Biomimétisme, quand la nature inspire des innovations durables

L’être humain tel qu’il existe aujourd’hui est apparu il y a environ 100 000 ans. Ensuite, comme toutes les espèces vivantes, il s’est petit à petit adapté à son environnement. Puis il a voulu adapter l’environnement à ses besoins. Et depuis un peu plus d’une centaine d’années – c’est à dire un millième à peine de la durée totale qu’il a passé sur Terre – il a tellement accéléré les choses que ses activités ont déréglé le climat planétaire, empoisonné les sols destinés à sa nourriture, éradiqué directement ou indirectement des dizaines de milliers d’autres espèces, perturbé l’air que toutes les formes de vie respirent avec des substances artificielles toxiques et pillé jusqu’à l’épuisement tout ce qui pouvait l’être.

Leaf_1_web.jpgLes premiers écologistes n’ont réalisé l’étendue de ce désastre généralisé qu’il y a une cinquantaine d’années, ainsi que son issue inévitable – l’extinction prématurée de notre espèce dans un avenir effroyablement proche. Et ce n’est que depuis guère plus de dix ans que cette prise de conscience a gagné une population suffisamment large pour que l’espoir de redresser la barre à temps ne devienne une possibilité sérieuse, même si elle est encore fragile.

Il y a quelques jours, j’ai entendu une chronique sur France-Info parlant d’un livre publié en 1997 par Janice Benyus, une scientifique américaine. Ce livre vient enfin d’être publié en France sous le titre « Le biomimétisme, innovation inspirée par la Nature ». Il s’agit d’une nouvelle façon de voir la valeur de la Nature.

Anti a déjà consacré un article détaillé à ce sujet il y a quelques mois sur le blog.

L’idée est à la fois simple et lumineuse : dans la Nature tant qu’elle n’est pas perturbée par l’homme, la vie est auto-suffisante.

Il n’y a aucun gaspillage, tout est recyclé, aucune source d’énergie polluante n’est nécessaire ni aucune intervention sur les sols pour qu’ils produisent toute la nourriture nécessaire aux espèces qui en vivent. Cette mécanique parfaite est le résultat de 4 milliards d’années d’évolution, c’est à dire une durée 40 000 fois plus longue que tout le temps que l’Homme a passé sur Terre. La question est : ne peut-on pas s’inspirer de la Nature pour adapter à nos besoins toutes les innovations technologiques incroyablement efficaces qu’elle propose et ainsi vivre en harmonie avec elle plutôt que de continuer nos bricolages plus destructeurs les uns que les autres ?

« Lorsque nous plongeons aussi profondément notre regard dans celui de la Nature, nous nous rendons compte que toutes nos inventions existent déjà (…) sous une forme plus élégante et à bien moindre coût pour la planète. En architecture, nos poutres et nos étais les plus sophistiqués sont déjà présents dans les feuilles de nénuphar et les pousses de bambou. Les termitières, avec leur température constante de 30 °C, surpassent notre chauffage central et notre climatisation. »

D’après Janice Benyus, les leçons que nous donne la Nature sont les suivantes :

– Elle utilise une source d’énergie principale : l’énergie solaire.
– Elle n’utilise que la quantité d’énergie dont elle a besoin.
– Elle adapte la forme à la fonction.
– Elle recycle tout.
– Elle parie sur la biodiversité.
– Elle travaille à partir des expertises locales.
– Elle limite les excès de l’intérieur.
– Elle utilise les contraintes comme source de créativité.

A partir de ces observations, des chercheurs se sont mis à travailler sur des panneaux solaires qui, au lieu d’être comme ceux que nous connaissons aujourd’hui et qui ont un rendement limité, s’inspirent de ce que les plantes font de façon naturelle avec une efficacité mille fois meilleure. Leur but est de mettre au point des systèmes de production d’hydrogène ou d’électricité imitant le processus de photosynthèse.

D’autres travaillent sur un filtre à eau ultra-pure constitué de membranes et de portes protéiques imitant les systèmes à l’œuvre dans la nature.

velcro.jpg

Le velcro a été créé sur le modèle du fruit de la bardane. En créant des pantographes en formes d’ailes reproduisant la structure de celles du hibou, le bruit du Shinkansen (le TGV japonais, très bruyant) a été fortement diminué. La combinaison de natation Fastskin s’inspire de l’épiderme du requin mako.

Des habitations climatisées de façon naturelle sans aucune source d’énergie artificielle ont été construites en s’inspirant des termitières.

Des chercheurs du CNRS ont récemment mis au point des micro-nageurs artificiels mimant les spermatozoïdes, dans le but de leur faire un jour transporter de très petites quantités de médicaments à travers les vaisseaux sanguins, ce qui réduira considérablement leur toxicité potentielle.

LotusEffekt1.jpgDes parois de cabines de douche, des fenêtres auto-nettoyantes et des revêtements d’avion ont été conçus en mimant la structure des feuilles de lotus qui permet d’évacuer l’eau sans effort (le lotus et d’autres plantes, en fait, rassemblent toute l’eau qu’elles reçoivent en son centre).

De même, un récupérateur d’eau hautement performant a été construit en reproduisant les caractéristiques de la carapace des scarabées.

Et on en est seulement au début. Des milliers d’autres innovations sont là, sous nos yeux, et ne demandent qu’à être recopiées.

Une prairie naturelle ne nécessite aucun engrais, aucun pesticide et pourtant elle se renouvelle indéfiniment année après année sans jamais s’épuiser, grâce à la diversité des plantes qui la composent, des insectes qui la parcourent ou l’ensemencent, des oiseaux qui la traversent pour maintenir le nombre d’insectes à un niveau raisonnable et des mammifères qui la fertilisent après s’en être nourris. N’est-ce pas là une source d’inspiration merveilleusement prometteuse ?

Très belle journée à vous

Certains éléments de cette note proviennent de l’article Biomimétisme de Wikipedia
Illustrations : Wikipedia

Sur le blog : Le biomimétisme : quand l’industrie s’inspire de la nature pour mieux la respecter

Biomimétisme – Quand la nature inspire des innovations durables, de Janine M. Benyus, Éditions Rue de l’échiquier
ISBN : 978-2-917770-23-8, 400 p., 23 €

One Reply to “Biomimétisme, quand la nature inspire des innovations durables”

  1. anti Post author

    Bonne nouvelle que cette traduction du livre de Janice Benyus. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre.

    En ce qui concerne le biomimétisme, j’ai été tout de suite séduite par cette démarche pleine de bon sens. Puisse-t-elle faire école (mais, de toute façon, j’y crois).

    anti

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