Il n’y a pas de petite victoire

425579476.JPGS’il y a un truc dont j’ai horreur, c’est de faire de la plomberie. Chaque fois que j’essaie, c’est la cata. Tout se met à fuir, j’ai beau mettre le joint qui va bien ou du teflon autour du pas de vis, il y a toujours des gouttelettes qui se forment et qui me narguent avec un grand sourire méchant. Oui, les gouttelettes peuvent faire ça : un grand sourire méchant, parfaitement. Et le moindre truc qui aurait dû prendre une minute dure facile une demi-heure de galère avant qu’enfin, tout soit à nouveau étanche. Donc, à chaque fois que je peux, la plomberie, j’évite.

Nous avons deux salles de bains, une petite près de notre chambre avec un grand bac à douche et une grande en rez-de-jardin avec une baignoire deux places. Depuis des mois, le mitigeur de la douche est coincé sur « hyper chaud limite ça brûle ». C’est un modèle très joli, un gros cylindre d’où rien de dépasse, y compris le réglage de la température qui est une simple bague bien lisse, donc avec aucun levier pour la bouger quand elle se grippe, la ptindmerdsarass (je parle un peu technique, là, faut suivre). Pendant un temps, on a donc utilisé des tenailles pour ajuster la température. Très chic. Jusqu’au jour – la semaine dernière – où même avec les tenailles, plus rien ne bougeait et l’eau était vraiment très très chaude. Trop pour moi, en tout cas.

Après avoir reculé jusqu’au bout, en allant prendre ma douche matinale assise dans la baignoire de l’autre salle de bains qui se trouve à des kilomètres de ma chambre (ah, ces immenses manoirs…), j’ai fini par me lancer. J’ai acheté hier soir à Leroy un mitigeur neuf, modèle classique tout simple avec une poignée de réglage qui permet un bon levier. Et, histoire de mettre toutes les chances de mon côté dans cette épreuve forcément délicate, j’ai aussi acheté une clé du diamètre qui va pile poil bien pour les écrous de raccordement de la bête. Une clé maousse grande, du 29, ça fait limite arme blanche pour film d’Audiard.

J’arrive à la maison, je me recueille devant l’autel de Sainte Plomberie des Eaux et je fais une offrande muette à Sainte Etanchéité. Puis, je prends une grande respiration et je coupe l’eau de la maison. Jusque-là, ça va, je maîtrise.

Premier miracle : ma clé de 29 va aussi pile poil bien pour démonter le vieux mitigeur pourri. Et en plus, tout s’enlève sans problème. Je me prends une petite giclée d’eau quand je le décroche, mais ça, a-ha, je m’y attendais : j’étais pieds nus dans le bac à douche, en tenue de combat.

Je mets en place le mitigeur tout neuf. Je serre les deux écrous. Je remets l’eau.

Pas une fuite. Pas une seule gouttelette au sourire sardonique. Nickel chrome.

Je bouge la manette de réglage : ça va tout bien, on peut régler la température ! Incroyable ! Tout marche ! Du premier coup ! Sans galère ! Quand j’ai dit ça à Dorian en ressortant de la salle de bains, il a tout de suite perçu la portée planétaire de l’évènement et m’a sauté dans les bras, ce qui, chez lui, est un comportement exceptionnel réservé aux plus grands moments de l’existence (comme lorsque j’arrive à faire marcher la wi-fi sur son PC ou les fois où je fais mon couscous chorizo, par exemple).

Ce matin, j’ai pris une douche vraiment délicieuse. Il n’y a pas de petite victoire.

Très belle journée à tous

La photo montre une sculpture d’Ousmane Sow, exposée à Arles en 2007

21 Replies to “Il n’y a pas de petite victoire”

  1. anti Post author

    Ah la la ! Anna ! T’exagères ! En plus, j’comprends rien ? C’est quoi c’bordel ? Le Roy fait dans le mitigeur maintenant ? Ah… mais non… Je comprends… Ben non ! J’crois que je vais boire mon café en fait et éventuellement prendre une douche. Fais attention en la prenant demain matin, elle risque d’être réglée à mon goût, « hyper chaud limite ça brûle ».

    anti, « hyper chaud limite ça brûle ».

  2. sapostyle Post author

    Brava Anna!!!
    Beau résultat, belle écriture, que dla balle!

    Hier,
    mon plombier m’a redemandé de travailler avec lui (authentique)..
    (se méfier: « à vaincre sans péril on triomphe sans gloire » ) MDR

  3. sapotille Post author

    travailler avec mon plombier çà ne serait pas de tout repos.. me reposer avec lui non plus, d’ailleurs..LOL

  4. Adele MDR Post author

    Anna t’es meilleure que nous en plomberie ! Nous on a gardé un seau sous l’évier pendant des mois.
    J’adore ta façon de raconter… Et t’a eu raison de prendre un modèle simple pour Anti, l’est pas toujours réveillée le matin sur le chemin de la douche ! 😀

  5. Vanessa Post author

    Moi je dis, chapeau !
    Si un truc comme ça m’arrivait, tu peux être sûre que rien ne fonctionnerait, que ce ne serait pas la bonne clé, pas le bon diamètre, que je me retrouverais aspergée d’eau, etc. etc.
    Bref, tu maîtrises à fond 🙂

  6. Anna Galore Post author

    Ness, pour choisir la bonne clé, j’ai apporté le mitigeur au rayon des outils et, la boîte étant ouverte (c’est pas moi, je jure), j’ai pu essayer toutes les clés dessus jusqu’à ce que je trouve la bonne.

    Ensuite, j’ai remis le mitigeur dans sa boîte, je l’ai reposé dans le rayon des mitigeurs et j’en ai pris un autre qui était bien fermé, des fois que pour celui déjà ouvert, il y ait des pièces qui manquent (genre les joints…).

    Anna, pas fan de plomberie mais hyper-balèze en logistique, des fois.

  7. anti Post author

    « Et t’a eu raison de prendre un modèle simple pour Anti, l’est pas toujours réveillée le matin sur le chemin de la douche ! 😀 »

    Alors là ! errrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrreeeeeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuuur ! Normalement, quand j’ai pas une fille sur un cheval à sauver et papoté toute la nuit avec une fille dont, par courtoisie, je tairai le nom, je ne prends pas de douche au réveil ! Oh grand jamais ! Trop dangeureux comme truc ! J’arrive sous la douche quand je suis déjà réveillée !

    Allez ! Hop ! Une chanson pour fêter ça ! Un p’tit Pierre Perret de derrière les fagots !

    Je suis l’plombier bier-bier-bier-bier
    J’ai un beau métier
    J’fais mon turbin bin-bin-bin-bin
    Dans les salles de bains
    Il faut qu’on m’implore
    De l’aube à l’aurore
    Je colmate les tuyaux
    Je guéris tous les maux
    De mon p’tit chalumeau

    On m’attend pendant des mois
    On me réclame on m’apitoie
    Et on insiste à genoux
    Venez donc chez nous venez donc chez nous
    On m’appelle d’urgence au-dessus
    On m’supplie de venir en-dessous
    Y a des immeuble cossus
    Sens dessus dessous
    Sens dessous dessus

    (au Refrain)

    Y en a qui se tirent à Monaco
    Sans fermer les robicots
    Quand y retrouvent leur salle de bains
    Y a de quoi baptiser une armée de païens
    J’emmène mon copain Henri
    Qui changent les moquettes pourries
    Et on partage le bénéf
    Dans cette combine-là on bosse comme des chefs

    (au Refrain)

    L’autre jour je vais chez un client
    Qui se lavait plus depuis longtemps
    Y me dit mon chauffe-eau marche plus
    Y a même pas un mois que vous me l’avez vendu
    Je dis hélas ça se répare pas
    On fait plus ce modèle-là
    Y a plus de pièces y a plus de main-d’?uvre
    Moi j’dis à votre place je m’en payerais un neuf

    (au Refrain)

    Quand une belle cliente me dit
    Ma chaudière s’est refroidie
    Mon mari est en voyage
    C’est lui d’habitude
    Qui me réglait le chauffage
    Je déballe tous mes outils
    Mon label de garantie
    On échange nos groupes sanguins
    Et c’est le seul cas ou je reviens le lendemain

    (Refrain)
    Je suis l’plombier bier-bier-bier-bier
    J’ai un beau métier
    J’fais mon turbin bin-bin-bin-bin
    Dans les salles de bains
    Il faut qu’on m’implore
    De l’aube à l’aurore
    On m’appelle en mars
    Et je me pointe en juin
    Pour changer un joint
    Je suis l’plombier

    anti, cliente.

  8. ramses Post author

    Bravo Anna, tu es bricoleuse ! (par les temps qui courent, il vaut mieux, car aucun artisan ne se dérange si tu n’as pas toute la salle de bains à refaire…)

    Trois petits trucs :

    1) pour éviter la projection d’eau après démontage, après avoir coupé l’eau, ouvrir les robinets d’un autre point d’eau, en plus de celui qu’on doit démonter.

    2) ne pas lésiner sur le téflon (4 à 5 tours minimum, dans le sens du vissage).

    3) préférer les joints fibres à ceux en caoutchouc.

    La sculpture est très belle.

  9. Anna Galore Post author

    Et moi depuis hier soir…

    Ramses :
    1) j’avais ouvert un robinet ailleurs jusqu’à ce que plus rien ne coule.
    2) Je n’ai pas mis de teflon du tout (j’en avais préparé à tout hasard mais ça n’a pas été utile)
    3) J’ai utilisé les joints livrés avec le mitigeur.

    Comme quoi, des fois, faut juste ne pas se poser de question !…

  10. anti Post author

    « Sympa Anti, j’ai chanté ça tout l’aprés midi et ma collègue aussi. »

    De rien, de rien, tout le plaisir est pour moi (gniark ! gniark ! gniark ! ) Une petite chanson pour la soirée ?

    anti, reine de bide et musique.

  11. anti Post author

    Ouais, ben Anna, tu verrais sa tête en écoutant… Grave ! Genre : « Et comment veux-tu que j’écrive mon chapitre ? Hein ? »

    Y’a pas à dire, depuis samedi, c’est plus la même !

    anti, même pas peur !

  12. Georges-André Post author

    Bravo, Anna !!! Je constate que tu es au moins aussi experte en bricolage que le Grégoire du « Paradise » et que tu sais comme lui apprécier ces « petites victoires » que nous procurent les trousses à outils.

    Lui, par contre, n’en est pas encore au mitigeur thermostatique et chaque douche qu’il prend constitue une sorte d’exploit personnel:
    « A ce stade de mes réflexions, je fermai le robinet d’eau froide puis, précipitamment, celui de l’eau chaude afin de ne pas être ébouillanté. Il faut préciser qu’à l’époque, je n’étais pas encore converti à ces mitigeurs sophistiqués, pourvus d’une manette unique que l’on ne sait jamais, une fois sur l’autre, exactement dans quel sens actionner. J’étais resté un adepte de nos bons mélangeurs classiques, à deux robinets, qui équipaient tous les points d’eau de la maison et me paraissaient en quelque sorte plus sportifs, pourrait-on dire, particulièrement au moment de couper l’eau sous la douche ce qui exigeait une célérité que l’on n’acquérait pas sans quelque entraînement – l’eau froide, hop! l’eau chaude – comme un minuscule exercice de virtuosité somme toute qui, en considération du risque encouru, ne laissait pas de procurer après coup une petite satisfaction légitime. Je fermai donc cette fois-ci encore avec succès, presque simultanément, mes deux robinets et saisis le drap de bain rose pour m’en envelopper. » (Le Paradise, ch.3).

    Bonne journée à tous et bonnes douches.

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