La course vers le nord des oiseaux et des papillons

Un nouvel effet visible sur notre continent du réchauffement climatique vient d’être décrit dans deux études indépendantes publiées ces derniers jours : les oiseaux et les papillons remontent graduellement vers le nord. Le problème, c’est qu’ils ne progressent pas suffisamment vite pour compenser l’augmentation des températures. En parallèle, la végétation alpine subit des modifications de plus en plus profondes.

DSCN0203.jpgL’augmentation moyenne de température depuis vingt ans est de 1°C environ. Dit comme cela, on pourrait penser que c’est mineur. En fait, il est plus parlant de transposer cette évolution par le décalage géographique que représente ce changement. Le réchauffement de 1°C correspond à un décalage de 250 km vers le nord.

Les papillons ont ainsi commencé à migrer vers le nord, mais pas suffisamment puisque les températures ont parcouru 135 km de plus qu’eux sur la même période. Quant aux oiseaux, ils ont pris un retard de plus de 210 km.

Pour un porte-parole du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) de Paris, cela «illustre à quel point les changements climatiques réorganisent rapidement et profondément la composition de la faune en Europe, avec d’inquiétants décalages dans la réponse des différents groupes d’espèces», ce qui pourrait engendrer de profondes modifications dans les interactions entre les espèces.

C’est grâce à une collaboration d’une amplitude sans précédent que les données ont pu être relevées pendant plus de vingt ans, les chercheurs étant aidés par des milliers de naturalistes bénévoles dans sept pays différents (France, Royaume-Uni, Espagne, Pays-Bas, Suède, Finlande et République tchèque). En tout 9490 communautés d’oiseaux et 2130 communautés de papillons ont été suivies et décomptées sur le terrain.

Le problème du décalage vers le nord est pire pour la flore, qui n’a pas la possibilité de se déplacer ou de s’adapter aussi vite que des animaux. Une équipe de botanistes de treize pays d’Europe ont analysé près de 900 échantillons de végétation provenant de 60 grands sommets européens, d’abord en 2001 puis en 2008. La comparaison montre que les plantes des climats alpins froids sont en train d’être remplacées par des plantes adaptées aux régions plus chaudes.

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«Nous nous attendions à trouver un nombre plus important de plantes aimant la chaleur à des altitudes plus élevées, mais pas à découvrir un changement aussi marqué dans un laps de temps si court», explique dans un communiqué Michael Gottfried, du programme qui a coordonné l’étude. «De nombreuses espèces adaptées au froid sont littéralement en train de déserter les montagnes. Dans certains sommets de basse montagne européens, on pourrait voir disparaître dans les prochaines décennies les prairies alpines au profit d’arbustes nains».

Les principaux éléments de cette note proviennent de plusieurs articles publiés par la presse
Photos : étourneaux à Nîmes en novembre 2010

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