William Blake, the Mad Man.

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Hier soir, Kathy nous a montré un très beau livre de Osbert Burdett (Critique d’art, spécialiste de l’art britannique de la fin du XIXe siècle) sur William Blake :

Figure majeure du mouvement romantique, le britannique William Blake (1757-1827) fut à la fois peintre, dessinateur, graveur et poète.

L’artiste s’attachant à illustrer lui-même son Œuvre littéraire, les textes de Blake se développent suivant les lignes de ses gravures et dessins hallucinés, et deviennent, dès lors, de véritables enluminures. Inspiré des thèmes bibliques et prophétiques (Proverbes de l’Enfer, L’Evangile éternel, Les Portes du Paradis, etc.), l’art de Blake mélange subtilement la modernité de son époque et de la révolution romantique au classicisme des thèmes qu’il explore.

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 » To see a world in a grain of sand, And heaven in a wild flower,
Hold infinity in the palm of your hand, And eternity in an hour. »

Voir le monde dans un grain de sable, Et le Paradis dans une fleur sauvage,
Tenir l’infini dans la paume de vos mains, Et l’éternité dans une heure.

(Source)

Doté d’un imaginaire et d’une originalité sans égal, l’artiste joua de la diversité des médiums afin d’extérioriser, au mieux, les démons qui le hantaient et de plonger, ainsi, le spectateur ou le lecteur dans une profonde mélancolie. C’est toute la vie et l’art de cet artiste incontournable, qu’Osbert Burdett met en lumière au fil des pages de cette monographie.

Magnifique ouvrage qui rappelle The Red Book de C.G. Jung…

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et l’exposition qui s’est tenue au Petit Palais l’an dernier :

William Blake peintre – poète – visionnaire, un article de Catherine de Bourgoing pour Canal Académie.

Blake exprime l’inspiration hallucinée propre au romantisme anglais. A la fois peintre et poète, Blake était graveur de formation, ce qui lui permettait de gagner sa vie en gravant les créations d’autres artistes, le plus souvent pour des livres illustrés.

La poésie onirique des images, comme sa palette résolument neuve, cristallisent les éblouissements d’un œil visionnaire. A l’instar de Newton, l’une de ses plus célèbres compositions, Blake inscrit l’homme dans un cercle céleste au milieu des nuées, le mesure et se mesure à l’univers cosmique à l’aune d’un compas.

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Newton, vers 1795. Estampe en couleur rehaussée à l’aquarelle © Philadelphia Museum of Art

Intransigeant, excentrique, solitaire, Blake proclame avec éclat son exaltation passionnée : L’inspiration et la vision étaient, sont et seront toujours, j’espère, mon Elément, mon Refuge éternel (W. Blake).

En compagnie de Catherine de Bourgoing, nous suivons les grandes étapes de la vie de l’artiste, depuis ses premières années d’éveil jusqu’à son grand âge.

Qui est William Blake, un poète, un peintre, un graveur, un ésotérique, un mystique ? Sans doute, tout cela à la fois.

Les années d’apprentissage

A quatorze ans, Blake devient apprenti dans l’atelier du graveur et éditeur James Basire (1730-1802), ce qui va déterminer sa future carrière de poète et d’artiste. Suite à une importante commande, Basire confia à Blake un premier travail essentiel pour la formation de jeune graveur : il devait reproduire des monuments funéraires à l’Abbaye de Westminster et découvre le « gothic revival ».

Premières visions / Premiers poèmes

1769-70 : Premières visions hallucinées du jeune homme doté d’une grande sensibilité reigieuse. Dès l’âge de douze ans, Blake écrit ses premiers poèmes, dans le goût elisabéthain de l’époque. Il dessine des personnages historiques ou réinventés tels qu’ils lui apparaissent. Par ex. Fantôme d’une puce.

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Fantôme de puce, en pied, vers 1819-1825 © David Clarke, Londres

L’eau-forte en relief et les livres enluminés

1789 : Son frère préféré Robert, mort de tuberculose, lui dicte en songe une nouvelle technique d’eau-forte en relief qui permet de publier ses poèmes illustrés de ses dessins, sans recourir à la typographie.

1791 : L’éditeur Johnson lui assurant une source régulière de revenus comme graveur d’interprétation, Blake peut concentrer ses efforts sur ses livres enluminés. Dans l’atelier de Johnson, Blake rencontre des libres penseurs qui partagent les idées de la révolution française.

1789-1793 : Premiers poèmes « enluminés » à la manière de manuscrits médiévaux : Les Chants d’Innocence… destinés aux enfants, suivis des Chants d’Expérience en 1793.

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Les chants d’Innocence, Frontispice, 1789. Eau-forte en relief et aquarelle, The Wormsley Library, © The Wormsley Library, Grande-Bretagne

Blake l’idéaliste – Premiers livres enluminés prophétiques :

Avec Le Livre de Thel, 1789 ; Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, 1790-93 ; Les Visions des Filles d’Albion, 1793 ; Amérique, Prophétie, 1793 ; Europe, Prophétie, 1794, Blake inaugure une série de recueils « prophétiques » allégoriques qui démontrent que l’histoire depuis la création n’est qu’une longue lutte entre la liberté et la tyrannie.

C’est par les révolutions et par le souffle vital de la poésie que l’homme se libérera de la malédiction engendrée par la chute d’Adam, avec ses guerres, ses oppressions religieuses, l’esclavage, le travail des enfants, l’oppression des femmes…

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Le Petit Nègre (Les chants d’innocence), 1789 © The Fitzwilliam Museum, University of Cambridge

La série des douze grandes estampes

A partir de 1795, Blake produit douze grandes estampes en couleur qui sont aujourd’hui parmi ses plus célèbres Newton, Pity, Hécate….

Il adopte une technique complexe et rehausse ses épreuves avec des pigments liés en une matière colorante épaisse à de la colle animale, mêlée de céruse et de craie. Il cherche à réinventer la fresque de la Renaissance et intitule sa technique « fresque portative ».

1804 : Début de Milton, un Poème (poème enluminé terminé vers 1808) et Jerusalem.

1805 : Commande d’aquarelles pour illustrer le poème de Robert Blair La Tombe : dont La mort du mauvais homme, long poème méditatif sur la mort devenu très populaire au début du XIXe siècle (acquise en 2006 par le Louvre).

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La Mort du mauvais homme fort, 1805.
Plume, encre noire, aquarelle, musée du Louvre, don de la société des Amis du Louvre, 2006, © RMN/Thierry le Mage

Les vingt dernières années, Blake jouit d’une certaine reconnaissance. L’artiste John Linnell (1792-1837) sera un important soutien et commanditaire. Grâce à lui, Blake s’entourera de jeunes peintres, dont Samuel Palmer, George Richmond et Edward Calvert qui formeront le groupe « The Ancients » et considèreront Blake comme leur mentor.

12 août 1827 Blake meurt chez lui à Londres. Il est enterré comme il l’avait souhaité selon le rite anglican. John Constable se préoccupe du sort de Catherine Blake qui devient la gouvernante de Linnell. Elle meurt en 1831 après s’être attachée avec discernement à défendre l’œuvre de son mari. 1863 : La première biographie de William Blake, signée par Alexander Gilchrist, impose la réputation de Blake.

Catalogue de l’exposition.

A lire aussi, un article du Figaro : William Blake, poète ivre d’eaux-fortes et d’aquarelles.

Petites pensées en plus :

Quand je lis « À l’âge de 3 ans, William Blake (1757-1827) voit un arbre entouré d’anges. Des hallucinations ? Certains le disent, pas lui. Elles lui dicteront des techniques très personnelles d’impression à l’eau-forte (en relief, avec textes gravés en miroir) », je pense à Séraphine, elle aussi, guidée par les anges…

Blake, comme Gustave Doré, a illustré La Divine Comédie de Dante.

« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l’homme comme elle est, infinie. »

« If the doors of perception were cleansed everything would appear to man as it is, infinite. » est une phrase de William Blake tirée de Le Mariage du ciel et de l’enfer.

Cette formule a inspiré le choix du nom de l’essai d’Aldous Huxley, Les Portes de la perception, qui lui-même a inspiré le nom du groupe de rock The Doors.

THE END

anti

5 Replies to “William Blake, the Mad Man.”

  1. Anna Galore

    Alors là, j’adore cet artiste, dont j’étais loin de connaître tous les détails de sa vie et de ses réalisations. Mais les quelques oeuvres que j’avais vues de lui m’ont à chaque fois frappée par leur force, leur style et leur inspiration.

    Le rapprochement avec le Red Book de Jung saute aux yeux, même si ce dernier demeure un objet absolument incomparable, si ce n’est aux grimoires anciens pour la forme mais pas pour le fond (le voyage intérieur et l’auto-analyse de son auteur sont forcément uniques).

    Le livre qu’a Kathy est absolument superbe. C’était un plaisir de le feuilleter chez elle.

  2. Kathy Dauthuille

    C’est une belle note, Anti, qui retrace bien ce fabuleux parcours de William Blake.

    Je suis émerveillée par les dessins de ce magnifique livre ; Blake était quelqu’un de véritablement habité et d’un tempérament !
    Dommage, je ne comprends pas bien l’anglais. Je pensais que dans le livre, les textes seraient traduits ; en fait non car il est dirigé sur le sens de la vie de l’artiste (ce qui s’explique fort bien) ; le but du livre étant de nous faire comprendre l’univers de Blake et comment il fonctionnait.

    Je suis heureuse de vous l’avoir fait connaître et de voir cette note (à retardement… il faut le dire 🙂

  3. fernand pena

    je viens de terminer avec l’aide à l’autoproduction de la Sacem
    un coffret musical:
    « Ode to William Blake »
    16 chansons- avec des poèmes de Blake + un livret de 52 pages (la vie de Blake, sa position à l’époque de la révolution française, les textes et traductions )toutes les musiques et infos sur: http://www.lezarts.info/
    qu’en pensez-vous ?

  4. Anna Galore

    Superbe voix ! Et musique très très sympa, bravo !!! Quant au concept même du coffret, c’est tout simplement passionnant, comme démarche.

    Merci d’être passé ici pour nous faire profiter de ce que vous avez créé. Et encore bravo !

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