Cochon pendu

Je poursuivrai mes notes sur Rome un petit peu plus tard mais là, il faut d’abord que je vous parle de notre après-midi d’hier parce qu’il s’en est passé, des choses, et pas qu’un peu.

Vous avez tous sûrement joué au cochon pendu quand vous étiez petit. On s’accroche par les bras et les pieds à une barre horizontale ou, mieux, lorsque la hauteur le permet, on se pend carrément par les pieds, les jambes repliées autour de la barre et on se balance en se marrant.

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Hé bien, hier, après des décennies à ne plus pratiquer ce petit jeu, j’ai refait cochon pendu, pas du tout volontairement et avec une variante que j’aurais préféré éviter.

Tout a commencé par une sortie familiale – Anti, Gwlad, Houssam et moi – vers un site d’accrobranches situé à une heure de chez nous au milieu des Cévennes, non loin de Ganges. On traverse de très beaux paysages pour l’atteindre et on a repéré, pour plus tard, quelques coins à baignade en longeant l’Hérault (le cours d’eau, pas le département).

Pour Anti et Houssam, c’était une grande première. Gwlad et moi en avions déjà fait. Tout le monde était très excité et certains ressentaient une appréhension certaine au point d’hésiter à tout arrêter dès la première tyrolienne du parcours le plus facile. Mais bon, les deux novices ont surmonté leurs craintes et on a passé plus d’une heure ensuite à se faire un bon paquet d’installations, dont deux longues tyroliennes très chouettes.

A un moment, du haut d’un plateau, j’ai chanté aux filles qui étaient en bas « Toute ma vie j’ai rêvé de voir le bas d’en haut », avec Anti qui reprenait les refrains avec moi. D’ailleurs, dans certains passages, Dutronc aussi fait la tyrolienne, mais celle avec la voix. C’était donc tout-à-fait approprié.

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Vers 18h, un responsable du parc nous a dit qu’il allait bientôt falloir s’arrêter. On a décidé de se faire une dernière tyrolienne, la plus longue du circuit, plus de cent mètres. Anti et Houssam l’ont dévalée sans problème. J’ai pris position à mon tour et hop !

Vers le milieu du trajet, ça allait vraiment très vite et je n’ai pas pu empêcher mon corps de tourner lentement autour de l’axe de ma trajectoire. J’ai atteint l’arrivée à pleine vitesse, alors que j’étais de profil. Ma hanche droite a heurté violemment le boudin d’amortissement, qui s’est révélé très insuffisant pour amortir quoi que ce soit.

Alors que je sentais une douleur fulgurante, mon poids a entraîné la tyrolienne vers l’arrière et, sans que je puisse rien y faire, j’ai reculé jusqu’à une bonne cinquantaine de mètres avant que les lois de la pesanteur décident de m’immobiliser au point le plus bas du câble tendu. J’ai pris, dès que je l’ai pu, la position adéquate pour sortir de ce genre de situation : à plat dos, les jambes allongées et les mains sur le câble pour me tirer petit à petit jusqu’à la plateforme où Anti et Houssam m’attendaient.

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Anti m’a crié « Est-ce que ça va ? ». Pas vraiment, pour être honnête, mais j’ai répondu oui parce que ça aurait pu être pire :
– avec ma jambe en extension, miracle, je n’avais quasiment plus mal,
– je ne crains absolument pas le vertige, donc faire le cochon pendu par la taille à quinze mètres du sol ne me troublait pas plus que ça,
– je n’avais pas l’impression que j’allais avoir un malaise
– et je me sentais capable de terminer mon parcours à la force des bras.

Sur ce dernier point, j’avais largement sous-estimé l’ampleur de l’effort. J’ai commencé à progresser vers la plateforme, au début en mettant chaque main à bien trente centimètres l’une de l’autre, puis quinze, puis cinq, puis argh, pause, le souffle court. Là, j’ai pensé : si je lâche prise (au sens propre comme au figuré), je repars direct au milieu du foutu câble et je n’aurai jamais la force de recommencer. Pas question.

J’ai fait les derniers mètres millimètre par millimètre ou presque. Les trente derniers centimètres m’ont paru impossibles à parcourir. J’ai demandé à Anti de m’attraper et de me tirer. Et j’ai enfin pu me poser sur la plateforme, debout, la bouche desséchée comme jamais, les doigts tétanisés, en état d’épuisement total et parait-il d’une pâleur extrême (je veux bien le croire).

En revanche, impossible d’utiliser ma jambe normalement. Les articulations jouaient sans problème, donc peu probable qu’il y ait une fracture ou une luxation, mais sur certaines positions, j’avais vraiment très mal. Mes muscles devaient être en compote trop cuite. Anti a crié à ceux qui attendaient à l’autre bout d’appeler des secours. Un type a fini par venir, assez vite d’ailleurs.

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Non, pas en vélo, par la tyrolienne.

Il a été hyper efficace et m’a passé un mousqueton relié à une corde lui permettant de me descendre au sol en rappel. Anti et Houssam ont suivi le même chemin, alors que Gwlad nous rejoignait. Après avoir vérifié que je pouvais à peu près marcher, il nous a laissés repartir – j’ai atteint la route toute proche avec Houssam qui m’aidait, pendant que Gwlad et Anti allaient rendre les harnais et récupérer la voiture.

Voilà, on s’est quand même super bien amusés et ce n’est pas cet incident qui peut remettre en cause le plaisir de notre sortie. D’ailleurs, on compte bien recommencer. En plus, je vais pouvoir me faire chouchouter pendant probablement plusieurs jours. Imaginez le rêve : les situations où je n’ai pas mal, c’est en position assise ou allongée. Anti m’a fourni un manche à balai en guise de canne, pour que je parvienne à peu près à me déplacer dans la maison.

Un manche à balai… ça me rappelle le bon vieux temps où j’écrivais des histoires de sorcières. Ah mais voilà, c’était donc ça : elles aussi, elles se prenaient des arbres les nuits de sabbat en faisant les folles à travers les arbres ! Hocus pocus, un nouveau mystère de résolu.

Très belle journée à vous

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13 Replies to “Cochon pendu”

  1. Anna Galore Post author

    Nuit en pointillés, forcément… En fait, je ne suis pas si bien que ça, le corps allongé. Mais bon, j’ai pu me mettre aussi sur le côté gauche, ça m’a permis de varier les positions.

    Ce matin, très grosses difficultés à me déplacer, même avec mon manche à balai magique. On a appelé un médecin, on l’attend (il n’y a pas d’urgence réelle, il passera dans la matinée).

    Là, je suis bien à l’aise sur une chaise, avec mon expresso devant mon PC. Anti assure un max, elle est merveilleuse comme toujours.

    A suivre !

  2. anti Post author

    Ce matin, très grosses difficultés à me déplacer, même avec mon manche à balai magique. On a appelé un médecin, on l’attend (il n’y a pas d’urgence réelle, il passera dans la matinée).

    * * * Flash info * * *

    Le médecin est passé dans la matinée comme prévu et Anna vient de partir aux urgences afin de passer quelques petites radios…

    La suite dans quelques heures…

    anti, maman/infirmière/assistante vétérinaire

  3. Anna Galore Post author

    18h et quelques : voilà, je suis de retour depuis un peu plus d’une heure. Une excellente nouvelle : aucune fracture, juste un gros trauma. Heureusement parce qu’à ce niveau-là du corps, j’aurais pu en avoir pour six mois de plâtre, sans parler de la rééducation ensuite… Bilan : de la glace contre la hanche pendant deux jours + quelques anti-douleurs bien costauds à prendre pendant une semaine et ce sera fini.

    Ah, et le médecin a confirmé : dans les jours qui viennent, il faut que je glande. Ordre du docteur.

    Anti m’a prêté son fauteuil à roulettes, avec lui, je suis quasiment autonome. Et en plus, ce soir, c’est pizza maison et j’ai une super-méga-dalle ! La vie est belle ! 🙂

  4. laure Post author

    et ben !!! j’en connais une qui va devenir l’as du fauteuil à roulettes mais attention faut pas trop forcer sur les antidouleurs on pourrait croire que tu te dopes ! allez je plaisante 😉 bon rétablissement

  5. Anna Galore Post author

    Pour le dopage, ça va aller, je vais encore beaucoup moins vite sur mes roulettes qu’Usain Bolt sur ses jambes ! En même temps, en Jamaïque, il parait qu’ils en ont de la bonne 😉

  6. Anna Galore Post author

    « pas de course de fauteuil à roulettes hein Anna ? »

    T’inquiète pas, j’ai pas droit : l’un des antalgiques que je prends est un dérivé opiacé qui me met dans un état second euphorisant avec l’impression de flotter dans du coton (traduction : je plane), ce qui m’interdit de conduire tout véhicule sur la voie publique.

    Sauf mon fauteuil à roulettes. Mais à très basse vitesse et rien que dans la maison, sinon on me retire mon permis 🙂

    Because I get high
    Because I get high
    Because I get high
    Pa-lala-la-la-la-la

    http://www.annagaloreleblog.com/archive/2008/11/02/because-i-got-high.html

  7. anti Post author

    Dites donc, c’est dangereux l’accrobranche !

    « Cinq personnes, dont deux enfants, ont été foudroyées et sérieusement blessées aujourd’hui par la foudre, dans un parc d’attraction à Argeles-Gazost, dans le département Hautes-Pyrénées. Vingt-cinq autres ont été choquées par la foudre.

    La foudre a frappé des câbles dans un parc d’attraction de type « accrobranche », au moment où la direction du parc venait d’entamer une procédure d’évacuation en raison des conditions atmosphériques.

    Trois adultes et deux enfants de 4 et 14 ans ont été foudroyés et ont dû être évacués dans un état sérieux vers des hôpitaux de Lourdes et de Tarbes, escortés par les gendarmes. Leur pronostic vital n’est pas engagé. La brigade de gendarmerie d’Argeles-Gazost a été chargée de l’enquête. »

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