Tango 3.0 : Gotan Project

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Gotan Project ? Vous connaissez ? Moi, c’est tata Sylvia qui me les a fait connaître il y a une petite dizaine d’années… Une vraie découverte musicale qui devrait en enchanter plus d’un ici ! Alors, Gotan Project, c’est un p’tit groupe helvetico-franco-argentin fort sympathique qui mêle habilement tango et musique électronique. D’après Wikipédia, leur nom est basé sur l’équivalent en castillan argentin du verlan, le vesre, qui transforme Tango en Gotan. Hé ouais !

Composé du Français Philippe Cohen Solal (Boys from Brazil), du Suisse Christop H. Müller (ancien membre du groupe Touch El Arab), et du guitariste argentin Eduardo Makaroff, le groupe publie en 2001 son premier album La Revancha del tango qui connaît un succès planétaire immédiat.

Voici la biographie qu’on peut lire sur le site officiel du groupe :

C’était il y a un siècle déjà. En janvier 1999, Gotan Project entamait son retour vers le futur. Celui du tango, alors rangé aux rayons des us et usages délavés. Du passé, dépassé ? Un temps. Il faut que jeunesse s’y fasse. En 2001, « la revancha del tango » s’impose sur le dance-floor et impose un nouveau son. Une marque de fabrique souvent photocopiée, jamais égalée. Le succès sur disque se transforme en triomphe sur scène. Tant et si bien qu’en 2006, le trio signe une suite, « Lunático », hommage explicite à Carlos Gardel, et plus largement à tous les héros du tango dont bien sûr Astor Piazzolla.

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Janvier 2009… Dix ans après, un millénaire plus tard, Gotan Project reprend les chemins du studio, fidèle aux principes fondateurs : une volonté de transgresser les codes du tango pour d’autant mieux les sublimer. Ce sera « Tango 3.0 », un titre qui en dit long sur les intentions, comme pour confirmer qu’à l’heure où la vaste toile tisse des croisements en tout genre, cette matière première demeure un formidable sujet d’explorations sonores. « Tango 3.0 », le troisième album de Gotan Project, étend ainsi toujours plus loin le domaine des possibles, trace à dessein des pistes insondées, voies parallèles et chemins détournés, où la mélodie demeure le fil inducteur de ces singulières expérimentations. Cette fois, Eduardo Makaroff, Philippe Cohen-Solal et Christoph H. Müller ont choisi la méthode inverse : « Partir d’ailleurs pour en revenir au tango ». Tango et cumbia, ska et marcha, country et milonga, groove et chacarera, dirty sound et tango… Les hybridations les plus improbables sont possibles.

Parmi toutes, le blues est celle qui donne sa couleur fondamentale à « Tango 3.0 ». Dès l’emblématique ouverture intitulée « Tango Square », référence explicite au Congo Square de La Nouvelle Orléans. La connexion prend tout son sens, cristallisé par le son poisseux de l’Hammond B 3 de Dr John, grand sorcier des claviers, et le swing d’un brass band au grand complet. Les cuivres, rarement conviés dans le tango, occupent d’ailleurs une place de choix dans « Tango 3.0 », rappelant que la clarinette fut d’usage aux premières lueurs de cette musique-monde. Celle dont joue le facétieux Melingo sur « Tu Misterio », un slow collé serré, l’un dans l’autre…

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Le rockeur de charme n’est pas la seule voix conviée dans ce festin de sons. Il y a l’écrivain Julio Cortázar, timbre d’outre-tombe, qui récite un passage de son livre totémique, la « Rayuela », texto « La Marelle ». Des paroles ludiques pour une parabole philosophique autour de ce jeu d’enfant. Un autre poète, le tout aussi surréaliste Víctor Hugo Morales, tonne sur « La Gloria », un hymne de stade ! Le commentateur numéro un des matches de foot s’y lance dans une improvisation où sa voix dribble entre les musiciens de Gotan Project : du bandonéoniste Nini Flores à la violoniste Line Kruse en passant par le pianiste et arrangeur Gustavo Beytelmann, les piliers de l’équipe… « GOOOOOOOTAN ! », avec une salutaire pointe d’autodérision.

Nul doute, « Tango 3.0 » pousse encore plus loin le pitch : la rénovation du tango, de tous côtés et quitte à en déborder, sans jamais prétendre en faire le tour définitif, mais toujours avec ce subtil parfum d’ambiguïté. En créant tout à la fois des chansons au format pop et des instrumentaux savamment orchestrés, Gotan Project outrepasse le carcan dans lequel certains avaient cru bon de les confiner. Si l’électronique et le tango restent plus que jamais les deux matrices, il serait néanmoins vain de réduire Gotan Project à cette formule. Aujourd’hui, comme hier, il s’agit avant tout de raconter des histoires, celles éternelles de l’imaginaire tango, des amours troubles pour de tranchantes allégories, des chevauchées « cinématiques » qui en appellent à l’âme des gauchos… Et au-delà, celle de tout un pays, l’Argentine. Version désenchantée quand Cristina Vilallonga (dé)chante la « Desilusión », qui suivit le krach de 2001 : un tiers de la population plongera sous le seuil de pauvreté. Vision tragique d’un monde, le nôtre, lorsque sa voix se glisse dans un mégaphone et sur un minimal beat des plus sombres pour dénoncer le « Mil Millones » d’affamés qui peuplent la planète, citant au détour d’une phrase l’illustre Enrique Santos Discépolo. Versant mélancolique enfin, avec la mélodie qui conclut ce nouveau disque : « Érase una vez »… « Il était une fois », l’Argentine de l’âge d’or, El Dorado de tous les exils, melting-pot d’où surgira une bande-son aux lettres capitales : tango.

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Mon coup de coeur :

Rayuela, (La marelle)
( Julio Cortázar, Gotan Project )

Rayuela, capítulo siete
Me miras, de cerca me miras
Cada vez más de cerca
Y entonces jugamos al cíclope
Nos miramos cada vez más de cerca
Y los ojos se agrandan
Se acercan entre sí
Se superponen
Y los cíclopes se miran
Respirando confundidos

Textos escritos y publicados hace años
Con cronopios o sin ellos
En torno a su mundo de juego
A esa grave ocupación que es jugar
Cuando se buscan otras puertas

Un, dos, tres, cuatro
¡Tierra, Cielo!
Cinco, seis
¡Paraíso, Infierno!
Siete, ocho, nueve, diez
Hay que saber mover los pies

En la rayuela
O en la vida
Vos podes elegir un día
¿Por que costado
De que lado saltarás?

Otros accesos a lo no cotidiano
Simplemente para
Embellecer lo cotidiano
Para iluminarlo bruscamente de otra manera
Sacarlo de sus casillas
Definirlo, de nuevo y mejor

Me basta cerrar los ojos
Para deshacerlo todo y recomenzar
Exactamente con tu boca que sonríe por debajo
De la que mi mano te dibuja

Un, dos, tres, cuatro
¡Tierra, Cielo!
Cinco, seis
¡Paraíso, Infierno!
Siete, ocho, nueve, diez
Hay que saber mover los pies

En la rayuela
Oo en la vida
Vos podes elegir un día.
¿Por que costado
De que lado saltarás?

Yo te siento temblar contra mí
Como una luna en el agua

Un grand merci à Anna de m’avoir offert ce dernier opus vraiment trop bien !!!

anti

9 Replies to “Tango 3.0 : Gotan Project”

  1. Anna Galore

    Très très bonne musique, en effet ! Le mélange des influences donne des morceaux riches, très agréables, un régal !

    Le tango traditionnel se joue sans aucun instrument de percussion (jamais de batterie dans un vrai tango). Chez Gotan, les percussions sont là et elles redynamisent le genre de belle manière en le modernisant avec talent.

    Et cette voix grave… Superbe !

  2. Netsah Galore

    J’adore. J’écoutais Gotan Project deux ans avant qu’ils soient connus, sur MTV ou MCM dans les programmes de nuits.. c’était y a une dizaine d’années.. avant même leur premier album. Et j’aime toujours autant 10 ans après.

  3. Colors

    En concert au théâtre de la mer à Sète le 1 Aout. Sous les étoiles et face à la mer.

  4. Kathy Dauthuille

    J’ai le CD « Lunático » avec « Amor Porteño » ; ça me plaît bien.

    J’apprécie aussi dans le genre : « El cuarteto Cedrón » qui donne un renouveau à la musique argentine.

  5. Anna Galore

    J’adore le cuarteto Cedrón ! J’ai aussi pensé en eux quand j’ai lu cette note. J’ai eu le bonheur de les voir plusieurs fois sur scène quand j’habitais en région toulousaine.

  6. anti

    « En concert au théâtre de la mer à Sète le 1 Aout. Sous les étoiles et face à la mer. »

    C’est noté sur mon calendrier ! Merci pour l’info Colors !!!

    « J’apprécie aussi dans le genre : « El cuarteto Cedrón »  »

    Connais pas encore, mais ce que vous en dites donne envie d’en savoir plus 😉 A suivre donc !

    anti

  7. ramses

    Magie du tango… Le cuarteto Cedron et Astor Piazzola m’ont souvent accompagnés dans mes rêveries… Nostalgie des « Trottoirs de Buenos-Aires », ce lieu mythique parisien, aujourd’hui disparu…

    Déclin de l’Argentine, empêtrée dans une crise financière « à la grecque », qui n’a pas eu la chance de voir ses voisins voler à son secours… Les plus forts, c’est les British… Toutes voiles dehors pour récupérer les Malouines, mais « absents » du tour de table pour renflouer les Grecs !

    Qu’ils sont touchants, tous ces Ministres des Finances européens, travaillant sans relâche tout le week-end pour permettre aux Marchés de se refaire une santé lundi matin… La « valse » des milliards de la spéculation, qu’il faut endiguer à tout prix… Que n’en consacre t’on quelques-uns aux plus pauvres, ceux qui dorment dans la rue faute d’un toît et fouillent les poubelles pour se nourrir ? Spectacle affligeant du culte de l’argent…

    Pour en revenir à « Gotan project », j’aime beaucoup… Le logo… La musique aussi !

  8. anti

    Info pour les noctambules : « GOTAN PROJECT sera ce soir sur FRANCE 3 dans « Ce soir ou Jamais » (live en direct vers 00h00) »

    anti

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