Actu de l'auto-édition n°4 : Anne Plichota et Cendrine Wolf.

Rappel :

Comme je l’explique dans l’article Les Éditions du Puits de Roulle : Quand le lien se fait livre l’auto-édition représente une réelle alternative aux difficultés à trouver un éditeur digne de ce nom (comprendre : qui ne soit pas un éditeur à compte d’auteur). Cette méthode qui consiste à s’éditer soi-même existe depuis longtemps et se développe de plus en plus. Puisque je propose aux auteurs de les aider à réaliser leur propre ouvrage avec Antipode – Les Editions du Puits de Roulle, la branche des Éditions du Puits de Roulle destinée aux particuliers, je vous invite à suivre l’actualité de l’auto-édition un peu partout en France et dans les pays francophones et/ou à connaître un peu mieux ces auteurs qui ont choisi l’auto-édition, ce que cette expérience leur a apporté etc. D’ailleurs, tous vos témoignages seront les bienvenus dans cette rubrique si vous le souhaitez !

Après les trois premiers numéros de L’actu de l’auto-édition consacrés à Françoise Buisson, Stephen Clarke et Marc-Edouard Nabe, voici la fabuleuse histoire d’Anne Plichota et Cendrine Wolf, deux bibliothécaires par ordinaires…

oksa pollock.jpgPubliée à compte d’auteur avant d’être éditée par XO grâce au « coup de gueule » de ses jeunes fans, « Oksa Pollock« , saga fantastique proche d’Harry Potter, est sortie le 15 mars en librairie où elle promet de faire un tabac.

L’histoire commence le soir du 31 décembre 2005, lorsque Anne Plichota et Cendrine Wolf, deux bibliothécaires strasbourgeoises, se mettent en tête d’écrire l’histoire d’Oksa, adolescente de 13 ans qui se découvre des pouvoirs surnaturels après avoir emménagé à Londres avec sa famille, disent-elles dans un entretien à l’AFP.

Si ces deux femmes d’une quarantaine d’années ne font pas mystère de leur goût pour Harry Potter et la littérature fantastique, elles insistent sur les différences entre Oksa et le jeune sorcier de Poudlard. Anne Plichota souligne ainsi l’ancrage du récit dans le réel ou encore le fait qu’Oksa vit entourée de ses proches et « casse le mythe de l’orpheline héroïque ».

Fin août 2006, après des mois de travail à quatre mains, les 600 pages des deux premiers tomes –sur les six prévus–, sont bouclées et expédiées illico chez Gallimard… qui rejette le manuscrit.

oksa pollock couv 1.jpgPas découragées, elles optent alors pour l’autoédition : elles créent les Editions du Dehors, dénichent un imprimeur et sondent les libraires de l’Est, dont une cinquantaine acceptent de prendre en dépôt-vente les livres. Le premier tome, L’Inespérée, sort en février 2007.

A Strasbourg, où elles livrent leurs piles d’ouvrages sur un diable, la Fnac mettra Oksa Pollock en « coup de cœur » pendant deux ans et demi, se rappelle Cendrine Wolf.

Un site et un blog sont ouverts, puis un forum qui réunira plusieurs centaines de « pollockmaniaks » de toute la France.

Les tomes II : L’Homme-Fé et III : Le Murmou de sang Gracieux sortent en octobre 2007 et novembre 2008. Bouche à oreille, internet : le succès va croissant. Au total, elles vendront près de 14.000 exemplaires des trois tomes, un chiffre considérable pour une autoédition.

Mais cette belle aventure encore confidentielle va basculer en octobre dernier : interrogées sur le forum par des fans sur leur présence au salon du livre jeunesse de Montreuil, les deux bibliothécaires répondent par la négative : trop cher pour des auteurs autoédités.

oksa pollock couv 2.jpgOutrés, Achille, 14 ans, et Mystia, 13 ans, écrivent à des éditeurs et des journalistes pour dire leur « colère » et réclamer « de l’aide » afin de montrer « que ce sont les ados qui font d’un livre un succès ». ( Lire Le coup de gueule d’Achille, 14 ans, « Pollockmaniak ». « Nous sommes en colère car le monde des livres est vraiment moche »

Je suis Achille et j’ai 14 ans. J’ai été nommée responsable du fan club d’Oksa Pollock par les membres du forum de la saga Oksa Pollock. Suite à plusieurs discussions avec les blogueurs littéraires sur internet, ils nous ont conseillé de faire des lettres à des personnes importantes comme vous.

Nous sommes en colère car le monde des livres est vraiment moche. Même les livres nuls marchent car les gros éditeurs mettent le paquet pour mettre leur livre au top 1 et ils nous matraquent de pub. La saga fantastique dont je vais vous parler est autoéditée mais c’est un best-seller car nous sommes des milliers en France à la connaître simplement avec le bouche à oreille et le forum officiel.

Il faut aider les Pollockmaniaks pour montrer aux éditeurs que c’est les ados qui font d’un livre un succès et pas eux avec leur pub pour des livres pas toujours bien. Oksa mérite d’être plus connue même si l’édition est petite.

Beaucoup de fans sont frustrés car il y a des dédicaces et des salons du livre sur Strasbourg et dans la région d’Alsace mais pas sur la France entière. La série est née la-bas et j’ai dû faire 600 kilomètres (Orléans / Strasbourg) pour aller à la sortie du tome trois de la série. Pour rien au monde je n’aurais manqué cette dédicace pour rencontrer les auteures et les centaines de Pollockmaniaks – les fans de la série sont appelés comme ça – à la FNAC de Strasbourg. Ces quelques heures étaient magiques car c’est pendant ce temps que l’on peut voir l’ampleur de la série. Certains Pollockmaniaks ont pu manger au restaurant avec les auteures, ce qui fut une soirée mémorable. Malheureusement, beaucoup de fans n’ont pas pu se rendre à cette dédicace à cause du prix et de la distance à parcourir. J’aime cette série car les mots nous transportent dès les premiers chapitres. Les personnages vivent en nous et on ressort bouleversé de chaque lecture. Je suis tombée amoureuse des Sauve-Qui-Peut et de leur histoire qui a basculé du jour au lendemain sans que personne ne le prévoit.

Le tome un – « L’Inespérée » – est le plus enfantin des trois déjà parus. L’histoire se pose calmement, les zones d’ombres et de lumières se mettent en place petit à petit. Le tome deux – « L’Homme-Fé » – est plus mature et sombre. Les personnages que nous pensons connaître cachent en fait de lourds secrets que l’on tente de discerner sans grands succès. Les héros grandissent et emmagasinent des informations plus ou moins faciles à digérer, ce qui créée parfois -voire souvent- des scènes inattendues. Quant au tome trois – « Le Murmou de Sang Gracieux »-… Il a dépassé toutes nos attentes. Magnifiquement sombre, aucun mot n’est placé au hasard, et les auteures osent enfin parler comme elles le souhaitent. Elles abordent des sujets qui peuvent passer pour tabous, et nous découvrons petit à petit les fonds obscurs de chaque personnage, ce qui ajoute du piment à la série.

Je suis une grande lectrice de livres fantastiques, et malgré tous les univers que j’ai traversés et qui m’ont marquée, aucun ne m’a autant attirée. Je vis pour les livres et leur voue un respect illimité. Oksa est l’exception qui m’a chamboulée jusqu’au plus profond de moi, et maintenant, ce livre, ces fans et ces auteures font partie de mon être.

Certains fans mettent cette série dans leur coup de coeur de l’année ! Certains parlent de l’année Oksa Pollock et si cette série n’était pas bien, nous n’existerions pas. La plupart des Pollockmaniaks sont fans d’Harry Potter et nous les fans on ne se trompe pas pour dire qu’Oksa Pollock c’est aussi bien.

Je vous laisse mon blog pour lire l’interview que j’ai faite le weed-end dernier au FIG (festival international géographie) et l’avis des fans pas contents de voir ce gâchis pour un roman.

Cordialement,

Le fan club d’Oksa Pollock

La supplique, appuyée par les posts de dizaines d’adolescents aussi fans d’Harry Potter que d’Oksa, sera publiée sur bibliobs.com, le site du Nouvel Observateur consacré à l’actualité littéraire.

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Lui aussi destinataire des missives indignées, XO, qui fait son miel des romans à gros tirages, flaire le coup et offre en novembre un contrat aux deux Alsaciennes. « Les lecteurs ont forcé la porte », reconnaît le PDG Bernard Fixot, qui « croit beaucoup à un énorme succès de cette série ».

Après quelques retouches (fusion des deux premiers tomes en un seul de 480 pages, réécriture plus « dynamique »), le premier volume, L’Inespérée, sort le 15 mars à 50.000 exemplaires en France ainsi que dans plusieurs pays francophones (Belgique, Suisse et Canada). La couverture, une adolescente avec une flamme dans la main, est l’œuvre d’une artiste, boulangère à Saint-Etienne…

Quant au deuxième tome, il est prévu pour mai et la saga est déjà en cours de traduction en anglais. La « pollockmania » est en marche… (Source AFP/ Bibliobs/ photo auteurs Ouest France : article Les fans d’Oksa Pollock bousculent les éditeurs).

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Nos participations aux parutions d’auteurs auto-édités (par ordre alphabétique) :

Anna Galore
– Les Trois perles de Domérat
– Là où tu es
– Le Miroir noir
– La Crypte au Palimpseste
– Le Drap de Soie du Temps
– La Femme Primordiale

à venir : Le septième livre, la veuve obscure, les Neuf Sœurs

eMmA MessanA
illustrations Clovis Perrin
Le régime de Replète la Sorcière (en cours de réalisation)

Rosaria Mora-Laconi
– Poésies en Liberté
– Vent de folie, vent de poésie
– Au fil des mots

Georges-André Quiniou
– Le Paradise

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Nos auteurs édités :

Kathy Dauthuille : Les voyageurs au sang d’or, sortie le 1er mai 2010.

Pour plus d’informations sur ces ouvrages, cliquez ici.

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5 Replies to “Actu de l'auto-édition n°4 : Anne Plichota et Cendrine Wolf.”

  1. Anna Galore

    Absolument génial !!! Quelle histoire, c’est magnifique ! Un vrai succès, fait par les lecteurs eux-mêmes, ce dont tout auteur peut légitimement rêver. Bravo à Anna Plichota et Cendrine Wolf, bravo au fan-club déterminé !

    …et palme du ridicule à Gallimard qui a été infoutu de détecter la pépite qui passait entre ses mains – comme des milliers d’autres, à n’en pas douter.

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