou la webcam. Genre si on filme une tasse à café, au travers de la réalité augmentée, on peut avoir un petit personnage qui vient se balader sur la soucoupe. Ce qui pourra mener plus tard à des techniques style immersion vidéo. Enfin, moi, c’est ce que j’en avais compris. Mais là, ce que tu dis fait vraiment peur, et c’est clair que c’est une application assez logique…
    Bon, moi je m’en fous, ce que je mets sur facebook, ce n’est pas masse intéressant, ce n’est pas mon vrai nom, et aucun employeur ou autre ne pourrait me blâmer pour ce qu’il y trouverait. Mais bien sûr, ça reste un sérieux problème d’éthique au niveau de la protection des données et de la vie privée.

  6. Anna Galore Post author

    Tu as raison de souligner que ce n’est pas la réalité augmentée qui est le danger mais ce qu’on en fait. Il y a, heureusement, de très belles applications de réalité augmentée, comme les consultations médicales voire les opérations à distance (grâce à des robots conçus à cet effet).

    Ici, le sujet n’est pas tant la réalité augmentée par elle-même, mais la mise en garde contre ces nouveaux logiciels qui sont une banalisation rampante de dérives inacceptables.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *